Manifestation contre la réforme des retraites

0

Pour la dixième manifestation contre la réforme des retraites à Toulouse, le nombre de manifestants diminue sensiblement. Cependant, la mobilisation reste importante. De nombreux manifestants craignent les heurts avec la police après ceux de la semaine précédente et les images de la manifestation à Sainte Soline contre les méga-bassines. Le gaz lacrymogène fait peur ainsi que les blessures qui peuvent survenir pendant les manifestations.

Mais les jeunes et les étudiants se montrent de plus en plus présents dans la manifestation. En face, le gouvernement refuse de renouer le dialogue au sujet de la réforme des retraites. Le mépris de Macron envers les manifestants risques de ne pas faire baisser la colère qui monte dans les cortèges.

Pancarte : "Ma pancarte est pourrie, ma retraite aussi"
Ma pancarte est pourrie, Ma retraite aussi !!

La visite de Charles III annulée, les anglais observent les français

Après le succès de la mobilisation le 24 mars, l’intersyndicale a souhaité mettre la pression sur le gouvernement en organisant une nouvelle journée de manifestation le 28 mars.

Le Roi Charles III devait effectuer son premier déplacement du 26 au 29 mars en tant que souverain. Mais en accord, les gouvernements français et britannique ont préféré reporter la visite du successeur d’Elisabeth II. Il était notamment prévu que Charles III participe à un repas à Versailles avec Macron. Ensuite, il devait visiter Bordeaux avec un passage par la mairie dont la porte a été brulée lors de la manifestation du 24 mars.

Les médias britanniques constatent le chaos qu’il règne en France suite au passage en force du gouvernement. Certains parlent d’anarchie. Ils soulignent que certains manifestants menacent de réserver à Macron le même sort que celui qui avait été réservé à Louis XVI.

Au Royaume-Uni, l’age de départ à retraite est à 66 ans. Il doit passer à 67 en 2027. Le report de la visite du Roi Charles III donne un coup de projecteur sur les manifestations qui se déroulent en France alors que les britanniques manifestent de leur côté contre la hausse des prix.

D’autres pays regardent vers la France

En Belgique

Le député fédéral belge Raoul Hedebouw (Parti du Travail de Belgique) s’inquiète du silence du gouvernement belge à l’égard de la répression envers les manifestants.

Pour certains journalistes, le passage en force avec l’utilisation du 49.3 est à l’origine d’un haut le cœur contre le gouvernement et la figure de Macron. Ils notent aussi que le gouvernement cristallise le mépris et toutes les colères à son égard.

En Espagne

Les journalistes remarquent qu’une nouvelle phase de contestations commence. Ils notent que la contestation est désormais encore plus revendicatrice et est source de tensions et de violences dans les manifestations.

Pour certains, on voit réapparaitre le spectre des “gilets jaunes”. Alors que Macron et son gouvernement ne cède pas face à des manifestants soutenus par 70% des français.

En Allemagne

Alors qu’une grève se prépare dans le secteur ferroviaire et les services pour demander une augmentation des salaires, certains politiciens mettent en garde les syndicat contre les grèves. Le Bild de son côté souligne le chaos en France.

En Italie

Le passage en force de la reforme des retraites serait un tremplin pour permettre au RN d’accéder à la présidence. D’autres journalistes jugent que la France serait impossible à réformer. Les violences seraient dû au manque d’écoute entre les pour et les contre.

Amnesty, la Ligue des Droits de l’Homme, l’ONU, RSF et les violences policières

Face aux images, aux photos et autres enregistrements montrant les actes violents des forces de l’ordre, de nombreuses organisations se mobilisent.

Fanny Gallois, responsable du programme Libertés chez Amnesty International France, disait sur France Info le 24 Mars : “Nous appelons les forces de l’ordre à n’utiliser la force que lorsqu’elle est absolument nécessaire et de manière strictement proportionnée comme l’exige le droit international”. Elle ajoute : “De toute évidence, elles (les armes à létalité réduite) sont utilisées de manière abusive, y compris sur des manifestants pacifiques, c’est quelque chose qui nous inquiète énormément et sur laquelle nous appelons à la plus grande prudence“.

