Le vol de matériel photo est après la perte d’un disque dur l’épreuve la plus difficile à surmonter pour un photographe qui a acquis difficilement son matériel. Prévoir un vol de matériel photo ne signifie que cela va forcément arriver. Mais cela permet de gagner du temps sur les voleurs. Ainsi cela peut dans certains cas permettre de retrouver une partie ou l’intégralité du matériel volé.
Que ce soit lors d’une agression, lors d’un cambriolage ou lors de tout autre situation où le vol de matériel photographique se déroule une bonne préparation de la situation d’urgence peut faire gagner de précieuses minutes.
Personnellement j’ai un protocole d’urgence. Je l’ai divisé en 5 phases afin d’être le plus efficace et de maximiser les chances de retrouver mon matériel si celui ci venait à être volé.
Comme l’on se prépare et s’entraine aux évacuations incendie, il faut prévoir ces situations de crise pour être en mesure de réagir si cela devait se produire.
Avant d’acheter du matériel d’occasion, il faut vérifier s’il n’existe aucune alerte sur le matériel ciblé. L’achat et l’utilisation de matériel volé fait de vous un receleur
Phase 0 contre le vol de materiel, se préparer et se protéger
La meilleure solution pour ne pas avoir à rechercher son matériel est de ne pas se le faire voler. Il y a pour cela quelques actions indispensables qui permettent d’éviter ce genre de problème. Par exemple ne jamais laisser son matériel sans surveillance, dans la rue, dans une pièce publique ou dans une voiture.
Dans tous mes boitier, il y a mon nom qui est inclus dans les informations de celui ci. Il y a sur les optiques une étiquette (certes cela se décolle). Il y a d’autres marquages en plus du simple numéro de série qui ne permet pas l’identification du propriétaire du matériel. Cela peut limiter la revente par les voleurs qui ne seraient pas au fait de ces mesures de protection.
Il est aussi possible d’enregistrer préalablement son matériel chez le constructeur ou sur le site Lenstag.com. Pour ce dernier une application pour mobile permet de simplifier l’enregistrement en prenant en photo les numéros de série. Cela n’empêche pas le vol, mais permet d’enregistrer les numéros de série de son matériel pour rapidement le signaler en cas de vol.
Phase 1 l’information d’urgence, signaler le vol du materiel photo
La diffusion de l’information auprès de son réseaux est indispensable. Sur Pyrros.fr il y a donc un article regroupant le matériel et les numéros de série de chaque outil qui se trouve dans mes sacs. L’idée étant de permettre une diffusion rapide et complète de l’information. Cela doit aussi permettre d’enregistrer les numéros de série dans les recherches de Google. Un client potentiel du voleur pourrait ainsi découvrir l’origine du matériel.
Bien sûr j’ai prévu aussi de pouvoir transmettre dans le même temps l’information sur les réseaux sociaux de Pyrros.fr. J’ai aussi prévu l’envoi d’une newsletter exceptionnelle aux abonnés de la mailing-list.
Ainsi il y aura plus de monde vigilant face aux annonces qui sont toujours plus nombreuses sur internet et ailleurs.
Cet article peut être publié depuis n’importe quel poste informatique, tablette ou smartphone disposant d’une connexion internet.
C’est la phase 1 elle ne prend que quelques secondes à être mise en place pour se montrer le plus réactif possible après le forfait de votre voleur.
Phase 2 le dépôt de plainte pour vol de materiel
Dans la phase 2 j’ai prévu le dépôt de plainte, indispensable.
Cette étape peut être longue. Les policiers ne sont pas toujours suffisamment nombreux pour traiter les demandes du public. Mais cette étape est indispensable afin de mettre la police en alerte. Le récépissé de dépôt de plainte est indispensable. Il faut notamment le transmettre à votre assurance dans les 48 h après le vol du matériel.
Il est possible de préparer sa plainte en ligne dans certains cas uniquement. Le vol réalisé par un inconnu est un des cas qui autorise la préparation de sa plainte en ligne. (Pré-plainte en ligne) Cela permet de gagner du temps au commissariat ou à la gendarmerie en prenant rendez-vous.
Pour me simplifier la tache, j’ai un document Excel (Modèle en Téléchargement : Exemple de Liste de Matériel Volé). J’ai noté dans ce document les descriptions, les numéros de série des boitiers, optiques, sacs et autres accessoires. Ce documents est stocké en ligne sur un espace privé.
Phase 3 les forums et autres sites internet, informer sur le vol de votre matériel photographique
Dans la phase 3, outre le site Pyrros.fr et les réseaux sociaux, il faut faire savoir sur Internet que l’on s’est fait voler le matériel. Cela peut être un peu long et rébarbatif. J’ai prévu de donner l’information sur les forums photos. Ici aussi j’ai un document tout prêt. Il reprend les informations indispensables, certains blancs sont laissés et nécessiteront d’être complétés au moment de la publication suivant les circonstances du vol, le lieu, etc.
