Comment photographier le Tour de France

9

Alors que débute le Tour de France de nombreuses personnes vont se rendre sur le bord des routes pour assister à la course hors stade la plus médiatisée en France. C’est en général une grosse journée pour les spectateurs qui ne vont pas seulement assister au passage des coureurs, mais aussi à celui de la caravane publicitaire ainsi que toutes les voitures et autres véhicules suiveurs qui accompagnent la course cycliste. Certains spectateurs viennent applaudir les coureurs, d’autres viennent chercher des goodies, et certains viennent faire quelques photos de la Grande Boucle.

Le Tour de France regroupe 3 éléments indissociables, la caravane publicitaire et les coureurs, les paysages et le public.

Pour le photographe, il est impossible de suivre la course en étant sur une moto, ce privilège étant réservé aux journalistes sportifs dûment sélectionnés et accrédités pour la Grande Boucle.

Sur le bord de la route plus qu’ailleurs il est indispensable de penser à sa sécurité et à celle des autres, de ceux qui vous accompagnent comme de ceux qui utilisent la route. Il ne faut pas mettre un pied sur la route, traverser est impossible.

Comment faire des photos du Tour de France
Tour de France 2014 dans le col de Peyresourde, le maillot Jaune, Vincenzo NIBALI (ASTANA) est protégé par son équipe

Photographier une course cycliste est dangereux

Que ce soit le Tour de France ou une autre course cycliste, le photographe court un danger et peut faire courir un danger aux cyclistes comme aux suiveurs.

Le photographe doit donc prévoir de se positionner de sorte à ne pas empiéter sur la route afin d’éviter au maximum de se faire percuter par un coureur ou un véhicule du Tour. En montagne et sur les routes étroites il est fréquent que les conducteurs empiètent légèrement sur le bas côté en dépassant les cyclistes ou d’autres véhicules.

Dans les zones de forte densité de public, comme l’arrivée ou le sommet de cols, le photographe doit prendre ses dispositions pour que son matériel ne dépasse pas des limites matérialisées par l’organisateur.

Sur le Tour de France la sécurité doit prévaloir sur la prise de photo !

Par le passé des coureurs ont été blessés parfois gravement, car des photographes n’avaient pas respecté les limites. (sprint final à Armentières ou Giro d’Italie 2015)

Bien évidemment, le photographe devra se stationner de manière à ne pas gêner la circulation routière.

Le photographe veillera aussi à la sécurité des personnes qui l’accompagnent, notamment à celle des enfants qui pourraient être tentés de marcher sur la route pour ramasser un goodies ou un bidon lancé par un coureur. De même si le photographe doit être accompagné de son animal de compagnie (ce qui n’est pas la meilleure idée) il veillera à l’attacher pour éviter qu’il ne s’échappe sur la route au passage de la course.

Les spectateurs sont obligés de pousser les voitures cochonou qui chauffent dans les cols
Les spectateurs sont obligés de pousser les voitures Cochonou qui chauffent dans le Port de Balès en 2017

Quel matériel pour photographier le Tour de France ?

Prendre en photo les coureurs ou la caravane publicitaire laisse peu de place à l’improvisation. Cela ne dure que quelques secondes qu’il est impossible de rejouer à moins de suivre chaque jour les coureurs.

Il faut donc du matériel réactif et disposant d’une rafale suffisante pour ne pas rater LA photo.

Pour le choix de l’objectif et de la focale, c’est au choix du photographe, j’ai personnellement utilisé le 10 mm comme le 400 mm. Il faut surtout que le photographe s’adapte au lieu qu’il aura choisi. Il est aussi indispensable d’anticiper sur la situation de la course au moment où elle arrive au niveau du photographe, on ne photographie pas un coureur isolé comme on photographie le peloton des coureurs cyclistes.

