Je m’appelle Mélanie, je suis photographe professionnelle depuis 2017. Je travaille principalement autour de l’émotion, notamment avec les familles et les moments de vie que j’immortalise en Lifestyle. Portraitiste, j’ai une affection toute particulière au studio. Je me rapproche du milieu de la musique, du concert et du backstage depuis 2020.
Comment as-tu commencé la photo ?
J’ai commencé la photo quand j’avais 12/13 ans, sans connaissance particulière du médium. À cette époque-là, je savais que j’étais une créative, et que je voulais absolument avoir un métier créatif. Je suis passée par plusieurs idées de métiers que je trouvais passionnant, mais c’est la photo qui est restée et qui m’accompagne depuis que j’ai eu mon première appareil photo en main.
On m’a toujours beaucoup mis de bâtons dans les roues, avec les classiques « c’est pas un vrai métier », « tu ne peux pas y arriver si tu connais pas des gens dans le milieu », mais ça n’a fait que renforcer mon envie de faire ce métier. J’ai réellement commencé la photo en commençant des études de photographie.
Comment as-tu appris la photographie ?
J’ai suivi un parcours classique jusqu’au Bac ES, et je suis rentrée à l’ESMA Montpellier en 2013, pour un Cycle professionnel en Photographie. C’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre la photographie, et à en faire une pratique régulière. Je ne me voyais pas apprendre seule à l’époque, parce que je ne savais vraiment par où commencer.
Aujourd’hui, j’apprends toujours beaucoup sur le terrain, ou parfois sur des plateformes type EMPARA. Je pense qu’il n’y a pas de limite à l’apprentissage, qu’on peut toujours s’améliorer et apprendre plus.
Quel est ton approche actuelle de la photo ?
L’émotion et l’honnêteté. C’est vraiment pour moi les lignes directives les plus importantes de ma pratique. Faire des photos sans émotions, pour moi ça n’a pas de sens.
Autant en Lifestyle, sur mariage, en famille, etc. c’est immortaliser des moments qui ont de l’importance. Surtout avec les enfants, le temps passe très vite et mes clients regrettent souvent de ne pas avoir eu plus de photos de leurs enfants petits. Figer ces moments simples, mais qui sont si précieux, et qui disparaissent si vite. Voir évoluer les enfants, chaque année sous mon objectif, tout ça, c’est le bonheur.
En portrait, l’émotion est toujours très présente, mais c’est différent. Il faut puiser un peu plus profondément, comprendre l’impact des images, et parfois juste prendre le temps de discuter avec le/la client/e. C’est aussi faire un travail de création d’univers pour correspondre au mieux à ce qu’on cherche à faire.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Je regarde beaucoup ce qu’il se fait dans la photographie actuellement. Pour ce qui est du studio, je puise énormément dans des influences musicales, mais aussi BD, films ou séries. Depuis toujours je suis pas mal de photographe de mode et des portraitistes de stars, notamment Tyler Shields ou David LaChapelle, mais aussi des photographe beaucoup plus abstrait comme Patrick Tosani. Forcément, je suis beaucoup de photographe sur Instagram.
Je suis une curieuse de nature, il m’arrive de faire des fixations sur des thèmes ou sujets, mais de ne pas forcément avoir l’idée qu’il me plait de suite. Dans ce cas, je met ça dans un coin de mon cerveau, en attendant de pouvoir traiter le thème comme j’ai envie. La musique m’inspire aussi beaucoup, c’est aussi pour cela que je développe cet aspect de mon métier également.
Aujourd’hui as-tu envie de découvrir d’autres domaines liés à la photographie ? Qu’est ce qui t’empêche d’essayer ?
Justement, début 2020, j’ai commencé la photo musicale et de backstage, qui est pour moi un rêve depuis quelques années. Il s’avère que 2020 n’est clairement pas la meilleure année pour commencer dans le concert puisque nous n’avons pas vraiment eu d’opportunité cette année.
Cette envie nait de mon amour pour la musique et de mon affection à l’esthétique des backstages. Pour moi, il se passe tellement de choses dans le monde de la musique, qu’on ne peut pas réduire un artiste à sa performance sur scène. Il s’agit aussi de voir sa façon de produire de la musique, ses préparations, et tous ces petits moments auxquelles ont ne pense pas forcément. Mais ma ligne directrice reste la même : rapporter les émotions de ces évènements, que ce soit sur scène, en backstage ou lors de tournage et/ou de séance photo de promotion d’artistes.
