Le stage d’observation constitue une étape importante dans le parcours éducatif des élèves de troisième. Il offre l’opportunité aux jeunes de découvrir le monde professionnel, d’explorer le milieu professionnel.
Pour les entrepreneurs, accueillir des stagiaires représente également une occasion de partager leur expertise, de transmettre leur passion et de créer une première expérience dans le monde professionnel.
Dans cet article, je partagerai mon expérience d’accueil d’un stagiaire en classe de troisième. Ce n’est pas le premier stagiaire que j’accueille, peut-être pas le dernier non plus, mais partager mon expérience ne peut qu’être bénéfique pour de nombreux entrepreneurs photographes.
De nombreuses candidatures chaque année :
Le stage de seconde est il une réelle opportunité pédagogique ou un levier pour envoyer les gamins au SNU ?
Ceux qui participent au SNU en juin ne doivent pas faire de stage de 2 semaines en entreprise. Par contre le Stage BAFA ne compte pas !
Pour le moment il n’y a pas de suite prévue à ce stage aux consignes encore inconnues au moment de publier cet article, 3 mois avant les premiers stages !
Chaque année, je reçois de nombreuses demandes de stages. Il y a des stagiaires de troisième dont le stage dure une semaine, mais aussi des stagiaires d’autres niveaux pour de plus longues périodes.
Les contraintes sont différentes. Il m’est assez facile de me libérer une semaine par an, mais cela me parait plus difficile sur une période plus longue. Financièrement, il faut aussi pouvoir assurer les frais qu’engendre la présence d’un stagiaire. Il y a bien quelques aides pour les stages les plus longs et les apprentissages, mais cela se révèle souvent plus couteux pour l’entrepreneur et l’économie actuelle ne (me) permet de financer un stage long.
Enfin, je suis fermement opposé à l’emploi de stagiaire à la place de personnes salariées. La substitution de personnes salariés par des stagiaires est un moyen de faire des économies qui favorisent le dumping et le chômage. C’est pour cette raison que je ne relaie jamais les annonces d’entreprises qui recherchent des stagiaires.
Une sélection pointue du stagiaire :
De toutes les candidatures que je reçois, je n’en accepte qu’une, voir deux, par an si les dates de ces stages correspondent à mes disponibilités. Je me moque royalement de connaitre le CV du stagiaire. En troisième le CV parait assez vide. Je veux que dès la prise de contact, le candidat me montre qu’il est motivé pour ce stage. Trop de stages sont des « stages kebab », dans le restaurant au pied du lieu de résidence, quand d’autres se font dans l’entreprise d’un parent avec dans les 2 cas un interet limité.
Je ne souhaite pas forcément que le candidat se destine au métier de photographe, mais qu’il ait au moins la volonté d’un jour monter sa propre entreprise ou qu’il ait une réelle volonté de découvrir cet univers. Dans le monde de la photographie, les salariés sont de moins en moins nombreux.
Enfin, je veille à ce que les candidats soient correctement accompagnés par leur(s) professeur(s). Il me semble inutile de faire un stage si celui-ci n’est qu’une étape scolaire et non un support pédagogique dans lequel les gamins apprennent à remplir des documents, formuler correctement un courrier, etc.
Un échange avec le professeur principal permet aussi de trouver des sujets à photographier durant le stage. Certains de mes clients ne souhaitent pas que j’intervienne avec un stagiaire. Cela permet donc, par exemple, d’aller photographier d’autres stagiaires sur leur lieu de stage. Cet échange permet aussi de clarifier certains éléments du stage, les horaires, etc.
Par le passé, j’ai fait l’erreur de donner du temps à des étudiants dont le projet était mal ficelé. Les professeurs n’ont pas voulu entendre mes remarques et faire leur contenu pédagogique et leur système d’évaluation. Il manque aujourd’hui dans cet exercice un élément essentiel … Aujourd’hui, je suis beaucoup plus vigilant. Je préfère que les choses soient le plus clair possible dès le départ.
Un accueil construit en amont pour un stage utile :
En discutant avec mon premier stagiaire et son prof principal venu nous visiter, j’ai découvert que certains stages ne se passent pas toujours dans les meilleures conditions. Ainsi, on m’a rapporté qu’un élève devait seulement être présent de 9 h à 17 h, il avait une chaise et devait attendre que la journée se passe. Un autre était le préposé à la photocopieuse.
