Connaissez-vous le rêve de tous les chasseurs d’orages ? Trouver le bon endroit, en sécurité pour réaliser de belles photos de foudre. Ce soir, j’ai eu peur de rentrer bredouille après un choix un peu hasardeux. Heureusement la chance a sauvé ma soirée et m’a offert la possibilité de faire quelques photos.
Mais avant revenons un peu en arrière. Lors du précédent orage, j’étais à pied. La voiture étant indisponible j’ai dû choisir un spot à côté de la maison. Pour cette semaine, j’ai la voiture à disposition. Je peux donc me déplacer plus loin et avec un refuge accessible.
On ronge son frein avant de pouvoir partir
« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point » disait la fable de De La Fontaine. Pour une chasse à l’orage, il faut se montrer tout aussi prudent. Parfois, on observe des situations pouvant donner quelques impacts et rapidement on déchante face aux éléments qui ne suivent pas ce que l’on voudrait voir.
Chasser l’orage comporte des risques, soyez prudents !
Heureusement, aujourd’hui avec les ressources disponibles sur le web, il est possible de prévoir avec une plus grande précision la trajectoire d’un orage. Il arrive encore que l’on déchante. Parfois la pluie s’invite à une chasse à l’orage. Dans ce cas, pour éviter de mouiller le matériel, mais aussi pour des questions de sécurité, on se replie dans la voiture en attendant que ça passe.
La veille déjà, j’ai passé mon tour. L’orage dans les Pyrénées a gardé sa trajectoire suivant le piémont pour aller pourrir en Ariège. Un noyau orageux s’est formé dans le même temps dans le Gers. Ici aussi, il y avait une faible chance que l’orage se rapproche de la Ville Rose. Mais sur les radars, on a pu le voir prendre la direction du nord.
Le grand soir, enfin, on ne sait pas trop
Lorsque la météo laisse penser que de l’orage va se produire sur Toulouse, de nombreux chasseurs d’orages viennent discuter. Toujours intéressant dans ces moments d’incertitude d’avoir différents points de vue. C’est l’occasion de collecter quelques données sur ce qu’il est possible de voir (ou de ne pas voir).
Sur le plateau de Lannemezan, l’orage commence à se former. Il s’étend lentement jusqu’à Saint-Gaudens avant de se diriger vers le Nord. La cellule orageuse remonte par le Gers. À Toulouse, le ciel s’assombrit. Il fait nuit en plein jour. L’éclairage public n’est pas encore allumé.
Retrouvez mes conseils et astuces pour photographier l’orage de jour, comme de nuit
Quelques impacts frappent très au sud de Toulouse. Je perçois dans les cartes la possibilité de me rendre sur un spot pour y installer mon trépied. Mais la pluie menace. S’il pleut, il va être difficile de sortir une photo. Le matériel va prendre l’humidité sans doute pour rien. Pire sur les radars, on voit de la grêle remonter en direction de Toulouse.
Je change donc mes plans, je me dirige vers un spot que j’ai repéré. Ce n’est pas le meilleur, il est sous un pont. Il permet d’être à l’abri. Mais pour l’exploiter, il faut de la chance, beaucoup de chance.
Des dangers sur la route, allumez la lumière !
Sur la route tombent quelques gouttes de pluie. Elles annoncent l’orage qui arrive. Sur le bitume plongé dans le noir, il faut être très vigilant. Certains automobilistes roulent sans allumer leurs phares. Mais je redoute encore plus les cyclistes ninja. Ils sont habillés tout en noir sur des vélos noirs qui ne disposent d’aucun élément réfléchissant ni d’éclairage. Ils déboulent de n’importe où, au plus grand mépris du Code de la route.
Sur la route, quand il pleut, on devient un peu plus con. Certains multiplient les erreurs, oublient les clignotants ou prennent des sens interdits. Quand un ninja déboule, ça se joue souvent à rien pour transformer le bitume en bowling.
Sous le pont, le tonnerre n’est pas celui que l’on croît
Au-dessus de moi, j’ai un pont qui me protège de la pluie. Je ne peux voir que le Sud Sud Ouest. L’angle d’observation est réduit. La pluie est forte, la route pourtant abritée s’inonde légèrement.
Chaque camion qui passe sur la route qui m’abrite donne l’impression d’entendre le tonnerre qui gronde. Cependant, jusqu’à maintenant, seuls quelques impacts lointains ont émis un flash lumineux.
Mon boitier équipé d’un 50 mm que je ne l’utilise que trop rarement lors de chasse à l’orage déclenche en mode timelapse. J’ai chargé la pluto trigger de faire ce boulot à ma place. Je me concentre sur les passants qui viennent s’abriter sous le pont. Je surveille les cartes météo. Je fais quelques stories pour instagram.
Quand je commence à m’impatienter, un éclair semble ramper sous la couche de nuage. On appelle ces éclairs des spiders. Cela me motive à rester un peu plus. Mais l’orage se dirige vers le Nord. L’activité électrique se concentre désormais sur Montauban.
Un autre impact se montre, il tombe pile derrière un arbre qui le masque en partie. Cet impact est rouge.
2 éclairs bleus avant de rentrer
Par la suite je vois sur mes radars qu’un bout d’orage se dirige vers l’est. Je croise les doigts pour avoir un peu de chance et enfin obtenir LA photo. J’entends le boitier déclencher. J’ai un peu l’impression de perdre mon temps quand soudain…
Un éclair illumine le ciel de Toulouse. Il n’a pas fini de briller qu’un second zèbre le ciel. Ces deux impacts tombent pile dans le cadre que j’ai choisi. Enfin la photo que j’attendais.
Alors que la télécommande vient de lancer une nouvelle photo, je la débranche et voilà qu’un nouvel impact de foudre lézarde le ciel. Quelques secondes après, j’entends enfin le tonnerre et cette fois ce n’est pas un poids lourd qui chemine au-dessus de ma tête. Le roulement du tonnerre est puissant, tout vibre autour de moi.
Je plie tout mon barda, saute la voiture. Sur la route, il y a bien moins de monde qu’à l’aller. Les ninjas et les cyclistes semblent avoir disparu. Dans une rue, un arbre barre la route, quelques habitants du voisinage attendent un technicien pour déplacer la branche qui repose sur un camion. Je suis obligé de faire demi-tour. Plus loin, j’observe quelques feuilles de platanes dans les caniveaux.
La couleur de la foudre
Dans des conditions optimales, un éclair est blanc (très légèrement indigo). Mais La composition de l’atmosphère modifie la couleur d’un éclair. En fonction de la couleur de la foudre, il est possible de déterminer ce que l’on trouve dans la masse d’air qui sépare l’impact et l’observateur.
- Blanc : air sec
- Rouge : pluie
- Bleu : grêle
- Violet : mélange de pluie et de grêle
- Jaune : poussières/sable/pollen
Les éclairs les plus puissants peuvent prendre une teinte plus bleutée que les éclairs normaux.
Parfois les photos ne montrent pas la réalité. Les réglages de la balance des blancs peut faire varier la couleur d’un éclair lors d’une prise de vue.