De plus en plus, les emprises pour la construction de la ligne C de Toulouse se multiplient. Mais l’une des toutes premières opérations spectaculaires vient de se dérouler sous le regard des toulousains. Après des travaux préparatoires, le Monument aux Combattants, parfois appelé monument aux morts, a été soulevé de terre et placé sur d’imposantes remorques.
Aujourd’hui, sous le regard des toulousains le monument aux combattants a pivoté avant d’être déplacé pour laisser sa place aux travaux permettant de creuser la future station de métro. À la fin des travaux, il doit retrouver sa place. Cette opération permet de sauvegarder les platanes des allées François Verdier où se déroule habituellement la brocante des antiquaires.
Le Monument aux Combattants de Toulouse
Le Monument aux Combattants de la Haute-Garonne, situé à Toulouse, rend hommage aux soldats du département tombés au cours des conflits du XXe siècle. Dressé sur les allées Forain-François-Verdier, à proximité de la rue de Metz, ce monument est caractérisé par un arc de triomphe soutenu par huit colonnes, agrémenté de statues et de bas-reliefs.
La genèse de ce monument remonte à 1919, alors qu’une décision est prise pour sa construction. Suite à un concours organisé en 1920, le projet de Camille Raynaud est sélectionné parmi une quarantaine de propositions. Ultérieurement, la Ville de Toulouse choisi d’associer également les projets d’Henri-Raphaël Moncassin et d’André Abbal dans la réalisation finale, supervisée par l’architecte Léon Jaussely. Les travaux ne s’achèvent qu’en 1928, avec les bas-reliefs de Raynaud finalisés en 1931.
Le monument ne porte pas les noms individuels des soldats tombés au combat, se concentrant plutôt sur la commémoration collective. En reconnaissance de son importance architecturale, artistique et historique, le monument est inscrit aux monuments historiques le 18 octobre 2018. Cette décision s’applique également à un ensemble de 42 autres monuments aux morts de la région Occitanie, incluant des monuments tels que l’Héraklès archer et le Monument aux morts des quartiers de Bayard, Matabiau, Concorde et Chalets, tous situés à Toulouse.
La troisième ligne de métro à Toulouse
Un projet de ligne de métro
En 1998, le schéma directeur de l’agglomération toulousaine envisageait une future ligne de transport transversale reliant le secteur aéroportuaire au quartier est de Toulouse, une perspective inscrite dans le réseau métro à long terme. Entre 2008 et 2014, sous la direction du maire Pierre Cohen, l’accent a été mis sur les projets de tramway et de bus à haut niveau de service (BHNS). Cependant, des suggestions émergèrent pour créer une troisième ligne de métro automatisée entre l’ouest et l’est de Toulouse, desservant des zones clés telles que Montaudran, la Côte Pavée, la gare Matabiau, et les sites Airbus, voire Colomiers.
Des citoyens toulousains ont proposé des études d’opportunité pour cette troisième ligne en 2011 et 2012, notamment lors de l’enquête publique sur la révision du Plan de déplacements urbains. La commission d’enquête en 2012 a critiqué le plan de déplacements urbains en suggérant la nécessité d’une troisième ligne de métro. Cette idée avait été présentée dès 2011 par une étude exploratoire menée par Maxime Lafage de l’Institut d’études politiques de Toulouse.
La question de la troisième ligne est devenue un enjeu majeur lors des élections municipales de 2014. Le maire élu, Jean-Luc Moudenc, a proposé la création d’une ligne « Aérospace » reliant les sites d’Airbus du nord-ouest de l’agglomération à la zone aéroportuaire, passant par la gare Matabiau et se dirigeant vers le sud-est, où se trouvent des centres aérospatiaux importants. Le coût de ce projet a été estimé à environ 1,7 milliards d’euros. Depuis, il a été réévalué à 2,66 milliards d’euros en 2019 et à 3,519 milliards d’euros en 2022 à cause de l’augmentation du cout des matériaux.