J’avais fait le choix de travailler avec deux boitiers un en point fixe qui m’a permis de faire un timelapse et un autre qui était mon boitier principal. Suivant les écarts il est possible de changer d’optique, mais il ne faut en aucun cas le faire lorsqu’il y a des coureurs sur la route au risque de rater une photo.

Les lunettes de soleil, la crème solaire et un chapeau ou une casquette sont indispensables pour attendre la caravane et les coureurs, de l’eau est aussi à prévoir il peut faire très chaud sur les routes du Tour de France.

Personnellement je prévois aussi un siège, c’est plus confortable. En cas de pluie une bâche peut être utile pour se confectionner un abri sur le bord de la route.

Comment prendre en photo la caravanne publicitaire ?
Caravane Publicitaire du Tour de France 2014 dans le col de Peyresourde, L’Xtra

Quels réglages pour prendre en photo le Tour de France ?

Il n’existe pas de réglages magiques, toutefois on peut distinguer 2 situations :

La photo nette : il faudra pour cela disposer d’une vitesse suffisante, l’ouverture est ici une question de goût.

Le filé il faudra une vitesse d’obturation “moyenne” ou lente.

Dans les deux cas, il faut se méfier de la lumière qui est dure et trouver la parade la plus appropriée pour limiter les forts contrastes. Avec le casque les coureurs ont souvent le visage bouché par une ombre disgracieuse qu’un coup de flash ne suffit pas toujours à réduire.

Le passage de la caravane publicitaire peut permettre de tester les réglages choisis par le photographe.

comment faire une photo d'un coureur du tour de France
Tour de France 2014 dans le port de Balès, loin derrière les premiers coureurs, Tanel KANGERT (Astana) ne faiblit pas

Où et comment se placer pour photographier le Tour de France ?

Suivant l’étape du Tour de France choisie par le photographe, de nombreuses zones s’offrent à lui pour réaliser des photos.

Le photographe ne doit pas gêner la circulation des coureurs et des véhicules !

Personnellement je préfère la montagne où les coureurs passent plus lentement, toutefois sur la Grande Boucle j’évite le sommet des cols où il y a trop de monde pour faire des photos sans être dérangé. Sur d’autres étapes, je cherche une côte qui permet là aussi de profiter d’une baisse de la vitesse des coureurs même si parfois, c’est un ralentissement très minime.

Le dernier col au sommet duquel se joue une arrivée, celui dont tout le monde parle et où se disputent les leaders est généralement pris d’assaut par le public, parfois l’accès y est interdit aux véhicules dès la veille de l’étape. Le col précédent l’arrivée de l’étape est pour moi le meilleur, il y a moins de monde surtout à mi-chemin entre le bas et le haut du col. L’endroit idéal étant à la sortie d’un passage avec un fort pourcentage, l’endroit où les coureurs attaquent.

Tour de France dans le port de Balès, le groupe de tète, Serpa, Thomas Voeckler, Izaguirre, Rogers, Cyril Gautier (caché) et Van Avermaet
Tour de France dans le port de Balès, le groupe de tète, Serpa, Thomas Voeckler, Izaguirre, Rogers, Cyril Gautier (caché) et Van Avermaet

Les descentes sont à proscrire, ce n’est pas pour rien qu’il n’y a presque personne dans ces zones, les cyclistes sont des virtuoses qui passent à la vitesse des avions de chasse.

Gamin j’avais testé la zone avant le sprint, en plus d’un important public, les coureurs sont passés à une vitesse folle, ce n’est pas l’endroit que je recommande sauf si les coureurs passent plusieurs fois comme sur les Champs Élysées.

Pour la zone d’arrivée, c’est le même problème les coureurs arrivent à une grande vitesse. En quelques secondes, c’est réglé et suivant les villes d’arrivées il est parfois impossible de s’approcher du podium. Pour obtenir une bonne place, il faut arriver particulièrement tôt et étudier soigneusement l’endroit.

Quand le public est dense, il est tentant de mordre sur la route pour voir les coureurs arriver, cela est à proscrire pour éviter les accidents !

