Cette année, je chasse les orages à pied. Je n’ai pas encore remplacé la voiture envoyée à la casse par une conductrice qui ne regardait pas devant elle. En juin, j’ai subi les grèves des transports en commun pour me déplacer lorsque les orages se formaient et approchaient de Toulouse. Cela ne m’a pas empêché de chasser les orages qui on doit l’avouer ont été fort nombreux jusqu’à présent. Mais jusqu’à maintenant, je dois l’avouer, j’ai manqué de réussite.
Mais ce soir, j’ai enfin pu me rassurer, je sais toujours chasser les orages !
Un orage qui s’annonce sur Toulouse
Avec les températures qui augmentent, le risque d’orage augmente lui aussi. Mais les orages passent trop loin de Toulouse. Au petit matin du 16 aout, je me réveille bien trop tôt. Je regarde mon smartphone, un orage semble approcher de Toulouse. Le temps pour moi d’émerger que l’orage se fait déjà entendre. Il est tôt. Dans la foulée, mon frangin m’envoie un texto : « tu as entendu ? ».
Chasser l’orage est une activité qui comporte des risques !
Au mois d’aout, la ville est particulièrement calme et le coup de tonnerre qui se fait entendre vient de tomber du côté de Blagnac. Les yeux collés, j’observe l’orage qui file vers le nord-est. Lentement, le jour se lève et rapidement, je calfeutre mon appartement pour éviter de subir la chaleur. Je profite de la pénombre pour me recoucher et finir ma nuit.
Dans la journée, entre deux mails, je prends le temps de regarder les modèles météo. On utilise les modèles pour faire nos propres prévisions. Ils offrent plus de précisions que bon nombre d’applications grand-public ou que la météo que l’on nous sert dans les médias. Pour chasser les orages, il faut de la précision.
Le risque d’orage sur Toulouse est notable, mais il n’y a aucune certitude. J’attends donc de voir comment la situation évolue.
Un coup de fil avant de chasser l’orage
Il est presque 22 h quand je reçois un appel de mon père. Il est assez rare qu’il m’appelle aussi tard. Il me demande si je suis sous l’orage. Lui se trouve du côté de Lannemezan et il vient de voir le ciel s’illuminer de plusieurs éclairs. Je jette donc un œil sur la cellule qui sur les radars semble assez petite pour le moment. Je suis encore dans mon bureau, l’orage n’est qu’à Saint-Gaudens, il prend la direction de Toulouse, mais comme souvent ces petits orages s’arrêtent au sud de Muret.
Toutefois, je saute dans mes vêtements pour aller chasser l’orage. Je prépare mon matériel, mon boitier est encore dans mon sac de voyage. Mon trépied est, lui aussi, solidement attaché à ce même sac. En même temps, je regarde sur l’ordinateur les cartes qui me montrent que l’orage se développe et parait suffisamment puissant pour arriver jusqu’à Toulouse. Dans le même temps, sur le Gers une cellule orageuse se développe, mais elle va prendre la direction de la plaine agenaise.
Le temps de mettre mes baskets, je me rends compte que l’orage ne va pas me laisser le temps de prendre le métro pour me rendre en ville. Je me rabats donc sur le spot le plus proche de la maison : l’Obélisque de Jolimont.
Sur le trajet pour aller jusqu’au pied de l’Obélisque de Jolimont, je profite du vent frais. Il est légèrement plus chaud que mon appart, mais ce vent ne me fait pas de mal après une chaude journée.
L’activité électrique se montre de plus en plus
Sur le trajet pour rejoindre le parc Felix Tisserand j’aperçois dans le ciel des éclairs. L’orage est encore loin, mais je ne veux pas qu’il me prenne de cours. Sur le trajet, je commence déjà à ouvrir mon trépied. Je mentalise ma checklist pour m’installer le plus rapidement possible. Arrivé sur place, une personne hurle dans son téléphone, mais cela ne m’empêche de me trouver un espace. Je place rapidement mon boitier, je fais mes réglages et je déclenche.