Le tracé de la ligne C du métro à Toulouse
L’annonce du tracé finale
Le 5 juillet 2017, le tracé final de la troisième ligne de métro est annoncé, incluant l’emplacement des stations. À ce stade, l’idée d’une desserte de l’aéroport de Toulouse-Blagnac en métro est abandonnée en faveur d’une ligne de tramway express. Le nouveau tracé a également conduit à l’abandon de la station Fondeyre en raison de la proximité d’une usine classée Seveso.
Le 16 décembre 2017, la commission d’enquête sur le projet mobilités de Tisséo a suggéré une construction en deux phases pour la ligne. La première phase, d’ici 2025, couvrirait la portion Colomiers-Matabiau et le prolongement de la ligne B, tandis que la seconde phase, prévue vers 2030, couvrirait la portion Matabiau-Labège. Cela visait à prioriser la construction de la ceinture sud (Colomiers-Portet) en premier, considérée comme plus urgente. Cependant, en janvier 2018, le président de Tisséo-Collectivités, Jean-Michel Lattes, a choisi de ne pas suivre cet avis.
Le 11 juillet 2018, le conseil syndical de Tisséo a adopté à l’unanimité le tracé final, qui était essentiellement identique à celui présenté auparavant. Ce tracé a également réintégré la station Fondeyre.
La troisième ligne de métro de Toulouse sur les rails
L’enquête publique s’est tenue du 6 juin au 18 juillet 2019. Le 11 octobre, la commission d’enquête a donné un avis favorable au projet, tout en émettant des réserves concernant des détails d’aménagement des stations Sept-Deniers et François Verdier.
Ces réserves ont été prises en compte par la maîtrise d’œuvre, qui a finalisé les détails du projet le 27 novembre 2019. Des ajustements majeurs ont été apportés, tels que la suppression de la section en viaduc près d’Airbus au profit d’une extension du tunnel jusqu’à Colomiers, et le déplacement de la station François Verdier sous la station de la ligne B pour conserver les arbres en surface. D’autres modifications mineures ont également été apportées au tracé en viaduc entre Montaudran et Labège, ainsi qu’à l’arrière-gare de Labège.
La ligne a été déclarée d’utilité publique le 7 février 2020. Les travaux devaient initialement commencer fin 2020, mais en raison de la pandémie de Covid-19, ils ont été reportés à 2022, ce qui a entraîné un report de la mise en service de 2025 à 2028. Le projet s’est élargi au fil du temps, englobant non seulement une troisième ligne de métro automatique, mais également un prolongement de la ligne B et la transformation de la ligne T2 en une navette aéroportuaire.
5 tunneliers pour creuser la nouvelle ligne de métro
Afin de creuser les tunnels de la ligne C, 5 tunneliers seront utilisés. Les tunneliers doivent avancer à un rythme de 200 m par mois. Pour la ligne C les tunnels sont creusés entre 35 et 45 m de profondeur. Chaque tunnelier portera le nom d’une femme inspirante pour les toulousains. Ils doivent entrer en action en 2024 et creuseront jusqu’en 2025.
- Le premier entrera en service à Colomiers et sortira à proximité des pistes de l’aéroport
- Le second doit commencer à creuser aux ponts Jumeaux. Il retrouvera le premier tunnelier
- Le troisième doit creuse de la station la Vache vers le boulevard de Suisse puis vers celle du Raisin
- Le quatrieme doit aller de la station du Raisin vers le quartier port Saint Sauveur
- Le cinquième tunnelier doit relier le quartier Port saint Sauveur à la gare de Montaudran
Un sixième tunnelier doit servir au creusement du prolongement de la ligne B jusqu’à Labege. Le tunnelier qui doit creuser le prolongement de la ligne est plus petit que ses homologues. Les tunnels de la ligne A et de la ligne B ont un diamètre inférieur au futur tunnel de la ligne C. Précédemment, ce tunnelier avait déjà participé au creusement de la ligne B.
Le déménagement spectaculaire du monument aux morts
Avant le déménagement, d’autres options étudiées
Avant de lancer les grandes manœuvres pour déménager le Monument aux Combattants, plusieurs options ont été étudiées :
- La première option consistait à couper plusieurs platanes, mais de nombreux toulousains se sont opposés à ce choix. Cela aurait permis de construire la station à la place des patanes.
