Une chasse à l’orage qui se partage entre amis

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Enfin le compteur des photos d’orages 2021 s’ouvre. Les orages n’ont pas épargné la région, mais soit les conditions ne permettaient pas de chasser l’orage, soit je ne pouvais pas chasser l’orage. J’ai par exemple raté les photos d’une imposante cellule orageuse alors que je faisais mes courses.

Depuis une semaine, je guette le ciel, j’évite les réseaux sociaux sur lesquels pullulent les photos d’orage, notamment les cellules champenoises. Mais je regarde fréquemment les modèles météo. J’ai une bonne excuse, des amis qui je n’ai pas pu voir depuis (trop) longtemps m’ont fait la surprise de débarquer à Toulouse.

Habituellement je chasse seul ou avec d’autres chasseurs d’orages. Les risques sont trop importants pour chasser avec des inconnus. Je ne souhaite pas prendre la responsabilité d’une personne en qui je ne peux pas avoir une confiance aveugle.

L’orage forme un bourrelet qui s’étend du sud de la Haute-Garonne jusqu’au Tarn-et-Garonne

Des amis qui découvrent la chasse à l’orage

Depuis que je connais Gabi et Jérôme, nous avons souvent échangé sur les orages. En Belgique, dans la province de Liège, les orages sont assez fréquents. Cependant, ils semblent éviter leur secteur. Lors de leur voyage en Thaïlande, ils ont vu de très nombreux orages.

Ils ont bien essayé de capter un éclair, mais l’exercice n’est pas toujours simple. Pourtant, j’ai partagé avec eux mes conseils et astuces pour chasser les orages. Mais dans les photos d’orages, il y a photos et c’est souvent ici que l’on voit arriver les insatisfactions. Il faut trouver le bon endroit pour faire un photo d’orage.

Depuis que je connais Jérôme et Gabi, j’ai souvent parlé avec eux de mes chasses à l’orage. Nous nous sommes toujours promis de partager une chasse à l’orage ensemble. Il suffisait pour cela que l’on arrive à se réunir au bon moment. Ce fut le cas lors de ce premier orage de la saison 2021.

Dans l’après midi, avant d’aller nous perdre en centre-ville, nous sommes allés voir le défilé des joueurs du Stade Toulousains. En rentrant un peu avant 20 h à la maison, mon radar m’indiquait une forte activité électrique du côté de Tarbes. Le vent et la direction de l’orage indiquaient que l’orage allait rapidement venir vers Toulouse. Une occasion comme celle-là ne se rate pas. Nous avions faim, nous étions un peu fatigués par la chaleur, mais il m’a seulement fallu dire qu’un orage approchait de Toulouse pour que tout le monde saute dans la voiture.

Un orage caché dans la brume

Pour cette chasse à l’orage, je voulais me placer dans une zone pratique. Je souhaitais assurer la réussite, mais aussi la sécurité de la chasse à l’orage. J’ai donc mis de côté les spots un peu inhabituels que je prévois de visiter cette année. Nous avons ainsi pris la direction de Pech-David. L’endroit, rapide d’accès, permet d’observer l’arrivée de l’orage.

Sur la route, je leur rappelle les consignes de sécurité. S’ils ne sont pas à l’aise, la voiture est ouverte pour qu’ils puissent s’y réfugier. Par contre, si je dis tout le monde à l’abri, ils n’ont pas le droit de négocier. La voiture sert de refuge en cas d’activité électrique, nous sommes protégés. En effet, grâce aux pneus, une voiture ou tout autre véhicule fermé agit comme une cage de Faraday. Il suffit juste de faire attention aux projections diverses. En cas de vent fort, les branches peuvent tomber. En cas de grêle, le grêlons peuvent être plus nombreux si on essaye de s’abriter à côté d’une maison ou d’un immeuble.

Sur le parking, on laisse la voiture de sorte à pouvoir la retrouver rapidement. Je sais en observant le ciel que les Toulousains qui prennent l’air ou terminent leur apéro ne vont pas rester bien longtemps avec l’approche de l’orage. On s’installe rapidement. On branche les déclencheurs et opérons quelques réglages. Jérôme applique avec soin les conseils que je peux lui donner, il utilise la Pluto Trigger. Gabi observe et fait des vidéos de la chasse à l’orage.