Comment définis tu ton statut et pourquoi ?
Je suis photographe professionnelle depuis 2017. Mon statut, d’un point de vue légal est celui-ci.
Personnellement, je me définie comme photographe d’émotions et portraitiste. J’aime voir ma pratique comme un coup de pouce aux souvenirs. J’espère aider les gens à se souvenir des bons moments, et à se souvenir des moments où, parfois, ils n’ont pas pu être présents. Avec les portraits, j’aime également crée des ambiances pour chaque personne, comme souvenir du temps. Qui n’est pas heureux de retrouver des photos de ces ancêtres, même si ma pratique a une vocation un peu plus artistique qu’à l’époque de nos grand-parents !
Quel est ton matériel et pourquoi ?
Je travaille principalement sur Canon. Mon boitier est un 5D Mark III, et j’ai 3 objectifs : un 100 mm macro, un 50 mm et un zoom 24-105 mm. Pour ma pratique, c’est suffisant pour le moment. Mon premier appareil photo était un Canon également, et quand je suis monté en gamme je voulais rester sur une marque que je connaissais bien.
Mon second boitier est un Fujifilm X-T3, plus récent, et moins encombrant, donc plus pratique en boitier secondaire, et lors de mes déplacements.
Pour ce qui est du studio, je suis sur des lumières Elinchrom et Manfrotto pour les trépied et support de fond. C’est des marques sur lesquelles j’ai appris à l’école, et c’est des marques de qualité, c’est pour ça que j’ai fait ce choix.
D’une manière générale, je reste persuadée que le matériel ne fait pas le photographe. Mon matériel n’est pas forcément très récent, mais me permet encore aujourd’hui de pouvoir travailler.
Quel est ton « flux de production » ? De l’idée à la diffusion de la photo
Pour le Lifesyle et le portrait clientèle, l’idée se fait directement le jour de la séance photo, puisque je découvre le lieu le jour de la séance photo.
Ensuite, je photographie en prenant soin à diversifier les prises de vues. Une fois rentrée, je copie tout sur mon ordinateur et sur un disque dur. Je fais mon tri et mes traitements sur Capture One. Je suis sur ce logiciel depuis quelque temps déjà, et je le préfère à Lightroom. Une fois le traitement fait, j’envoie une planche contact au client pour qu’il puisse choisir ses photos.
Une fois leur retour, je réadapte le traitement si besoin, et je passe les images sélectionnées par le client sur Affinity Photo, pour faire de la retouche quand il y a besoin. Je ne retouche jamais les corps, mais il m’arrive de modifier des arrières-plans, des petites impuretés, etc.
Pour les photos mode/portrait, l’idée est prévue en amont grâce à des moodboards que j’envoie à l’équipe du shooting prévu. Le déroulement est le même, sauf que je fais moi-même la sélection, et je passe toujours les photos par Affinity Photo, pour quelques modifications, notamment sur le fond, et sur les impuretés également.
Ensuite les photos sont envoyées par Dropbox au client ou à l’équipe, et à partir de là je peux commencer à diffuser sur mes réseaux et mon site internet.
Où montres-tu tes photos et pourquoi ces choix ?
Principalement Instagram et mes sites internets.
Compte principal :
https://melaniebutez.wixsite.com/photographe
https://www.instagram.com/melaniebutezphoto/
Compte musique :
https://melaniebutez.wixsite.com/melbp
https://www.instagram.com/melbp.photo/
Instagram est lié à Facebook, donc il y en a quelques-unes qui arrivent aussi sur Facebook.
J’ai choisi Instagram pour la facilité, et la proximité avec les gens, même s’il y a beaucoup de défauts à ce réseau, ça me permet de garder un lien avec mes clients.
Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs photographiques ?
Mes meilleurs souvenirs, c’est clairement toutes les rencontres que je fais et le sourire des personnes que je photographie. Écouter les parcours de vie de chaque personne, chaque client, leurs envies etc. pour pouvoir faire des photos qui leur ressemble, ça c’est vraiment chouette. Et une fois qu’ils voient les photos, leurs sourires, leurs larmes parfois… C’est pour ça que je fais ce métier: Faire plaisir aux gens, les faire se sentir bien et leur permettre de se souvenir.
