Pour cette deuxième journée de grève contre la réforme des retraites, les manifestants de l’agglomération toulousaine se retrouvent dans le quartier Saint Cyprien. Les syndicats se mettent en ordre de bataille. Peu à peu, la foule se densifie autour de la place Saint Cyprien et il devient difficile pour les manifestants qui viennent en Métro de sortir.
Le gouvernement qui a multiplié les provocations depuis une semaine voit se former dans la rue une réponse ferme de la part des travailleurs.
Pourquoi la réforme des retraites ?
Le choix de Macron : réformer les retraites quoiqu’il en coute
Lors de son premier quinquennat, Macron voulait déjà réformer la retraite. Le système par point voulu par le président devait remplacer le système actuel par le système par répartition. Cependant, face à l’opposition et à l’arrivée du Covid-19 le gouvernement a préféré mettre de côté cette réforme.
Mais Macron est revenu pour un second quinquennat. Il refuse d’admettre qui a été élu une nouvelle fois par défaut face à Marine Le Pen et à l’extrême droite. Dans son programme aussi court que pour son premier mandat présidentiel, il n’a pas manqué de noter son souhait de réformer les retraites.
Il faut dire que depuis qu’il est arrivé au pouvoir, il ne manque pas de réduire les impôts pour les plus fortunés. Les travailleurs eux doivent compenser tous les cadeaux fiscaux qu’il fait au plus riches, promettant aux travailleurs de profiter de la situation par un ruissellement hypothétique.
Les prévisions du COR contradictoires
Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) est un organisme indépendant en France qui évalue les projections financières et les réformes proposées pour le système de retraites. Dans son dernier rapport, certains s’inquiètent de l’équilibre budgétaire des caisses de retraite en France. D’autres y voient seulement un effet dû à la démographie.
En 2022, le COR annonçait qu’il pouvait y avoir un léger déficit pour le système des retraites, mais celui-ci s’est montré bénéficiaire. Preuve si cela était nécessaire que le COR peut se tromper dans ses prévisions.
Une réforme aux conséquences non évaluées
Les conséquences de la réforme de retraites sont nombreuses, mais les effets du report de l’âge légal de départ en retraite ne semble pas évalué. Pourtant d’autres pays européens ont repoussé l’age de départ à la retraite et de nombreux travailleurs et parfois anciens dirigeants recommandent ne pas faire cette réforme.
Cela va augmenter la précarité des séniors. Les personnes ayant eu des carrières hachées, soit pour des raisons de santé, soit pour cause de chômage seront plus fortement impactés. Ces personnes devront soit travailler plus longtemps, soit partir à la retraite avec une pension partielle.
Pour les femmes qui ont des grossesses, et qui subissent le travail partiel, cette réforme va accroitre les inégalités. Pour ceux qui ont des carrières longues, des professions pénibles et difficiles, il ne semble le projet de réforme des retraites ne propose aucune solution.
Les conséquences sur les aides sociales, chômage, RSA, pension d’invalidité des travailleurs qui devront travailler 2 ans de plus n’ont pas été évalués. Pourtant, de nombreux experts pointent du doigt ce problème. Le gain estimé en repoussant l’age de départ à la retraite pourrait ne pas compenser ces nouvelles dépenses.
Pourquoi les travailleurs font grève ?
Aujourd’hui, dans la rue, les travailleurs sont venus dire leur opposition à cette réforme qu’ils jugent inefficace et dangereuse. Cette réforme va creuser les inégalités, notamment pour ceux qui ont commencé à travailler jeune. Cette réforme va imposer aux femmes de travailler plus pour obtenir une retraite pleine. Enfin, elle ne prend pas en compte la pénibilité de certains métiers.
Les ouvriers et les travailleurs les plus pauvres craignent de ne pas profiter de la retraite. En effet, On considère que 25% de ces travailleurs décèdent avant l’age de 62 ans.
De nombreux travailleurs de plus de 55 ans ont déjà du mal à retrouver du travail après un licenciement. Un grand nombre de manifestants préférait voir les salaires augmenter et donc les cotisations aussi plutôt que de travailler plus longtemps.
De nombreux manifestants souhaitent que le gouvernement étudie d’autres pistes pour financer les retraites plutôt que la réforme comme elle se dessine actuellement. Ils invitent le gouvernement à taxer les plus riches, à réduire les aides aux entreprises, notamment à celles qui versent des dividendes aux actionnaires, à réduire les pensions de retraites les plus élevées, etc.
Pour certains manifestants, c’est aussi l’occasion de reprocher d’autres choses au gouvernement, comme le manque de moyens dans les services publics, notamment dans l’éducation et la santé. D’autres dénoncent l’inflation et plus rarement l’aide apportée à l’Ukraine. On croise même quelques gilets jaunes qui demandent un RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne).
Un appel à manifester de tous les syndicats
Pour cette seconde manifestation contre la réforme des retraites tous les syndicats participent.
Un nombre important de manifestants à Toulouse
À Toulouse, on constate dès la sortie du métro à Saint Cyprien que de nombreux manifestants sont présents. Les conditions météos se montrent froides, mais pas désagréables et cela motive sans doute certains grévistes à venir gonfler le nombre de manifestants.
Pour cette seconde manifestation à Toulouse comme dans de nombreuses grandes villes, le nombre de manifestants est en hausse. Les organisateurs annoncent la participation de 80’000 personnes, soit 30’000 personnes en plus que lors de la première manifestation contre la réforme des retraites.
De son côté la préfecture n’a compté que 34’000 manifestants, 2’000 de moins que lors de la manifestation du 19 janvier.
Une manifestation calme
À la fin de la manifestation, les manifestants se dispersent dans le calme. Les policiers ont été presque invisibles durant toute la manifestation, de quoi apaiser tous les manifestants et éviter les heurts que l’on rencontre parfois en fin de manifestation.
Que va-t-il se passer maintenant ?
À la veille de cette journée de mobilisation, les débats autour du projet de réforme des retraites ont débuté à l’Assemblée Nationale. La première journée s’est révélée houleuse. Le temps prévu pour les débats apparait d’ors et déjà bien trop court pour permettre d’étudier tous les amendements déposés par les différents députés.
Les députés de la NUPES ne ratent pas une occasion d’infliger aux députés macronistes des réflexions cinglantes. Ils ont souligné que les opérations de pédagogie du gouvernement n’avaient fait qu’augmenter le nombre d’opposants à la réforme des retraites. D’autres constatent que le gouvernement se radicalise dans sa position en refusant d’entendre les travailleurs.
Lors des débats, seul le premier article a pu être étudié, il aborde la question des régimes spéciaux et celui des députés a, encore une fois, échappé aux débats. Le 7e article cristallisera sans doute un peu plus les débats, il concerne l’age de départ à la retraite.
D’autres manifestations en préparation
L’intersyndicale appelle à la grève et à la manifestation le mardi 7 et le samedi 11 février.
Mardi j’ai mes gamins à la maison, pensez vous que je puisse venir avec eux ?
@trimoute
Tout dépend de l’âge des enfants. Mais pour le moment, à Toulouse, les manifestations restent bons enfants.