- Une autre option envisageait de placer la station à un endroit différent. Elle aurait pris place plus sur le carrefour.
- Enfin, il a été envisagé de démonter le Monument aux Combattants, mais lors des études préliminaires, les techniciens ont observé que l’édifice était en pierre et béton. Ce type de construction ne permettait pas un démontage de l’édifice sans dommage.
Une fois la décision prise de déménager le monument, il a été envisagé de couper deux platanes qui auraient pu bloquer le déplacement du monument. Mais pour éviter de supprimer des arbres, les techniciens ont fait le choix de faire pivoter le Monument aux Combattants avant de le déplacer.
Lors de l’étude des différentes options, de nombreuses voix se sont élevé contre l’une ou l’autre option. Même l’option de déplacer le monument avait ses détracteurs.
Le déménagement du Monument aux Combattants
Le 31 août, cet imposant édifice situé sur le boulevard Carnot a été déplacé d’environ trente mètres afin de permettre la construction d’une station de la 3ᵉ ligne de métro. Cette initiative, d’un coût de 7 millions d’euros, est entreprise par Tisséo Collectivités, le maître d’ouvrage de la ligne C, dans le but de préserver les rangées de platanes centenaires bordant les allées François-Verdier.
Le processus de déplacement implique plusieurs étapes délicates. Les préparatifs ont commencé en hiver et au printemps, avec le retrait des marches de l’édifice, des pavés du parvis et des trophées ornant les coins. Les parties sculptées ont été protégées, et les fondations ont été renforcées à l’aide de poutres en béton armé.
Le monument a ensuite été enveloppé par une charpente métallique orange, agissant comme un exosquelette pour soutenir le monument pendant le déplacement. Une ossature en bois a été ajoutée à la partie supérieure du monument pour renforcer sa structure. À l’aide de vérins le monument a été soulevé d’1,60 m. Une fois soulevé, le monument a été placé sur trois énormes plateformes reposant sur dix-neuf essieux.
Le 31 août, sous le regard de nombreux toulousains l’édifice a pivoté de 90° pour s’aligner avec les platanes. À la vitesse de 0.5 km/h le monument a été déplacé jusque sur une dalle en béton construite entre les platanes.
Le monument restera à cet emplacement jusqu’à la fin des travaux de la station de métro, prévue pour 2027-2028. À ce moment-là, il sera restauré et retrouvera sa place d’origine pour accueillir à nouveau des cérémonies commémoratives.
Le déménagement du Monument aux Combattants en chiffre :
- Poids du monument : 1000 tonnes
- Poids de la structure : 300 tonnes
- 15.3 m de hauteur
- 17.5 m de longueur
- 12.3 m de largeur
- Distance parcourue : 35 m
- Cout : environ 7 millions d’euros
La future station de métro François Verdier
Actuellement, la Station de métro François Verdier est la 10ᵉ station de la ligne B la plus fréquentée en termes de validations. Elle devrait devenir plus importante avec l’arrivée de la ligne C en 2028. Du fait de la place disponible, la station devait se trouver sur les allées François Verdier. Mais afin d’éviter de couper des arbres, l’emplacement de la station a été déplacé. Finalement, la station doit être construite sous l’emplacement du monument aux combattants.
Il s’agira alors de la station de métro la plus profonde de la Ligne C. Située à 35 m de profondeur, la nouvelle station sera raccordée au niveau -1 avec la station de la ligne B. Le quai de la Ligne C sera lui au niveau -5. Au niveau -2 se trouvera une mezzanine surplombant la station quand les niveaux -3 et -4 permettront seulement le retournement des escaliers.
Afin de construire cette nouvelle station, il faut creuser jusqu’à 55 m de profondeur. Les rails du métro devraient se situer à une profondeur de 37m. Le parking Carnot, le tunnel et la station de la ligne B rendent l’opération difficile.
Des travaux qui vont durer
Si les premiers débats concernant la troisième ligne de métro à Toulouse ont commencé en 2011, la mise en service ne devrait intervenir qu’en 2028. D’ici là, les toulousains doivent se préparer à supporter plusieurs années avec des chantiers en surface. Le déplacement du Monument aux Morts est sans doute l’une des opérations les plus spectaculaires.