De mon côté, après une première expérience, j’ai fait le choix de mieux préparer l’accueil de ces jeunes stagiaires. Je souhaite ne pas les dégouter en leur confiant des mission sans interet. Je souhaite leur montrer un maximum des facettes qui font le sel d’une petite entreprise comme la mienne. Avant le début du stage, je prépare un planning, chaque 1/2 journées est consacrées à des facettes différentes de notre métier de photographe.
C’est ainsi que moi, l’autodidacte, j’ai fait le tour des formations de photographes pour identifier les forces et faiblesses de ces formations. Ainsi, lors des stages, je peux plus facilement mettre l’accent sur certains points que ces jeunes stagiaires risquent de ne rencontrer qu’en devenant eux-mêmes indépendants.
Préparation et première rencontre, poser les bases du stage de troisième :
Avant le début du stage, je prends le temps de rencontrer mon stagiaire pour la première fois suite à sa candidature. Nous discutons de ses motivations, de ses intérêts pour l’entrepreneuriat ou pour la photographie et de ce qu’il espère apprendre durant cette expérience. Cette première rencontre me permet de cerner ses attentes et de préparer un programme personnalisé en fonction de ses centres d’intérêt.
Je ne présente pas au stagiaire tout le programme afin de garder des surprises, bonnes ou moins bonnes comme nous pouvons vivre lorsque l’on est entrepreneur. Je rajoute souvent une séance photo au dernier moment avec un delai très court pour créer une forme de pression comme celle que l’on rencontre parfois.
Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi |
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Accueil et présentation des outils Consignes de sécurité Première manipulation du matériel Préparation du matériel | Préparation séance photo du jour. Calcule et optimisation itinéraire. Photographies en extérieur, pour mise à jour du catalogue | Gestion du blog publication d’un article déjà écrit. Gestion des résaux sociaux Écriture d’un ou plusieurs article(s) et préparation des photos d’illustrations. | Shooting d’autres stagiaires | Post-traitement des photos Présentation des outils de gestion de l’entreprise, comptabilité |
Shooting packshoot Gestion du catalogue Lightroom (tri, titrage et legende des photos) | Gestion administrative des prochains shootings. (Demandes d’autorisations de photographier & droit à l’image) Gestion du matériel | Shooting packshoot et studio Tri et post-traitement des photos Préparation de la journée du lendemain | Shooting d’autres stagiaires et rencontre avec le prof principal | Rangement Question réponse Présentation des formations possibles Bilan du stage Préparation du rapport de stage |
Immersion dans le quotidien d’un photographe :
Les gamins vivent le portable greffé à la main en permanence, mais ils ne savent pas comment fonctionne un appareil photo. Il faut donc commencer par une présentation du matériel. On parle photographie numérique, mais aussi photographie argentique. On parle d’autres techniques de capture d’image. J’insiste sur l’importance de la taille du capteur, l’une des principales différences entre un smartphone et un reflex ou un hybride.
On parle bien sûr de tous les accessoires que l’on peut être amené à utiliser pour faire des photos. À chaque fois, les gamins découvrent que pour faire certaines photos, il faut beaucoup de matériel. Que pour d’autres, nous nous déplaçons avec un setup plus léger.
Pour finir, on parle de tout ce qui concerne l’informatique, les sauvegardes etc. Enfin, je termine par une rapide présentation des logiciels. J’ai ainsi pu voir se dégrader les compétences en informatique des stagiaires que j’accueille. Le portable est partout et aujourd’hui utiliser un PC parait de plus en plus difficile, les familles préférant s’équiper de smartphone plutôt que d’un ordinateur familial.
Apprentissage pratique :
Au cours de la semaine, nous avons réalisé diverses séances de prises de vue dans différentes conditions de lumière et de décor. J’ai guidé mon stagiaire dans l’art de composer une image, de jouer avec la lumière et de mettre en valeur le sujet. Nous sommes allés à la rencontre des certains de ses camarades qui effectuaient leur stage dans d’autres entreprises, l’occasion d’avoir une approche photojournalistique.
Lors de ces séances, je confie un appareil photo et une optique à mon stagiaire. Il s’agit d’un stage d’observation mais l’expérimentation est permise. Evidemment aucune photo du stagiaire ne peut etre utilisées dans le cadre de mon entreprise. Elles sont utilisées dans le rapport de stage que le stagiaire doit rendre à l’issue du stage.
