Les drakkars naviguent sur la Garonne à Toulouse

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Sous un ciel toulousain voilé voir complètement plombé, la Garonne a pris des airs de fjord. Au quai de Tounis, les passants s’arrêtent, intrigués par les silhouettes élancées des quatre drakkars amarrés. Les bénévoles de Bátar accueillent les curieux : chacun peut embarquer pour une navigation de trente minutes sur un bateau à fond plat, ramer, sentir la prise du courant et l’appel du vent.

Les rires se mêlent aux coups de rame, la voile d’un des drakkars contrastent avec les briques roses des quais. L’espace d’une journée, Toulouse a renoué avec son fleuve, dans une ambiance à la fois festive et artisanale. C’est pour l’association Batar l’occasion de faire parler d’elle et de son projet de construction du drakkar Orkan avant de partir au début de l’été 2026 traverser l’Atlantique.

Construit à la hache, le drakkar Njord Vegr incarne l’artisanat viking mis à l’honneur par Bátar.
Le Njord Vegr lors d’une manoeuvre d’accostage avec les apprentis vikkings

Bátar : quand Toulouse se rêve port nordique

L’association Bátar ne se contente pas de naviguer sur la Garonne : elle construit un véritable drakkar, nommé ORKAN, long de 28 mètres. Son ambition ? Traverser l’Atlantique en 2026, reliant symboliquement Toulouse à New York, du Canal du Midi à l’océan.

Le projet est né d’un défi un peu fou : bâtir un navire viking dans une ville sans mer. Mais à force de passion et de bénévolat, plus de 250 personnes se sont relayées sur le chantier participatif. Tous partagent la même envie : donner vie à un rêve collectif, avec les outils d’autrefois et la solidarité d’aujourd’hui.

Le chantier d’ORKAN à la Cale de Radoub : la forge d’un rêve collectif

À quelques centaines de mètres de la Garonne, la Cale de Radoub, discrète enclave au bord du Canal du Midi, abrite le cœur du projet.
C’est ici que prend forme ORKAN, un géant de bois et d’acier qui a demandé des milliers d’heures de travail. Entre les charpentes et les coques suspendues, l’odeur du pin et du chêne se mêle à celle du métal chauffé.

Le lieu, d’ordinaire fermé au public, a été exceptionnellement ouvert pendant la journée de navigation pour faire découvrir l’avancée du chantier. Les visiteurs ont pu rencontrer les charpentiers bénévoles à l’œuvre, ponçant, ajustant, vissant les pièces de la coque.
Certains confient avoir travaillé tard ces derniers jours, jusqu’à la tombée de la nuit, pour approcher de la fameuse mise à l’eau.

Malgré le retard du chantier, l’énergie est intacte. “On sait pourquoi on le fait”, explique un bénévole, les mains couvertes de sciure.
“Quand ORKAN flottera, chaque planche aura une histoire.”

Voir : les photos du chantier d’Orkan

Quand la Garonne devient scène et miroir

Tout au long de la journée, les bateaux vikings de Bátar ont sillonné la Garonne, glissant entre les reflets des façades toulousaines.
Les rameurs, guidés par les bénévoles, ont goûté à une navigation simple mais exigeante : la coordination et l’écoute du fleuve. Le clapotis de l’eau rythmait les échanges, tandis que sur les berges, les enfants s’imaginaient déjà explorateurs du Nord.

Le contraste entre la ville rose et ces bateaux nordiques créait un décor presque surréaliste. Entre deux passages sous le Pont-Neuf, on aurait presque cru entendre un cor de guerre résonner sur le fleuve.

Quatre drakkars sur le Garonne pour financer les projets de Bátar

Afin de financer la fin de la construction du drakkar Orkan, l’association Bátar proposait une navigation sur la Garonne à bord d’un des quatre drakkars suivants :

Thorvald, le “bateau-église” sauvé des eaux

Construit en 1997 à Bergen, en Norvège, Thorvald est un navire d’exception, témoin vivant du savoir-faire scandinave médiéval. Réalisé selon les techniques de l’époque, il servait autrefois de bateau-église pour transporter les habitants des fjords jusqu’aux offices religieux.

Après quatorze années passées au musée de Bayeux, il a bien failli être détruit avant d’être sauvé par l’association normande Les Ran Normaund. Grâce à leur dévouement, Thorvald navigue de nouveau et a pu rejoindre la Garonne pour cette journée d’initiation à la navigation. Sa silhouette élancée et sa coque en bois rappellent les drakkars des sagas nordiques. Pour un photographe, il offre une matière visuelle fascinante : textures du bois patiné, détails sculptés et contrastes entre tradition et modernité sur le fleuve toulousain.