Le rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association auprès du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, Clément Voule, rappelle dans un tweet que “Les forces de l’ordre doivent éviter tout usage excessif de la force”

La Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, alerte sur l’ “usage excessif de la force“. Elle ajoute : “Des incidents violents ont eu lieu, parmi lesquels certains ont visé les forces de l’ordre“. “Mais les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d’autres actes répréhensibles commis par d’autres personnes au cours d’une manifestation ne sauraient justifier l’usage excessif de la force par les agents de l’État. Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion“, a déclaré la Commissaire dans un communiqué. De plus, elle s’inquiète des placements en garde à vue des personnes aux abords de la manifestation et s’interroge sur “la nécessité et la proportionnalité des mesures dont elles ont fait l’objet“.

RSF (Reporters Sans Frontière) de son côté rappelle : “Il appartient aux autorités de permettre l’exercice effectif de ces libertés, en protégeant les manifestants pacifiques et les journalistes couvrant ces manifestations contre les violences policières et contre les individus violents agissant dans ou en marge des cortèges“. L’ONG a demandé au ministre de l’Intérieur, G.Darmanin, de “mettre fin aux violences policières contre les journalistes“.

L’ONG, Human Right Watch, dénonce l’usage excessif de la force par la police en France et les arrestations préventives.

À Toulouse, on rencontre dans les manifestations les observateurs de la ligue des droits de l’homme. Ils viennent collecter toutes les violences policières. Régulièrement, ils publient un rapport sur les constats qu’ils ont pu réaliser lors des manifestations. Sur France Info, le président de la Ligue des Droits de l’Homme, Me Patrick Baudouin, souligne : “On est dans une situation particulièrement alarmante pour la démocratie“. Il remarque que les violences des manifestants étaient à prévoir avec le passage en force de la réforme des retraites et l’utilisation de l’article 49.3.

Un cortège important défile à Toulouse contre la réforme des retraites
28 Mars, encore une mobilisation importante à Toulouse contre la réforme des retraites

L’évolution du nombre de manifestants contre la réforme des retraites

Après 10 manifestations organisées par l’intersyndicale, on peut regarder l’évolution de la mobilisation. On constate que seules les vacances et dans une moindre mesure la météo font diminuer le nombre de manifestants. Cependant, on observe un lien fort entre le nombre de manifestants à Toulouse et la mobilisation au niveau national.

L’utilisation du 49.3 et le rejet de motion de censure n’ont pas fait baisser le nombre de manifestants.

DateSelon l’intersyndicaleSelon les forces de l’ordre
19 janvier50’00036’000
31 janvier80’00034’000
7 février80’00023’000
11 février100’00080’000
16 février65’00014’000
7 mars120’00027’000
11 mars45’00010’000
24 mars150’00030’000
28 mars 150’00023’000
Évolution du nombre de manifestants à Toulouse lors des manifestations contre la réforme des retraites
DateSelon l’intersyndicaleSelon les forces de l’ordre
19 janvier2 millions1.12 million
31 janvier2.5 à 2.8 millions1.27 million
7 février2.5 à 2.8 millions757’000
11 février2.5 millions963’000
16 février1.3 million440’000
7 mars3.5 millions1.28 million
11 mars1 million368’000
24 mars3.5 millions1.08 million
28 mars 2 millions740’000
Évolution du nombre de manifestants en France lors des manifestations contre la réforme des retraites

Macron tente de renouer le dialogue avec les syndicats qui demandent une pause

Dans le Week-End, Macron a indiqué qu’il pouvait discuter avec les syndicats, mais qu’il reste hors de question de revenir sur la réforme des retraites.

De leur côté, les syndicats, notamment la CFDT et la CGT, demandent une pause et une médiation, mais le gouvernement ne veut pas en entendre parler pour le moment.

On apprend cependant que les représentants de l’intersyndical rencontreront Elisabeth Borne au début de la semaine qui vient. Aucun ordre du jour n’a été communiqué, mais tout le monde se doute que la première ministre fera tout pour éluder la question de la réforme des retraites.

Des mesures pour éviter les affrontements à Toulouse

Lors de la précédente manifestation, des casseurs auraient infiltré la manifestation. La préfecture et la mairie de Toulouse indique qu’ils étaient environ 1’000. Des affrontements ont éclaté à la fin de la manifestation entre les manifestants et les forces de l’ordre. De nombreuses poubelles ont été brulées. Des panneaux publicitaires et des abris bus ont été cassés. Quelques commerces ont été dégradés. Des façades ont été taguées et un feu tricolore a été arraché par les manifestants.