Mes pires souvenirs, c’est plutôt l’administration ! En photo, j’ai pas vraiment de mauvais souvenirs, seulement les phrases un peu déplacées parfois, notamment sur mariage. Typiquement, les « C’est quoi votre vrai métier? », « Il est où le vrai photographe ? » en cherchant un homme plus âgé, « Vous avez un appareil photo qui fait de bonnes photos, hein! »… Je pense qu’on les a tous entendues celles-ci. Le pire je pense que c’est « Oh, mais vous êtes jolie, vous ne devriez pas être derrière l’appareil photo, mais devant ! ». Je sais que c’est généralement voulu comme une compliment, mais non, elle passe pas bien celle-ci, haha.
Tu illustres cet interview avec plusieurs photos, pourquoi celles ci ? Raconte-nous leurs histoires
En premier, mon autoportrait : Depuis la crise du Covid, je fais beaucoup de mes tests lumières (notamment en studio) sur moi. La technique en autoportrait est un peu différente, mais l’exercice est très intéressant à faire ! J’en ai fait beaucoup plus cette année.
La suivant, en mariage. C’est une photo de ma saison mariage 2019, et c’est un mariage que j’ai beaucoup aimé, qui avait une lumière extrêmement agréable. Là, les photos de couple avant l’arrivée des invités, et on en profite pour attraper des moments un peu spontanés comme ici.
Ensuite, en studio, un des derniers projets que j’ai faits en studio avec la magnifique Barbara Banner. Cela faisait très longtemps qu’on avait décidé de faire une séance photo ensemble, mais on arrivait jamais à se synchroniser ! En finalement, en octobre dernier, elle est venue au studio, et on a énormément produit : 5 sets différents en une après-midi ! Elle fait partie de ces gens avec qui je travaille avec beaucoup d’efficacité, et avec de bons résultats, c’est très agréable.
En suivant, une photo lors de répétition du groupe Quai 3. Celle-ci montre bien le genre d’images que je veux faire avec ce nouvel aspect de ma pratique. C’est cette partie-là que j’étais en train de développer début 2020. Forcément, les choses sont un peu ralenties compte tenu de la situation, et de l’état du monde la musique aujourd’hui, mais j’espère pouvoir reprendre rapidement.
Celle ci-dessous, qui fait partie d’un projet abandonné malheureusement. Ce projet était basé autour de la beauté de la femme et montrer les femmes comme des déesses en créant un univers avec une équipe. J’étais accompagnée de Lola Nieto au maquillage et d’Emilie Chenevière à la coiffure. Le projet était à la base constituée de 6 shooting distincts, avec 6 modèles différentes. Le seul qu’on a pu faire est celui-ci, avec Pauline, en mars dernier. Après ça, encore une fois, les choses ont été suspendues.
J’ai choisi ces photos qui, pour moi, montrent les différentes facettes de mon travail, qui est finalement assez varié.
Quelle question te pose-t-on trop souvent au sujet de ta pratique photographique ? Que réponds-tu ?
« Est-ce que tu as fait des études en photographie ? » Ou une question sur le matériel que j’utilise.
Je pense que ça rassure les clients de voir que du haut de mes 25 ans, je ne sors pas de nulle part, et que j’ai appris avec des professionnels. Après, je pense qu’on peut être très bon sans avoir fait d’étude et très mauvais en ayant fait des études, et j’ai beaucoup appris hors école de toute façon.
Je leur dis juste que, oui j’ai fait des études, quel est mon matériel, mais je les préviens que ça ne fait pas tout. Ni les études ni le matériel ne fait la sensibilité du photographe. Je suis toujours très transparente avec mes clients. L’honnêteté est pour moi une valeur essentielle à l’existence de ma pratique.
As-tu un conseil pour les photographes qui ont (ou veulent avoir) une pratique similaire à la tienne ?
Ne surtout pas lâcher ses rêves. Si j’avais écouté toutes les personnes qui m’ont dit que je n’y arriverai jamais, que ce n’était pas un « vrai » métier, qu’il n’y avait pas de débouchée, etc. Je ne sais pas où je serais aujourd’hui.
Être têtue, mais à l’écoute de son entourage et bienveillant. Ne jamais abandonner sa sensibilité, encore une fois quoi qu’on vous dise.
Et pour finir, osez, tentez et apprenez à échouer. LOVE.