- Eos-Numerique
- VirusPhoto
- Chasseur d’Images
- PosePartage
- Instinct-Photo
- etc
Il faut faire attention, car certains forums interdisent de publier des images ou des liens durant une certaine période ou avant un certain nombre de messages. Il est donc préférable d’avoir créé un profil avant de se faire voler le précieux matériel.
J’ai aussi prévu d’enregistrer le matériel sur la liste de Chasseur d’Images. Pour cela il faut envoyer un courrier, mais sait-on jamais. S.O.S matériel volé
Il y a aussi le site Stolen Camera Finder sur lequel il est conseillé d’enregistrer son matériel.
Enfin il y a le site Lenstag.com sur lequel il faut signaler le vol de son matériel préalablement enregistré.
C’est aussi à ce moment qu’il faut contacter son assureur pour les démarches administratives. Personnellement je suis autoassuré.
Phase 4 surveiller les revendeurs de matériel d’occasion
Dans la phase 4, il faut faire le tour de tous les revendeurs de la région et leur donner l’information. Je suis encore aujourd’hui surpris qu’aucun moyen centralisé ne permette de les contacter pour les informer. De là à les qualifier de receleurs, il n’y a qu’un pas.
Il faut aussi surveiller les sites de petites annonces comme le Bon Coin ou Ebay. Dommage, ils ne demandent pas les numéros de séries aux vendeurs. Ils pourraient pourtant facilement empêcher certaines annonces.
Enfin il faut ensuite surveiller les marchés et autres espaces de ventes de matériels sans surveillance.
Phase 5 tout n’est pas perdu
Enfin dans la dernière phase, je rechercherai l’utilisation du matériel volé via le système de Stolen Camera Finder. Les photos prises par le voleur ou le receleur peuvent finir sur internet et permettre une identification de celui ci. Mais pour que cette méthode fonctionne il faut que le voleur ou le receleur diffuse des photos qui incluent des EXIFs complets.
Phase 6 se relancer après un vol de matériel
Pour ceux qui vivent de la photographie, il faut pouvoir rapidement s’équiper à nouveau pour cela il existe 2 écoles. Certains ont mis de l’argent de côté (principe d’autoassurance) pour pouvoir investir rapidement dans du matériel. D’autres feront un crédit si leur banquier est conciliant. Les assurances ne sont pas toujours très rapides pour rembourser le vol de matériel photo. Rarement celui ci sera remboursé à taux plein.
Dans certains cas, il est aussi possible que le photographe dispose de matériel de secours qui n’a pas été volé.
Et vous, avez-vous aussi des protocoles d’urgences ? Vous avez d’autres astuces pour lutter contre le vol de matériel ? Vous vous êtes fait voler du matériel photo, n’hésitez pas à en parler dans les commentaires en précisant le type de matériel, le modèle, le numéro de série et les éventuels signes distinctifs.
Merci pour les astuces !
@Thomas Benezeth
Je te souhaite de ne pas en avoir besoin 😉
Beau récap’ !
Me fait penser que j’ai pas toute ma liste de numéros de série à jour tiens !
Un axe que tu n’as pas clairement évoqué pour les étapes 0 et 6 c’est de ne pas prendre tout son matériel et/ou ne pas tout stocker au même endroit pour limiter l’impact d’un vol/incendie et pour pouvoir continuer à faire des photos.
Bon clairement, ca demande d’avoir un peu de matos à double (notamment un 2ème boitier reflex ou un autre système d’imagerie) et du coup ca finit par coûter cher !
@Seb F
Parfois il est impossible de ne pas tout prendre. Cela dépend de la pratique du photographe et de son matos.
Personnellement j’utilise parfois un second boitier, je ne peux pas toujours le laisser à la maison sinon je vais rater encore plus de photos.
Pour les optiques c’est un petit peu différent, mais cela dépend du parc à disposition.
J’suis un peu le pro en la matière. Je me suis fait voler mon matos 3 fois 🙁
– La première fois, un cambriolage chez un ami chez qui j’étais en vacances
– La seconde par négligence, 100% de ma faute? J’ai laissé traîner mon sac sans surveillance dans un bus en Inde
– La dernière pas de bol, je me suis fait droguer par un biscuit magique qui m’a endormi lors de la visite de Borodudur en Indonésie. Et une fois plongé dans un gros dodo, on m’a tout volé. Biscuit offert par un touriste français 🙁
Autant dire que dans tous ces cas, quasi aucune chance de retrouver le matos. La plainte à la police est de plus très souvent le truc qui dure des heures et des heures, perdu dans les sphères de l’administration, le top étant en Inde. Mais il faut bien le papier magique pour l’assurance.
