Je m’appelle Ary Brami, je suis marié et père de 3 enfants (10, 8 et 6 ans). Après 29 ans en région parisienne je me suis expatrié en Israël ou je vis depuis 11 ans.
Je me suis trouvé un petit coin tranquille en bordure du Negev, idéal pour son climat, sa nature, ses paysages (Faut aimer le désert… moi j’adore !).
Je cumule actuellement une activité de responsable informatique dans une association qui accueille des enfants issus de milieu défavorisé à mes activités photo professionnelles (photos de petits évènements, cours photo et excursion photo guidée dans la nature).
Comment as-tu commencé la photo ?
J’ai commencé la photo de façon sérieuse au sein de l’association ou je travaille. Comme responsable informatique je suis aussi chargé de la communication et donc j’ai essayé de prendre régulièrement des photos des activités pour avoir du contenu sur lequel communiquer.
De fil en aiguille et à force de prendre des photos dont je n’étais pas toujours satisfait, j’ai commencé à me documenter. Plus j’en apprenais, plus ça me plaisais et plus je cherchais à diversifier mes prises de vues, mes expériences… Quand je me suis rendu compte que le matériel que j’utilisais était un frein à ma progression, je me suis fait offrir un reflex (merci Maman !), ce qui a logiquement accéléré ma pratique.
Comment as-tu appris la photographie ?
Essentiellement via Internet, et avec beaucoup de pratique. Avant de recevoir mon reflex, j’avais commencé à me former surtout en fréquentant les différents sites et blogs francophone à ce sujet (dont celui-ci).
J’avais tellement apprécié ce mode de communication qu’a la réception de mon appareil, j’en ai profité pour ouvrir mon propre blog (Aventure Reflex) pour faire part de mon expérience, de ce que j’avais appris, de mes sorties etc… J’ai beaucoup appris aussi par ce biais grâces aux commentaires et conseils reçus.
Je n’oublie pas non plus dans mon apprentissage l’importance du projet 52 auquel j’ai participé au tout début de ma pratique. En étant obligé de réfléchir à mes photos et surtout à travailler sur des thèmes parfois très loin de mes sujets de prédilections je pense que ça m’a grandement aidé à maitriser mieux mon appareil et mes prises de vues.
Pour moi, Internet est une vraie mine d’or pour qui veut apprendre gratuitement la photo (mais pas seulement !)
Quel est ton approche actuelle de la photo ?
Les photos que je fais pour mon propre plaisir sont actuellement essentiellement orientées nature. Paysage de nuit comme de jour récoltés durant les excursions que je fais autour de chez moi. Je me fais avant tout plaisir en découvrant des lieux magnifiques, c’est une déconnexion totale.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
J’avoue que je suis un gros inculte au niveau photo. Je suis bien incapable de citer des noms de photographes dont je m’inspire. Du coup mes sources d’inspiration se trouvent surtout sur les réseaux sociaux que je fréquente (Flickr / Instagram / Facebook). Les photos publiées dans les différents groupes auquel j’appartiens sont pour moi une source de motivation et d’inspiration sans cesse renouvelée.
Aujourd’hui as-tu envie de découvrir d’autres domaines liés à la photographie ? Qu’est ce qui t’empêche d’essayer ?
Depuis longtemps je voudrais faire des poses longues en journée, m’essayer aux filés d’eaux, de nuages etc… Il faut que j’achète un ou des filtres pour ça… je le dis depuis 4 ans je crois !
Je voudrai bien aussi faire prochainement des times laps, notamment de ciels nocturne. Il me manque surtout pour ça du temps à consacrer à ce genre de projet.
Faut aussi que je progresse en terme de post traitement, je suis encore loin d’arriver au niveau d’autres photographes qui parviennent à tirer le meilleur de leurs clichés.
Comment définis tu ton statut et pourquoi ?
Actuellement je suis tout d’abord salarié d’association au sein de laquelle je rempli entre autre la fonction de photographe. Mais depuis le mois de Janvier je suis aussi autoentrepreneur (en tout cas son équivalent Israélien, qui semble bien plus simple et facile à mettre en œuvre) et gère donc en parallèle ma propre affaire autour de la photographie. Après un début très calme, le mois dernier a vu une grosse augmentation de mon activité (surtout des formations).
Ce double statut me convient bien (même si ça me fait des semaines de 50 heures de travail en ce moment) car il m’offre une certaine sécurité tout en augmentant légèrement mes revenus.
Quel est ton matériel et pourquoi ?