Olav Kyrre, le guerrier paisible

Construit en 1989 dans le fjord de Byrkjedal, Olav Kyrre appartient au Clan du Vestfold, une association basée à Laon. Ce drakkar de taille moyenne incarne l’esprit des embarcations de guerre vikings : il peut accueillir jusqu’à treize personnes, douze rameurs et un capitaine.

Sur la Garonne, il se transforme en bateau-école, invitant les Toulousains à ramer à l’unisson. Le geste est précis, collectif, rythmé par la cadence des rames qui frappent l’eau. La scène évoque plus la cohésion et la découverte que la conquête. En photo, Olav Kyrre attire par sa puissance contenue : les lignes tendues de sa coque, les visages concentrés des rameurs et le contraste entre le calme du fleuve et la gestuelle énergique des participants offrent de superbes compositions.

Njord Vegr, l’authenticité taillée à la hache

Le Njord Vegr, propriété de l’association Viking Age Njord Vegr basée à Nemours, est un hommage au travail artisanal et à la rigueur des charpentiers de marine d’autrefois. Son constructeur, Jef Darin, a respecté scrupuleusement les techniques médiévales : aucune scie, uniquement la hache pour façonner chaque planche. Le résultat est un bateau à la fois brut et élégant, où chaque coup d’outil laisse une empreinte visible. Sur la Garonne, il témoigne du lien entre l’homme, le bois et l’eau, un équilibre que les Vikings maîtrisaient déjà.

Pour un photographe, ce navire est un trésor de textures : les veines du bois, les chevilles apparentes, la courbe des bordés racontent une histoire d’endurance et de passion. À travers lui, la navigation redevient un art manuel, sincère, et profondément humain.

Fyr, le drakkar toulousain à fond plat

Parmi les bateaux présents, Fyr occupe une place particulière dans le cœur des bénévoles de Bátar. C’est le second drakkar construit par l’association toulousaine, conçu pour naviguer sur la Garonne dont les eaux peu profondes exigent un bateau à fond plat. Entièrement réalisé à Toulouse, Fyr symbolise la fusion entre tradition nordique et savoir-faire local.

En photographie, Fyr se prête à toutes les lectures : bateau de bois sur fond urbain, reflet doré sur la Garonne, ou scène de vie partagée entre rameurs et curieux. Il illustre à merveille l’esprit de Bátar : faire revivre la culture maritime au cœur de la Ville Rose.

Toulouse, port d’attache avant le grand large

Si la mise à l’eau d’ORKAN a dû être reportée, la journée a permis de rassembler la communauté autour du projet. Ce moment partagé entre eau, vent et bois a rappelé l’esprit fondateur de Bátar : faire de la navigation un acte collectif et poétique. Sur la Garonne comme à la Cale de Radoub, c’est le même souffle qui anime l’équipage : celui de l’aventure.

Dans les prochaines semaines, le chantier se poursuivra pour que le drakkar puisse enfin voguer sur le fleuve. Et quand viendra le jour du départ, Toulouse pourra dire fièrement qu’elle a bâti, loin des fjords, un navire de rêve et de fraternité.

Démonstrations de combats vikings sur les bords de Garonne

Sur les rives de la Garonne, à Toulouse, l’ambiance se transforme en véritable camp viking lors des démonstrations de combats. Boucliers en bois et épées émoussées s’entrechoquent dans une reconstitution saisissante d’authenticité. Ces guerriers passionnés, membres de troupes historiques, reproduisent les gestes précis et les stratégies de combat des anciens peuples scandinaves. Le public, massé sur les berges, peut observer la rigueur du maniement des armes et la coordination des formations de boucliers.

Ces démonstrations ne se limitent pas à la performance physique : elles racontent aussi l’art de la guerre à l’époque des drakkars et les valeurs d’honneur, de courage et de solidarité qui animaient les Vikings. Dans le décor naturel de la Garonne et des ponts toulousains, le spectacle devient une immersion historique rare, reliant la légende nordique à l’histoire fluviale de Toulouse. Les combats, rythmés par le son des tambours et les cris des guerriers, rappellent que la navigation et la conquête étaient indissociables de la culture viking.

Où découvrir le chantier du Drakkar Orkan ?

Adresse :

Cale de Radoub, 62 allées des Demoiselles, Toulouse

Accès :

Bus L9 (arrêt Crampel) ou 27 (arrêt Archives Départementales)

Visite possible lors d’événements organisés par Bátar – infos sur batar.fr

Où naviguer sur un drakkar avec l’association Batar ?

Adresse :

Quai de Tounis, Toulouse

Horaires :

25 et 26 octobre 2025

Accès :

Metro Esquirol

2 COMMENTAIRES

  1. Quelle bonne idée !
    On est allé voir sur place et on a fait un tour sur l’un des drakkars. L’idée est top et les droles ont adoré. On est aussi passé à la cale du radoub, Orkan est géant.

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