Instagram et Facebook veulent encore vos photos pour leur IA

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Ah, Meta. Cette entreprise au doux parfum de dystopie douce. Après avoir tenté de créer un monde air cool et futuriste avec le métaverse, la firme de Mark Zuckerberg a trouvé un nouveau passe-temps : entraîner son intelligence artificielle avec vos données. Oui, vos publications, vos photos, vos commentaires. Tout ce que vous avez posté d’un peu trop public. Et ce, même si vous aviez déjà crié « Non, pas touche ! » l’année dernière.

Car tenez-vous bien : en 2025, il faut recommencer la démarche. Comme un mauvais reboot d’une série annulée trop tard, Meta remet ça, avec une mécanique légèrement différente. Nouveau cadre légal, nouvelle notice d’information, nouveau formulaire… mais toujours les mêmes intentions.

L'intelligence artificelle de meta (Facebook, Instagram, messenger et whatsapp) alimenté par le contnue des utilisateurs
Les robots de meta alimentés par les utilisateurs sauf si ils s’y opposent.

Spoiler alert : Meta n’a pas oublié vos photos, mais il a oublié votre refus

Je me souviens très bien de juin 2024. En tongs, devant mon PC, entre deux sessions de post-traitement Lightroom, j’avais consciencieusement rempli le formulaire de refus de Meta. À l’époque déjà, j’avais dû aller fouiller dans les tréfonds des paramètres pour dire : Non merci, je ne veux pas que mes photos de Toulouse ou mes réflexions acerbes sur les réglages ISO finissent dans les datasets d’une IA américaine.

Mais voilà. En 2025, rebelote. Et Meta, avec sa délicatesse habituelle, n’a pas jugé bon de reconduire nos choix. On recommence. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent. Et parce que vous n’avez sans doute pas lu les nouvelles conditions mises à jour discrètement entre deux reels de chatons énervés.

Un jour chez META, il faudra quand même se dire que nous sommes en big 2025 et que le consentement ce n’est pas juste pour faire beau.

Le principe ? Meta veut vos données publiques pour « entraîner » son IA

Traduction en langage Meta : vos photos postées publiquement, vos commentaires, vos légendes et même vos interactions avec leur nouvel assistant IA seront digérés par leur machine pour la rendre plus intelligente. Plus « humaine ». Plus capable de discuter avec vous de votre passion pour les poses longues au bord de la Garonne. Enfin… façon de parler.

Ils précisent quand même qu’ils ne toucheront pas aux messages privés ni aux comptes des mineurs. Ouf. Une entreprise éthique, manifestement. Quelle chance…

Pourquoi c’est particulièrement gênant quand on est photographe ?

En tant que photographe, mon fil Instagram est à la fois ma vitrine, mon portfolio, ma carte de visite et mon terrain de jeu. C’est un espace où je montre mes créations. Et je choisis précisément ce que j’y mets. Que Meta s’en serve comme terrain d’entraînement pour son IA pose plusieurs problèmes :

  • Atteinte potentielle aux droits d’auteur (même si Meta vous dira que c’est “conforme” parce que vous avez posté en public… mais la jurisprudence française est un peu plus subtile).
  • Dévalorisation du travail artistique, parce que les IA entraînées sur vos clichés pourront ensuite générer des images “inspirées” de votre style, sans jamais vous citer ni vous rémunérer.
  • Perte de contrôle sur l’usage de votre image, votre nom, votre identité visuelle. Un jour, peut-être, votre style se retrouvera dans un filtre IA de reels sponsorisés sans même un petit merci.

Comment dire NON (encore une fois) à META (Facebook & Instagram)

Passons à la partie pratique : comment faire barrage, ou du moins, ériger une petite barrière de pixels entre vos données et l’appétit vorace de Meta. Voici la méthode :

Étape 1 – Ouvrez Facebook ou Instagram (oui, encore…)

Lancez l’application sur votre téléphone (ou allez sur la version web, si vous êtes de la vieille école comme moi).

Étape 2 – Rendez-vous dans les paramètres

Sur Facebook :

  • Cliquez sur Paramètres et confidentialité
  • Puis sur Centre de confidentialité
  • Cherchez une rubrique du type Utilisation de mes données pour l’IA
  • Cliquez sur Formulaire d’opposition (avec un nom bien flou, bien administratif, qui ne fait surtout pas peur)

Sur Instagram, c’est plus ou moins pareil. Mais attention, le formulaire est partagé entre les deux plateformes. Inutile de le remplir deux fois.

Étape 3 – Remplissez le formulaire comme en 2024

Meta vous demandera :

  • Votre pays (vive la CNIL)
  • L’adresse e-mail liée à votre compte
  • La raison de votre opposition (vous pouvez écrire “parce que j’en ai marre” ou “pour préserver mes droits d’auteur”, ça passe)
  • Une vérification d’identité par e-mail (encore une)

Étape 4 – Vérifiez que c’est bien pris en compte

Une fois le formulaire envoyé, Meta vous enverra un e-mail de confirmation. Gardez-le précieusement. C’est la seule preuve que vous avez refusé. Et vu la vitesse à laquelle ils effacent nos préférences, autant garder des archives.

Empêcher Meta d'utiliser ses données personnelles pour alimenter son IA

Et si je ne fais rien contre META ?

Alors, disons-le franchement : si vous ne vous opposez pas avant le 27 mai 2025, Meta considérera que vous êtes d’accord. Ils intégreront donc vos publications publiques dans leur moulinette afin d’alimenter leur robot IA.

Est-ce que c’est dramatique ? Pas forcément. Mais en tant que photographe :

  • Vous cédez gratuitement de la matière visuelle à une entreprise qui ne vous rémunère pas.
  • Vous participez (involontairement) à l’entraînement d’un outil qui pourrait générer demain des images concurrentes aux vôtres.
  • Vous validez une politique de flou artistique autour du consentement numérique.

Alors bon, si ça ne vous gêne pas qu’un chatbot balance des citations bidons sous une image qui ressemble à votre photo de coucher de soleil à Matabiau… libre à vous. Mais personnellement, je préfère garder la main sur mon travail.

Un avenir flou (et pas seulement à cause de l’ouverture f/1.2)

Le vrai problème, c’est qu’on est en train de banaliser une idée : les données publiques sont exploitables à l’infini. Comme si une photo postée un jour sur Instagram valait un contrat de cession illimité. Comme si publier revenait à dire : “Servez-vous”.

En tant que créateur d’images, ce glissement me dérange profondément. C’est une chose de montrer son travail. C’en est une autre d’accepter qu’il devienne une simple brique dans l’algorithme d’une IA qui n’a rien compris au triangle d’exposition.

En conclusion : râlez utile contre l’utilisation de vos données pour alimenter l’IA

On peut râler contre les réseaux sociaux, leur manque de respect, leur opacité. On peut aussi agir concrètement (et râler ensuite). Ce formulaire, aussi absurde soit-il, reste aujourd’hui notre seul rempart.

Donc voilà : faites-le. Encore. Et probablement encore l’an prochain. Ajoutez-le à votre to-do list annuelle, juste après “nettoyer les capteurs” et “mettre à jour Lightroom”.

Parce qu’en 2025, plus que jamais, nos données ont de la valeur. Ne les laissez pas partir gratuitement dans le cloud de Meta

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