Mon matériel est assez basique compare à d’autres photographes. C’est à la fois un choix de gestion de budget mais aussi un conviction plus profonde. Je n’ai que très rarement senti les limites de mon matériel qui m’aurai donné à penser que j’aurai pu faire de meilleures photos avec un meilleur matos. Ainsi j’essaye de toute mes forces de résister aux sirènes du marketing des fabriquant (mais c’est bientôt mon anniversaire, donc…).
Pour faire une liste je dispose de :
- 3 boitier Canon 600D (le plus vieux à 4 ans plusieurs dizaine de millier de cliché et ne montre pas de signe de fatigue). Même si je ne fais de photo d’évènement que rarement pour l’instant, je ne suis pas assez inconscient pour me contenter d’un seul boitier. Les 600D bien qu’assez anciens, sont à mon sens des boitiers solides, simple et qui délivrent des photos tout à fait correctes. Leur relative ancienneté fait qu’on les trouvait en boutique a un prix relativement bas.
- Quelques objectifs : Canon 18-135mm, Canon 50mm f/1.8, Tamron 70-300 f/4-5.6, Tokina 11-16mm f/2.8. Le 18-135 reste mon couteau suisse, mon objectif a tout faire. Mon préféré est le Tokina, j’adore l’impression d’immensité des clichés pris avec et sa grande ouverture associée à un Ultra Grand Angle est très efficace en photo de paysage nocturne.
- Deux flash Yongnuo, un manuel le YN560-II et un TTL le YN568EX II.
- Quelques autres accessoires : Sac à dos (Lowepro), Télécommande filaire, Trépied (RedGed), réflecteur 4 en 1, Diffuseur pour flash (LumiQuest)…
Quel est ton « flux de production » ? De l’idée à la diffusion de la photo
Mon flux de travail est très différent selon les situations :
Pour les photos de l’association, type reportage sur les activités, j’amène avec moi le strict minimum, un boitier et un objectif polyvalent, le 18-135mm, parfois lors d’évènement de nuit, un flash. Je shoote en jpg. Très rapidement après le shooting (la plupart du temps le jour même mais parfois le lendemain), je transfère les photos sur mon PC et le serveur de l’assoc qui est sauvegardé quotidiennement. J’ouvre les photos avec Darktable, j’élimine les photos ratées et sélectionne les plus belles pour diffusion sur la page Facebook de l’association. Le post traitement est réduit au minimum, parfois un léger recadrage, rarement plus.
Pour les photos de mes clients « prives » type évènementiel, tout commence par une rencontre avec eux ou je définie le type de photos désirés, la durée du shooting, les personnes importantes… j’utilise systématiquement 3 boitiers, deux sur moi avec deux objectif différents et un troisième que je laisse en sécurité au cas où. Je shoote en Jpg+RAW. Immédiatement après le shooting, peu importe l’heure, je copie systématiquement toutes les photos sur mon PC ainsi que sur un disque externe. Je m’accorde 3 ou 4 jours pour trier et traiter les photos. En général et sauf demande spéciale des clients, je leur remets toutes les photos (les jpg) ainsi qu’une sélection des 100 meilleures sur lesquelles je concentre mon post traitement (à partir des RAW). Celui-ci se fait aussi avec Darktable et prend selon le besoin entre quelques secondes et quelques minutes par photos.
Pour mes propres photos tout commence par la sélection d’un lieux (je pioche la plupart du temps dans des guides de randonnée pour sélectionner les endroits potentiellement photogéniques, ça ne manque pas autour de chez moi ! Je me sers aussi beaucoup de carte d’état-major pour repérer les reliefs notamment). J’essaye de fixer le meilleur moment en fonction des saisons (elles influent énormément sur la végétation du désert et le flux des rivières de la région), de la météo, des heures de lever/coucher du soleil, des phases de la lune… selon le type de photo que j’aimerai faire. Dans ce genre de situation, étant obligé la plupart du temps de marcher assez longtemps, j’essaye de limiter l’équipement et le poids. Je prends un seul boitier, de 1 à 3 objectif, souvent mon trépied. Au retour de shooting, c’est là que je suis beaucoup moins soigneux que dans les autres cas. Il se passe souvent plusieurs jours avant ne serait-ce que de transférer les photos vers mon ordinateur… et la sauvegarde… de temps en temps. Par contre c’est là que je passe le plus de temps en post production, sur mes meilleures photos de quelques minutes à quelques dizaines pour certains cas précis.
Où montres tu tes photos et pourquoi ces choix ?
Mes meilleures photos se retrouvent dans mon Flickr (qui me sert aussi de sauvegarde dans le cloud) et souvent au sein de mes articles dans mes blogs (l’ancien : Aventure Reflex et le nouveau : Israel Nature Photography by Ary).