Crac !!! Un éclair illumine le ciel. Je regarde la photo, mais celle-ci est floue, j’ai raté ma mise au point. Cela arrive parfois quand il fait nuit. Alors que j’arrive enfin à prendre une photo qui correspond à mes attentes, elle se révèle floue. J’ajuste donc ma mise au point. Au même moment, un nouvel éclair zèbre le ciel. Je me dis que j’aurais pu utiliser une cellule de déclenchement, mais pour le moment, je travaille dans l’urgence.
Je déclenche une nouvelle fois et prends enfin le temps de chercher une des cellules de déclenchement que je possède. Mais j’ai beau démonter mon sac, rien. Tant pis, même si l’orage n’est pas très actif, je vais devoir tout faire à la main.
Chasser l’orage en saignant des oreilles
Derrière moi, le mec qui était au téléphone vient de terminer son appel. Malheureusement pour moi, il souhaite écouter de la musique, au rap de quartier aux paroles misogynes succède Zazie, Wejdene ou encore Michel Sardou. Bien sûr, il écoute sa musique sur une enceinte qui crache difficilement les notes de musiques, mais surtout, il faut qu’il chante. Dans tout le parc résonne ses fausses notes. Le massacre est total. Pour moi qui souhaitais profiter du calme, c’est raté.
Surtout qu’au loin apparait une silhouette que j’ai déjà aperçue lors de mes précédentes chasses à l’orage infructueuses un habitant du quartier vient prendre le frais et regarder sa télénovela, bien évidemment sans casque. Il prend le temps de déplier sa chaise de camping avant de lancer son épisode. En plus du chanteur, j’ai désormais le son de l’épisode. Infernal à 22 h, on ne peut pas avoir un peu de calme. Ces deux personnes n’ont pas peur de l’orage et ne disparaitront que quelques minutes avant moi quand la pluie arrivera sur nous.
Heureusement, lors des déclenchements successifs, j’arrive à capturer un impact ramifié. Enfin !! je devrais je dire. Dommage, la végétation qui manque cruellement d’entretien bouche un peu la vue. On devine cependant le clocher de Saint-Sernin.
Les déclenchements nombreux pour capter l’orage
Je multiplie les déclenchements afin de pouvoir photographier un éclair. Je rate plusieurs photos, l’impact de foudre tombant hors champs. Au fil de l’évolution de la soirée, je corrige mes réglages, j’ajuste mon cadrage. Je me plonge parfois dans mon smartphone pour regarder les radars.
J’arrive enfin à capturer une seconde photo. Mais je souhaite en avoir d’autres. Je me reconcentre et relance une nouvelle prise de vue. Mais l’orage s’éloigne. Un spider, un éclair rampant se forme sous la couche de nuage. J’aime photographier ces éclairs. Cependant, ils annoncent souvent la fin de l’orage.
Quelques gouttes commencent à se faire sentir, mais elles ne sont pas gênantes pour le moment. J’arrive à faire 2 ou 3 photos de plus, mais la pluie devient plus importante. En regardant les couleurs du ciel, on peut voir que seule la pluie tombe. Il n’y a pas de grêle. Ce n’est pas dangereux et la pluie ne fait pas de mal. Je rentre sous la pluie. Ce soir la pluie me semble plus agréable, moins froide et plus douce que lors de mes précédentes chasses à l’orage.
Après avoir ouvert les fenêtres, je trouve sur mon bureau ma cellule de déclenchement. Dans la précipitation, j’ai réussi à oublier un outil parfois nécessaire pour chasser les orages.
Malheureusement pour les toulousains cet orage n’apporte pas de fraicheur. Les températures sous l’orage ne diminuent que de un à deux degrés. À Blagnac, on mesure 3.2 mm de pluie, mais plus à l’est la pluie est moindre. Les prochaines journées s’annoncent caniculaires.