L’orage se cache dans la brume. La cellule orageuse aspire toute l’humidité qui se trouve entre elle et nous. Le vent se dirige alors vers la cellule (inflow). Après une journée ensoleillée, ce vent fait du bien.

Je profite de l’occasion pour découvrir l’installation du futur téléphérique urbain. Il passe légèrement au sud de la zone où je me place pour photographier les orages. Le pylône est bien visible, mais plus que le pylône, je me demande comment on va pouvoir faire avec ces câbles qui passent dans le paysage.

L’un des nombreux spaghettis visibles depuis Pech-David avec au premier plan l’Oncopole de Toulouse

Un orage tout en douceur

Lentement l’orage s’approche de Toulouse. J’espère secrètement que l’orage aura la politesse d’éviter la Ville Rose. Petit à petit la brume semble disparaitre. Un bourrelet nuageux s’étend des Pyrénées jusqu’au sud du Tarn-et-Garonne. On distingue plus clairement quelques flash lumineux quand soudain le premier impact se montre. Il zèbre le ciel. Autour de nous, certains paraissent surpris.

Les Toulousains se dépêchent de ranger leur affaires. Certains crasseux balancent leurs ordures par-dessus la falaise de Pech-David. Un chasseur d’orages arrive à ce moment et déploie rapidement son trépied. Quelques curieux viennent discuter, certains parlent photos ou matos, d’autres parlent de météo.

Je peux facilement expliquer à mes amis comment fonctionnent les orages à Toulouse. Je peux expliquer les sens du vent durant l’orage. On parle de l’effet des villes ou des reliefs sur les orages. On parle de la géographie. Ils ont souvent entendu mes récits, mais pour eux cela restait abstrait. On échange nos anecdotes.

Nous devons constamment ajuster nos réglages. La luminosité évolue rapidement. Petit à petit, on enregistre des impacts de foudre. Le plus souvent, ils prennent la forme de spaghettis. De longs vers lumineux zèbrent le ciel sous le bourrelet nuageux qui se rapproche de Toulouse. Le plus difficile et de choisir une direction, les impacts se multiplient, mais même avec un ultra grand angle impossible de tous les capter.

La foudre tombe dans le Gers

La nuit tombe sur Toulouse

Il fait nuit sur Toulouse, le vent change de direction. Le vent vient désormais de la cellule orageuse (outflow). Ce vent est produit par la chute des précipitations. Nous ne sentons pas encore les goutte sur nous, mais on sait, on voit que la pluie approche. Une rafale de vent tente de faire tomber mon trépied. Il était mal placé, c’est la première fois que cela m’arrive. Heureusement nous sommes plusieurs à pouvoir attraper le trépied avant qu’il ne tombe.

On devine l’odeur de pétrichor. Cette odeur caractéristique des pluies d’été. Mais aujourd’hui cette odeur n’est pas très prononcée. Les pluies successives de la semaine ont lavé les sols. Les premières gouttes se font sentir. On protège nos boitiers sous des sacs plastiques.

Les impacts que l’on voit sont puissants. Très lumineux, on entend le tonnerre qui gronde. Sur mon radar, l’activité électrique se rapproche lentement de Pech-David. Nos cellules déclenchent fréquemment, parfois pour de simples intranuageux qui manquent de photogénie.

Je peux chasser avec mes amis à qui j’ai promis une chasse à l’orage et le spectacle kéraunique est au rendez-vous. La pluie s’invite à la fête, à notre fête. Soudain, mon smartphone se met à sonner. L’orage devient dangereux pour nous. Rapidement on se retrouve dans la voiture. Les trépieds et les boitiers sont dans la voiture.

Un éclair puissant illumine le ciel et permet d’observer le découpage des nuages. Au premier plan les lumières rouges indiquent aux aéronefs le passage des câbles du Téléo au-dessus de la Garonne

On discute en observant la foudre, en écoutant le tonnerre qui gronde tout autour de nous. Les gouttes de pluie semblent lourdes. J’attends que ça se calme pour reprendre la route. Le premier coup d’essuie-glace laisse penser qu’il y a du sable ou de la poussière en suspension. On essaye de changer de spot, mais la pluie, froide, redouble. Nous avons juste eu le temps de replacer nos boitiers. L’activité électrique est trop faible. On préfère se mettre au chaud.

Direction la maison où une douche chaude nous attend, chacun notre tour. Cette première chasse à l’orage avait vraiment un gout particulier. Il s’agit sans doute d’un gout de « reviens y ».

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