À chaque fois, nous avons pris le temps de post traiter les photos tant avec Lightroom que Photoshop et d’autres logiciels pour confronter mon stagiaire avec différents flux de productions. Parfois avec des contraintes horaires, pour finir rapidement le traitement des photos et ainsi confronter le stagiaire à la pression du travail et à ses aléas.
Lightroom est proposé seul avec 1 To de stockage dans le cloud d’Abode. Mais on trouve aussi Lightroom dans un pack avec Photoshop et 20 Go de stockage cloud.
Il est possible d’augmenter la capacité du stockage moyennant finance
Gestion administrative et communication :
En parallèle des activités pratiques, j’ai consacré du temps à initier mon stagiaire à la gestion administrative d’une entreprise de photographie. Nous avons étudié la manière de gérer les commandes clients, d’établir des devis et de facturer les prestations. C’est l’occasion d’expliquer comment fonctionne notre économie et qu’un euro facturé ne représente jamais un euro gagné. On a consacré une longue partie de la dernière demi-journée à ces questions ainsi qu’à tous les aspects légaux qu’implique la pratique de la photographie professionnelle.
Être photographe ce n’est pas seulement appuyer sur un bouton, c’est aussi se battre avec le droit à l’image, faire vivre le droit d’auteur, faire des devis, de la comptabilité. Il faut aussi se former, c’est l’occasion de souligner l’importance de la formation continue en photographie. Enfin, il faut communiquer, préparer des photos, des stories sur Instagram, les programmer, les évaluer pour ajuster les publications suivantes.
Enfin, il y a la gestion du blog. Ici aussi, il faut prendre un peu de temps, trouver de nouvelles idées, trouver de nouveaux sujets ou de nouveaux angles. Par exemple cet article est une idée d’un stagiaire que j’ai accueilli il y a quelques années.
Des regrets après le stage
Les stages sont cadrés par une convention de stage. Je n’ai ainsi pas pu faire venir le stagiaire en soirée ni meme le week-end. Il n’a ainsi pas pu voir ce que cela implique de multiplier les prestations. De la meme manière il n’a pas pu asister à un photowalk ou un cours de photographie.
Bien sur on a abordé ces sujets durant le stage, mais cela n’a pas le meme effet sur le stagiaire.
Bilan et perspectives :
À la fin du stage, nous avons pris le temps de faire le bilan de cette expérience enrichissante. Mon stagiaire a exprimé sa gratitude pour cette opportunité unique de découvrir les coulisses du métier de photographe. Pour ma part, j’ai été ravi de partager mon savoir-faire et de voir son intérêt grandir au fil des jours. Nous avons évoqué les perspectives d’avenir et les possibilités de poursuivre sa formation dans le domaine de la photographie et la gestion d’entreprise.
En conclusion, ce stage d’observation aura été une expérience bénéfique tant pour mon stagiaire que pour moi-même. Il aura pu découvrir de manière concrète les différentes facettes du métier de photographe, de la pratique artistique à la gestion d’entreprise. Je suis convaincu que cette expérience aura été une véritable source d’inspiration pour lui, lui ouvrant de nouvelles perspectives dans le domaine de l’image ou de m’entrepeunariat.
Après l’accueil d’un stagiaire je suis parfois invité à participer au jury de l’oral du rapport du stage. Le jury est généralement composé de plusieurs maitres de stages, de parents et d’un prof. Au cours d’une demi journée on écoute plusieurs élèves faire leur rapport de stage à l’oral. Ils ont déja présenté leur rapport de stage à l’écrit. Cette étape permet aux élèves de troisième de se confronter à l’exercice d’une présentation orale. Pour certains ce sera l’un des rares examens oraux avant d’entrer dans le monde du travail.
Sympa comme article et comme démarche d’accueillir un stagiaire. En plus tu sembles avoir des valeurs trop souvent oubliées.
Dans ma boite on a des alternants mais on les utilise comme des salariés. Quand ils sont présents, on avance toujours plus vite que pendant leurs absences. Nous qui sommes salariés, en plus de devoir les encadrer, on doit compenser leur absence !
@YannavecunO
Trop d’entreprises utilisent les stagiaires pour une main d’œuvre à moindre cout. Ce n’est pas ma philosophie et je m’oppose à ce genre de situation. Mais combien de politiciens se sont réellement posés la question de ces apprentissages et autres stages obligatoires ou recommandés ?
Il y a quelques années, j’avais vu un reportage dans lequel un entrepreneur affirmait n’avoir que des stagiaires et aucun salarié. Je ne cache pas que ce soir-là, j’ai eu envie d’exploser ma TV.