De leur côté, les forces de l’ordre ont utilisé le canon à eau. De nombreuses grenades lacrymogènes ont été lancées ainsi que des grenades de désencerclements. Les policiers ont réalisé plus de 30 interpellations.

La Ville de Toulouse indique que les violences de la semaine précédente ont couté plus de 100’000€ à la ville.

Afin d’éviter les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, la préfecture de Haute-Garonne a pris des mesures d’interdiction. Ainsi, il est interdit de transporter du carburant en jerrican ainsi que faire usage de feu d’artifice et autres fumigènes.

Comme la semaine précédente, 3 compagnies de forces mobiles, CRS et Gendarmes mobiles, sont mobilisés. Cela représente environ 230 personnes. Mais plus de policiers seront présents pour encadrer le cortège. Les effectifs de sécurité publique vont augmenter, en faisant intervenir la BAC, la BST (brigade spécialisée de terrain), et la compagnie départementale de d’intervention. En tout, il y aura 400 agents pour encadrer les manifestants. La police municipale et une poignée d’agents de la police nationale seront chargées de la circulation autour du cortège.

Un motard de la police nationale ouvre le cortège des manifestants
Un motard de la police nationale ouvre le cortège des manifestants.

Une mobilisation en légère baisse contre la réforme des retraites à Toulouse

La présence policière est plus visible que les précédentes manifestations, dès la sortie du métro 4 agents sont postés au niveau des portiques. Ils observent les manifestants. Dans les escalators, de jeunes manifestants répètent les chants qu’ils reprendront un peu plus tard dans le cortège.

Dehors le soleil brille, la journée est printanière, mais il semble y avoir très peu de manifestants même 15 minutes avant le départ de la manifestation. Sur le pont des Catalans, on voit des manifestants qui observe l’arrière du cortège. On aperçoit aussi plusieurs motos des forces de l’ordre.

Rapidement le cortège s’étoffe, les manifestants arrivent en métro et à pied de tous les côtés. La manifestation s’élance lentement. L’intersyndicale essaie de trouver son rythme. Le service d’ordre doit prendre ses marques pour encadrer la banderole.

Un Black Bloc ouvre le cortège des manifestants

Alors que les syndicats se mettent en marche, devant un petit groupe de personnes en tenus noires se regroupent derrière une banderole. L’inscription sur la banderole ne laisse rien présagée de bon. Le groupe gonfle lentement jusqu’à la place Héraclès ou l’on compte plusieurs centaines de personnes dans ce groupe. La préfecture indiquera plus tard qu’environ 400 personnes constituaient le black bloc. Ils sont tous masqués, habillés en noir.

De l’angle des boulevards Lascross et Armand Duportal vers 16h et jusqu’à la fin de la manifestation et même après, ces manifestants ne cesseront de prendre à partie les forces de l’ordre.

Pour les photographes, il est presque impossible de réaliser des portraits de ces manifestants. Malgré les cagoules, les masques et autres lunettes, ils rappellent à l’ordre les photographes qui orientent leur objectif dans leur direction. Certains de ces manifestants n’hésitent à se montrer très véhéments envers les photographes.

Derrière une épaisse banderole, un black bloc se forme lors de la manifestation contre la réforme des retraites
Le black bloc se forme à l’avant de la manifestation contre la réforme des retraites

L’intersyndicale suivie par le reste du cortège défile dans le calme

L’intersyndicale, toujours mobilisée pour le retrait de la réforme des retraites, annonce une mobilisation égale à la manifestation du jeudi 24 mars, soit 150’000. La préfecture, elle, dénombre seulement 23’000 manifestants.

De nombreux observateurs ont bien noté une mobilisation un peu moindre. 15 minutes avant la mise en marche du cortège, celui-ci semble très clairsemé. Heureusement, le métro permet de renforcer rapidement les rangs, sans parler des manifestants qui arrivent de tout part.

Les jeunes, les étudiants, les lycéens encore plus nombreux !

Comme c’était à prévoir, les jeunes, les étudiants, les lycéens sont plus nombreux lors de cette dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Certains galvanisés, par les propos du gouvernement, par les heurts avec les forces de l’ordre, ont motivé leurs amis, leurs contacts à venir. D’autres viennent pour la première fois, ils ne pouvaient pas venir la semaine précédente à cause de leurs examens.