Plus on est proche de l’arrivée d’une étape et plus les coureurs vont vite. Le peloton va tenter de rattraper les échappés puis essayer d’empêcher les sorties en gardant un rythme élevé jusqu’à l’arrivée.

La zone de départ est un endroit où passent les coureurs à une vitesse relativement lente, mais il n’y a pas de coureur échappé. Cela limite donc le nombre de photos réalisées.

Le ravitaillement n’est pas un espace évident pour faire des photos, mais les coureurs se relèvent en arrivant sur cette zone. Il peut y avoir des photos à réaliser, parfois il y a des chutes de coureurs et de petits incidents à cause des besaces. Dans le kilomètre qui précède et qui suit le ravitaillement les coureurs jettent leurs bidons.

Tour de France dans le port de Balès, Les supporters encouragent tous les coureurs
Tour de France 2014 dans le port de Balès, Les supporters encouragent tous les coureurs

Je recommande un virage qui donnera de la profondeur à vos photos vous donnant la possibilité d’être face aux coureurs sans être sur la route. Un bon repérage sur carte ou avec Google map peut vous donner des idées de paysage, car le Tour de France ce n’est pas seulement la course, c’est aussi les paysages traversés par la course.

Trop de supporters peuvent rapidement devenir gênants, mais aucun supporter peut limiter l’ambiance de vos photos, car les supporters sont le troisième élément essentiel de la Grande Boucle. Sur d’autres courses cyclistes les spectateurs sont moins nombreux et l’ambiance est bien différente.

Dans tous les cas, il faut arriver suffisamment tôt pour s’installer et “protéger” son emplacement. L’attente doit permettre au photographe de repérer les éléments intéressants, voir de faire des photos d’ambiance. Lorsqu’il y a peu de spectateurs, il est possible de chercher des points de vue différents pour photographier Le Tour.

Christopher Froome se fait huer par les spectateurs à l'approche du port de Balès. Il est talloné par Fabio Aru et Romain Bardet.
En 2017 Christopher Froome se fait huer par les spectateurs à l’approche du port de Balès plongé dans un épais brouillard. Il est talonné par Fabio Aru et Romain Bardet, ses dauphins au classement général.

Le cas particulier des contre la montre

Les contre la montre sont avec les étapes de montagnes le juge de paix du Tour de France, l’avantage pour le spectateur, c’est qu’il va voir passer chaque coureur individuellement, mais il va se trouver confronté à la gestion de son arrière-plan. Certains contre la montre forment des boucles et il est parfois possible au spectateur de couper à l’intérieur de cette boucle à pied ou en voiture selon la distance pour changer de zone de photos, mais cela peut s’avérer complexe. Il faut donc choisir son emplacement en fonction de la richesse photographique qu’il propose et ne pas hésiter à se déplacer pour changer d’arrière-plan.

Autour du Tour de France

Le village départ est à mon goût trop fermé pour y accéder. Pour réaliser des portraits des coureurs, il faut se rendre a leur hôtel ou au bus de l’équipe et avoir un peu de chance.

Le podium n’est pas toujours accessible facilement pour les spectateurs. Il est souvent pris d’assaut par les invités et les journalistes du Tour de France, il faudra donc être malin pour réussir à se placer pour faire une ou plusieurs photos.

Sur le parking des hôtels de coureurs, il est possible de tirer le portrait des coureurs. Parfois ils ressortent après leur massage. Le matin les coureurs sont concentrés et un peu moins disponibles, mais il n’est pas interdit de tenter votre chance.

Caravane publicitaire du Tour de France dans le port de Balès, Haribo
Caravane publicitaire du Tour de France 2014 dans le port de Balès, Haribo

Suivre la course pour anticiper ses photos

Pour réussir ses photos, il faut aussi suivre la course, si disposer d’un poste de TV est difficile voir impossible, il est possible de suivre la course à la radio. Les plus malins utiliseront un “scanner” pour écouter Radio Tour qui donne les informations sur la course en temps réel. Cela permet d’anticiper si un seul ou plusieurs coureurs sont échappés et aide à connaître les écarts avant le passage des coureurs devant le photographe.

