Un samedi d’avril, Toulouse. Le ciel est gris, un peu capricieux. Il pleut, puis il ne pleut plus. Puis il recommence, fine bruine ou vraie averse, selon les moments. Mais peu importe : ce jour-là, des centaines de coureurs se rassemblent, impatients, devant le départ de l’Urban Trail.
Ce n’est pas une course comme les autres, ce n’est pas un marathon, ni meme un semi-marathon. À mi-chemin entre la balade urbaine et le défi sportif, l’Urban Trail transforme la ville en terrain d’exploration. Une ville que l’on connaît, croit-on. Mais sous les gouttes, sous un autre angle, dans un autre rythme, elle devient presque étrangère — et donc fascinante.
Le départ est donné dans l’après-midi. Les premières foulées résonnent sur les pavés humides, les semelles éclaboussent les flaques, les imperméables volent un peu au vent. On sent d’emblée que l’expérience sera aussi visuelle que physique.

Une ville sous l’eau, un trail urbain sous tension à Toulouse
Toulouse sous la pluie n’est pas moins belle — elle est juste différente. Plus contrastée, plus mélancolique parfois, mais plus intense aussi. La lumière grise accentue les couleurs des briques, les reflets transforment les trottoirs en miroirs éphémères, et les parapluies épars créent un ballet coloré sur les trottoirs.
Dans ce décor mouvant, les coureurs avancent avec prudence, mais sans perdre leur élan. Le parcours serpente dans les quartiers emblématiques, entre ruelles étroites, escaliers discrets, quais glissants, et passages peu connus. S’ils n’ont pas traversé la cour du Capitole cette fois-ci, ils ont néanmoins eu droit à une sélection d’endroits tout aussi emblématiques — ou secrets.
Certains segments longent des façades anciennes, d’autres s’enfoncent dans des culs-de-sac pittoresques, offrant une plongée rare dans le cœur battant de la ville. Et au détour d’une montée, d’un virage, ou d’un jardin ouvert exceptionnellement pour l’événement… un monument.




Risque d’orage, le trail de Toulouse s’adapte
La météo a d’ailleurs contraint les organisateurs à quelques ajustements de dernière minute. En raison du risque d’orage annoncé en début d’après-midi, certaines portions du parcours initial ont dû être déviées. Le jardin de l’Observatoire, voisin direct de l’obélisque, est resté fermé par mesure de sécurité. Dommage pour celles et ceux qui espéraient une traversée poétique de ce lieu paisible, où les pelouses s’étendent entre les haies anciennes et les arbres majestueux. Mais la prudence l’a emporté, et le parcours a été repensé pour maintenir l’esprit du trail tout en garantissant la sécurité de tous.
Ces détours imposés n’ont pas entamé la magie de la course. Au contraire, ils ont contribué à renforcer l’idée que l’Urban Trail est un événement vivant, en dialogue permanent avec la ville et ses humeurs — y compris météorologiques.
L’obélisque et la mémoire pour surveiller sur les coureurs du trail de Toulouse
C’est un moment fort. Le tracé du trail frôle un lieu chargé d’histoire : l’obélisque de la bataille du 10 avril 1814. Haut, sobre, droit dans le ciel mouillé, il rappelle une journée sanglante, une des dernières batailles napoléoniennes. Ce jour-là, les troupes s’affrontaient, ignorant que l’Empereur avait déjà abdiqué.
Aujourd’hui, sous la pluie, c’est une autre forme de bataille qui se joue. Une bataille plus douce, plus intime : celle de chacun contre soi-même, contre la fatigue, contre les flaques, contre le découragement passager. L’obélisque se dresse comme un témoin silencieux, un repère dans la grisaille. Les coureurs le dépassent en silence, concentrés, souvent émus.
Et c’est là que surgit ce moment fugace — cette photo que l’on garde sans appareil. Une silhouette qui passe, un éclair de lumière entre deux nuages, des gouttes suspendues, un monument figé dans le temps. Pas besoin de déclencheur : l’image est là, gravée. Une photo intérieure, unique.




Courir, c’est voir et découvrir Toulouse
Ce que propose l’Urban Trail, ce n’est pas juste un tracé à boucler. C’est un regard nouveau sur la ville. Courir, ici, c’est apprendre à regarder autrement. À observer les détails qu’on oublie. À apprécier une fenêtre ancienne, une arcade discrète, une fontaine que la pluie ranime.
Chaque coureur devient à sa façon un capteur d’images, même s’il n’a rien dans les mains. Une ombre qui se détache sur un mur ocre, un drapeau qui claque, un passant surpris — tout devient scène, cadre, composition.
La ville devient galerie. Et les coureurs, artistes malgré eux.




Et puis, la fête est trail à Toulouse
Une fois la ligne d’arrivée franchie, les corps sont trempés mais les sourires sont larges. On croise des rires, des tapes dans le dos, des vêtements collés, des chaussures gorgées d’eau. Mais surtout, une énergie joyeuse, presque enfantine.
Et cette énergie ne va pas s’arrêter là.
Car à peine le temps de se sécher, Toulouse s’embrase pour une autre célébration : son carnaval. Comme un contrepoint coloré à la grisaille du jour, les rues se remplissent de chars, de musiques, de confettis. Les déguisements foisonnent, les tambours résonnent, les passants dansent.
Pour les coureurs encore présents, c’est une autre traversée de la ville qui commence — cette fois, au pas lent de la fête, sous les guirlandes et les rires. Après l’effort, le réconfort. Après la pluie, les couleurs.




La ville, en images
Finalement, cette journée aura été une succession de scènes à photographier. Pas seulement avec un objectif, mais avec les yeux, avec le cœur. La pluie aura posé un filtre mélancolique sur l’après-midi. Le trail aura dessiné une ligne invisible entre les lieux et les gens. Le carnaval aura conclu la journée comme un feu d’artifice populaire.
Et même si l’on ne repart qu’avec quelques clichés pris à la volée, la photo la plus marquante est peut-être celle que l’on n’a pas prise : celle que l’on porte en soi.
Une flaque. Une silhouette. Un obélisque. Un rire. Une ville.
Et tout cela, sous une pluie qui ne gâche rien, mais révèle tout.
Pas cool de nous photographier en haut de Jolimont. Mais ça fait de belles photos.
@Emma
C’est en bas de chez moi et avec la météo de samedi, j’ai préféré éviter de faire des kilomètres sous la pluie.
Jolimont ca fait toujours mal aux jambes tant à la montée qu’à la descente. La prochaine fois je prends le métro
@isteo31
Je n’ose imaginer ce que donnait la rue du 10 avril avec la chaussée humide. Mais je valide le fait que dans la montée comme dans la descente Jolimont ça fait mal aux jambes. Parole d’un habitant du haut de Jolimont.
La descente de la rue 10 avril m’a fait plus de mal que la montée vers l’obélisque. en plus avec la pluie c’était glissant, bref un trail urbain pas simple mais de superbes paysages sur le 24 km
@Takopiii
Ca confirme ma réponse à isteo31. Si l’an prochain le trail se déroule à une autre date que le carnaval, j’irais voir par où il passe.
Je ne t’ai pas vu sur le parcours du trail de Toulouse. Mais j’étais pas en forme en arrivant en haut.
@Pierrick
Je n’étais pas présent sur toutes les courses. Peut-être que l’on s’est raté à moins que moi l’œil dans le viseur et toi avec un gros manque de lucidité, on se soit raté.