Des profs, des parents guident ce cortège dans lequel on trouve de nombreux lycéens.

En plus de la réforme des retraites, ils manifestent contre l’inaction climatique, la précarité et Parcoursup.

Do Ré Mi Fa Sol Lacrymogène et canon à eau

Arrivé à hauteur du rond-point d’Arnaud Bernard, le cortège ne peut continuer à avancer. Le camion de la CGT qui s’est engagé sur le boulevard d’Arcole fait demi-tour et annonce la fin de la manifestation. Mais de nombreux manifestants n’entendent pas faire demi-tour aussi facilement. Ils s’avancent et font demi-tour lorsque des gaz lacrymogènes sortent de la rue de la Verge d’Or. Une fois que le vent a emporté le gaz toxique, ils repartent en avant. Certains tentent de trouver un chemin dans des rues parallèles.

Du gaz lacrymogène est utilisé pour disperser les manifestants
Les forces de l’ordre utilisent des grenades de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants

Sur le sol, on observe que le canon à eau a été utilisé. De nombreux palets de grenades lacrymogènes jonchent le sol jusqu’à Jean Jaurès. On entend parfois les explosions des grenades de désencerclement. On devine que du gaz lacrymogène est utilisé un peu plus loin. Sur la route humide au soleil s’évapore l’eau et des résidus de gaz lacrymogène. On devine l’odeur si caractéristique.

Sur la route, quelques poubelles brulent, mais cela n’arrête pas les manifestants qui continuent d’avancer.

À la sortie de la Rue Alsace Lorraine, un cordon de CRS empêche les manifestants de passer. Un canon à eau est présent. À Jean Jaurès, ce sont les gendarmes mobiles qui bloquent les manifestants. La seule issue consiste à de diriger vers Marengo, mais les manifestants ne veulent pas se disperser. La station de métro est fermée, ceux qui veulent partir n’ont d’autre choix que d’aller à une autre station.

A Toulouse, la station Jean Jaurès est fermée
La station de métro Jean Jaurès est fermée

Fuyez ! le gaz lacrymogène et le canon à eau repoussent les manifestants

Alors pour disperser la foule, les forces de l’ordre plongent le bas des allées Jean Jaurès dans un épais nuage de gaz lacrymogène. Les manifestants s’éloignent en courant vers Marengo. Une grenade tombe dans les escaliers du métro mais avec le vent la fumée remonte vers les manifestants. Pour accélérer le mouvement, un canon à eau arrose les récalcitrants.

Sur les ramblas des manifestants équipés de masque proposent d’arroser les yeux et les visages des manifestants pris dans l’épais nuage de fumées irrespirables.

En remontant vers marengo, on peut apercevoir que sur la place Belfort les choses ne semblent pas très calmes. On devine les casques des forces de l’ordre. Au même moment, un groupe d’agents remontent les allées Jean Jaurès au pas de course. De nombreuses grenades de désencerclement explosent.

Les gendarmes mobiles remontent au pas de course, eux aussi, les allées Jean Jaurès. Une très grande majorité des agents portent encore leur masque à gaz. On entend que pour certains la respiration n’est pas évidente. Au milieu des manifestants, les insultes fusent.

Les camions des gendarmes mobiles et le canon à eau sont ralentis par une barricade enflammée. Mais rapidement, ils arrivent à contourner l’obstacle et à rejoindre le pont Riquet. Installés sur le pont, ils lancent de nombreuses grenades lacrymogènes sur les manifestants qui leur font face. Le canon à eau est à nouveau utilisé sur les manifestants. La situation s’apaise lentement.

La manifestation contre la réforme des retraites se termine avec l’arrivée de la nuit

Les gendarmes mobiles empêchent de traverser le pont
À l’arrière des camions, les gendarmes mobiles attendent de repartir sur des zones plus chaudes

Plus tard, quelques irréductibles se regroupent en bas des allées Jean Jaurès. Les forces de l’ordre utiliseront du gaz lacrymogène à plusieurs reprises pour que les récalcitrants se replient et quittent Jean Jaurès définitivement. En fin de journée, on comptait 35 interpellations. Les dégâts semblent moins importants que lors de la manifestation précédente. 1 manifestant et 8 agents des forces ont été blessés au cours des affrontements.

LAISSER UNE RÉPONSE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.