Flickr me permet de sauvegarder et d’organiser mes photos par albums, lieux, dates, mots clefs et de les partager avec un grand nombre de nouvelles personnes.
Mes blogs me permettent d’en dire plus autour de mes prises de vues, expliquer les conditions rencontrées, parler des lieux que j’ai découvert et partager mes expériences.
J’en publie aussi certaines sur ma page Facebook comme illustration de mon activité. Quand à Instagram il me sert à partager plutôt l’envers du décor.
Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs photographiques ?
Mon pire souvenir s’est déroulé il y a quelques mois. J’étais sorti à l’aube faire des photos dans la forêt en bordure de mon village. Je ne l’ai encore que partiellement explorée et ce jour-là j’avais décidé de me promener le long d’un nouveau sentier. Je laisse donc ma voiture et après quelques minutes de marche découvre un troupeau de mouton. L’embêtant c’est qu’à l’aube, le berger dort encore et seuls une dizaine de chiens gardent les bêtes. Et ils gardent super bien. Quand ils se sont tous précipité à ma rencontre en aboyant tous crocs dehors j’ai bien cru qu’on allait retrouver mon corps à moitié dévoré sans même que personne ne m’ait entendu crier… Heureusement qu’ils se sont contenté d’aboyer et de me suivre jusqu’à ma voiture. Mais que ces quelques minutes m’ont parue longue !!
Pour ce qui est de mon meilleur souvenir, je pense que je garde une place spéciale à l’atelier photo ‘’ coucher de soleil et voie lactée’’ organisé en Aout dernier pour quelques-uns de mes élèves. Leur satisfaction de voir apparaitre notre galaxie sur l’écran de leur appareil pour la première fois et les remerciements pour les conseils prodigués m’ont procuré beaucoup de plaisir.
Tu illustres cet interview avec plusieurs photos, pourquoi celles ci ? Raconte-nous leurs histoires
La première photo est mon premier panorama complet de la voie lactée. J’aime bien cette photo car c’était l’un des objectifs photo que je m’étais fixé pour cet été. C’est l’une des rares photos que j’ai prise durant l’atelier dont j’ai parlé ci-dessus ou je me suis concentré plutôt à donner des conseils à mes élèves. Je me suis accordé quelques minutes pour réaliser ce cliché. Ma première tentative a été la bonne.
Sur la deuxième photo on peut voir la silhouette de mon neveu qui s’est mis aussi sérieusement à la photo cette année. Comme il vit en France, nous avons passé quelques mois à échanger autour de notre passion commune par mail / téléphone… Nous avons passé de bons moments photographique ensemble cet été lors de sa visite.
La troisième photo tient une place particulière surtout du fait des conditions climatiques que j’ai dû affronter pour la réaliser. Je l’ai prise à l’aube en pleine hiver. Il faisait un ou deux degré (quand on est habitué à une moyenne de 20 degré ça fait tout drôle…), mon trépied et moi enfoncé dans une quinzaine de centimètre de boue au bord de cet étang gelé à attendre le lever du soleil. De bons souvenirs finalement.
La quatrième est issue d’une série réalisée il y a près de deux ans durant l’éphémère mais spectaculaire floraison annuelle des anémones, dans le sud du pays. J’ai sélectionné celle-ci car on y voit l’une de mes élèves en pleine prise de vue… Je réalise qu’en fait ma passion de la photo ne s’épanoui totalement qu’avec la transmission de celle-ci a d’autres.
As-tu un conseil pour les photographes qui lisent ce billet ?
Deux en fait : ne jamais perdre de vu le plaisir et essayer de profiter de chaque moment. De les graver dans sa mémoire en même temps que de les prendre en photo.
Ne pas croire qu’un meilleur matériel fera à lui seul de meilleures photos.
Quel autre photographe francophone devrait être interviewé prochainement ?
Je propose un ami de longue date, Nissim Sellam qui notamment interview et photographie d’ancien rescapés de la Shoa au sein du projet ‘’The last Link’’
Merci pour l’interview! assez fier de me retrouver ici !
@ary
De rien 😉
Merci à toi d’avoir joué le jeu 😉
Toujours sympa de connaitre davantage ceux qu’on croise régulièrement sur la blogosphère 😉
@Seb
C’est l’un des objectifs de ces portraits
J’ai adoré!!!
@Binyamin Dukan
J’ai prévu de publier un portrait par mois 😉
Super interview! Et je me retrouve pas mal dans certains de tes propos, Ary ;). Et je suis à 100% d’accord avec tes conseils 🙂
@elPadawan
Serais tu un clone ?