9 COMMENTAIRES

  1. Très intéressant. Il est vrai que le cyclisme est un sport “lent” mais une fois que les coureurs arrivent, il faut être prêt et on a qu’une chance.

    Comme pour chaque sports, il peut être intéressant de préparer une liste de codes de remplacements avec les numéros de dossards et nom de coureurs pour pouvoir légender les photos.

    J’ai trouvé pour ce faire un site qui propose quelques codes pour Photo Mechanic

    • @Cyril
      Je parlerai à la rentrée de ces système de saisie des nom. Personnellement je les fais à la main avec un copier et une ligne de code dans excel ça ne prend que 5 minutes.
      Pour le Tour de France ce n’est pas utile d’y passer tant de temps car en générale on ne garde que quelques photos avec seulement quelques coureurs.
      Ca dépend aussi du besoin de livrer rapidement ou pas ses photos.

  2. […] Ce dimanche comme chaque premier dimanche du Mois Roulez Rose avait donné rendez vous à ses participants à 15h place du Capitole. Au départ les patineurs étaient peu nombreux. On ne comptait qu’une petite quarantaine de patineurs dont de nombreux adhérents de Roulez Rose dans le cortège. Certains habitués ont préféré rester au frais, dans la piscine ou devant le Tour de France. […]

  3. Cette année (septembre 2020) le Tour de France a été particulier pour les sportifs mais aussi pour les spectateurs.

    Impossible de se placer oû l’on veut a cause des mesures sanitaires. Faire des photos des coureurs fut presque impossible.

    On parlera longtemps de la réalisation décevante voir tres mauvaise des retransmissions sur France TV.

    Vivement que l’on retrouve un fonctionnement normal !

    • @Fan de cyclo
      Tout le monde souhaite retrouver ses habitudes d’avant Covid, mais sans traitement ou vaccin cela parait peu probable.
      effectivement Les spectateurs n’ont pu se placer où ils le souhaitent. Je suis le premier déçu, mais je comprends parfaitement les raisons qui ont poussé les préfets et les organisateurs du tour de prendre ces décisions. Dommage de ne laisser monter que ceux qui peuvent grimper un col comme dans le Port de Balès et de proposer aux autres de faire un tour dans une navette de 8 places avec des inconnus

  4. Bonjour vais faire des photos lors du passage du tour à l’Alpe D’huez, vais travailler avec un D500 et 70-200f2,8 et il vaut mieux se placer ds un virage ou sur une ligne droite ?

    • @guillaume charton
      Les coureurs visitent en 2022 l’Alpe D’Huez lors de la dernière étape alpine. L’arrivée en haut du col attirera de très nombreux spectateurs. La première difficulté sera d’accéder au col.

      Ensuite pour le positionnement cela dépend de la météo et des choix artistiques qui peuvent être fait.
      Personnellement s’il fait beau, j’irai sur la partie haute du col dans une ligne droite qui permet de voir les coureurs arriver sur la route en contre bas sans prendre le risque que des arbres me gênent. En plus les véhicule ne peuvent pas stationner à cet endroit donc on a un cadre sympa. Par contre, si la météo est plus capricieuse, je me placerai un peu plus bas pour essayer de photographier les premières attaques des leaders.
      Pour être tranquille j’éviterai le virage des hollandais. Ils font une grosse fête avant l’arrivée des coureurs et on prend le risque de devoir jouer des coudes. D’autres virages peuvent être plus calmes.
      Comme 2 cols Hors Catégorie précèdent l’arrivée en Haut de l’Alpe d’Huez il est probable que les écarts soient assez importants et permettent de se déplacer pour varier les points de vue.

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.