Depuis, je suis en effet tombé sur « Stolen camera finder ». J’ai trouvé le truc très astucieux. Je l’ai testé pour le dernier vol, mais sans succès. Les 2 premiers étaient des reflex argentiques donc ça fonctionne moins bien 🙁
On va dire que statistiquement, il va peut-être s’écouler un peu de temps avant que je perde à nouveau, mais bon, les stats …
@Laurent
Tu es un spécialiste dans ce domaine :/
Je ne vais pas dire que la plainte ne sert à rien mais les résultat sont faibles dans les résolutions de ces vols. Je n’ose imaginer en Inde ou en Indonésie le résultat.
J’ajouterais Lenstag dans la liste… Une appli et un site où on peut enregistrer les numéros de séries de tout son matériel (objectifs inclus), et en entrant un numéro de série, vérifier s’il est déclaré comme volé ou non par un autre utilisateur de lenstag.
@elPadawan
Merci pour l’information « Lenstag » semble être une application récente, je teste et je l’ajoute dans le billet 😉
Récente, récente… Elle date de 2013 quand même. Je trouve juste qu’on n’en fait pas assez la pub, et le système fonctionne mieux quand la base de numéros de séries est bien remplie, donc c’est important d’avoir une base d’utilisateurs larges pour que le système soit efficace. Il y a quelques « success stories » liées à Lenstag. Du matériel volés qui a pu être identifié et restitué, notamment. Ils font aussi des recherches des numéros de séries de boîtiers dans les EXIFs d’images, comme Stolen Camera Finder. Je ne sais pas trop comment fonctionne le système, mais j’ai déjà eu des notifications de directmatin qui pompe un article de slate.fr en reprenant ma photo (qui avait été utilisée mais correctement créditée par slate.fr, mais pas par direct matin), par exemple…
PS: Lenstag j’en avais parlé avant de partir au vietnam, en août dernier: https://elpadawan.wordpress.com/2014/08/05/useful-apps-for-a-travel-photographer-2-0/
À l’époque, il y avait eu peu de matériel retrouvé et relayé par la presse. Depuis, des sites comme petapixel et f-stoppers ont relayé de nouvelles histoires où Lenstag a permis des récupérations de matos.
@elpadawan
Je viens effectivement de voir que le site n’est pas si récent… mais on en parlait peu.
Au cours de mes recherches je n’ai pas vu ton billet…
Bref j’ai enregistré mon matériel via le web pour le matos et via l’appli pour les photos des numéros de série.
Impressionant ton protocole d’urgence, on voit que tu es préparé ! J’avoue que je fais partie des gens à n’envisager le pire que lorsqu’il se produit, mais je pense que je vais suivre 1 ou 2 de tes conseils…merci!
@donlope
C’est certainement une déformation professionnelle 😉
Après tous ne sont pas noir sur blanc mais ici l’experience peut certainement aider certaines personnes en détresse
[…] Vol de matériel photo, comment se préparer ? […]
Merci pour toutes ces bonnes astuces. Clairement, une liste pré-établie de tous les numéros de série fait gagner un temps précieux. Je touche du bois, je n’ai pas encore été confronté à ce problème.
Autre chose : il me semble avoir lu qu’il est possible de contracter une assurance spécifique pour le matériel photo, spécialement si on voyage souvent. A voir si les tarifs ne sont pas prohibitifs pour un simple particulier…
@Seb
Le cout des assurances spécifiques est important. Il faut voir avec son assurance habitation et auto comment est couvert le matériel avant d’envisager prendre un assurance supplémentaire.
Suivant l’usage et la valeur du matériel il faut compter entre 50€ et 500€/an. Le vol n’est pas toujours remboursé, ou la note est souvent gonflée pour se prémunir de ce risque important (à mon sens).
Merci pour ce récap.
C’est somme toutes assez logiques, mais j’imagine que, lorsque l’on est effectivement confronté à cela, on est moins lucide :/
En tout cas, je note surtout lenstag (ou équivalent) pour garder dans un coin les numéros de série et les avoir facilement accessibles. Et je pense que le plus dur est le point 6 : pas toujours facile de reconstituer son sac.
@Christophe
Il faut déjà trouver la motivation pour reconstituer son sac mais parfois cela peut etre bénéfique, pour changer de matériel par exemple et ne pas reproduire des erreurs que l’on se traine comme des boulets. (Je ne retrouve pas le lien vers le billet d’un photographe qui avait du repartir de 0 après un cambriolage ou il expliquait que dans son malheur il y avait quelques « avantages »)