Quand Loïc m’a proposé de rédigé un article invité, je n’envisageais pas de parler d’autres choses que de macro…enfin, macro, je m’entends.
Pour les puristes, la macro, c’est un domaine qui consiste à photographier des sujets de petite taille au rapport 1 :1 (même taille pour l’objet dans la réalité que sur la surface sensible). Si je jette un coup d’œil à ma photothèque, pas sûr qu’une seule de mes photos ne remplisse ce critère. Donc si vous le voulez bien, par la suite, on parlera de macro pour ce qui s’apparente plus à de la proxi-photographie, ou comment photographier des sujets de petites taille.
Ensuite, le sujet étant vraiment vaste, je ne souhaite pas écrire un article fleuve ou n’aborder qu’un seul aspect de la discipline…du coup, je vais vous expliquer pourquoi vous allez aimer vous allonger dans la rosée à 6h du matin, pourquoi vous aller rêver d’un champ en jachère, bref pourquoi vous devez faire de la macro
La Macro pour partir à la découverte d’un nouveau monde
Vous allez découvrir tout un univers en bas de chez vous ! On ne peut soupçonner les épopées, les tragédies et les affaires de cœur qui se nouent dans le petit monde tant qu’on n’y prête pas attention. Quelques pistes en vrac : observer les travailleurs (les abeilles qui butinent, les fourmis qui portent des charges de titan), admirer les amoureux (pour un public averti !!! le cœur copulatoire de libellules, le vol en tandem des papillons), chasser les chasseurs (les libellules qui attrapent des moucherons en plein vol, les mantes ou empuses en train de grignoter une petite aile de papillon, les araignées crabes avec leurs proies parfois plus grosses qu’elles)
Le moindre coin d’herbe, la moindre touffe de mousse, la moindre feuille morte cache des paysages tantôt lunaires, tantôt arides, tantôt tropicaux ! En s’approchant suffisamment prêt, on peut mettre en avant un détail et utiliser les formes et couleurs pour créer des canyons ou des vallées
Ses habitants sont multiples…on y trouve les bonnes bouilles (j’ai un petit faible pour l’ascalaphe, les libellules), les affreux (pour beaucoup, les araignées, moi c’est plutôt la zosteria, une espèce de grosse mouche qui chasse les abeilles ou même les libellules), les fascinants (sans hésiter, les mantes), les aériens (tout ce qui est papillons…)
La Macro pour créer son propre univers
S’il y’a un domaine photo où les fantaisies sont permises et la créativité est poussée à son paroxysme, c’est bien la macro. En effet, la proximité entre le sujet et l’appareil associée à de grandes ouvertures permettent d’obtenir de faibles profondeurs de champ. En jouant sur cet aspect et sur les différents flous (avant et arrière plan), il devient vite facile de pouvoir choisir les éléments qui seront présents dans le cadre de l’image
Par exemple sur la photo suivante, ce caloptéryx est dans un enchevêtrement de tiges et de feuilles. C’est le flou d’avant plan qui permet d’isoler le sujet puisqu’ainsi, il est le seul élément net de l’image
Si l’univers dépeint ne correspond pas à la vision qu’on en a, il suffit alors de bouger très légèrement pour changer totalement l’ambiance de l’image (pour faire la même chose en photo paysage, prévoyez de bonnes chaussures de marche, et bon courage !). Par exemple, en bougeant légèrement, on intègre ou non le soleil dans le cadre
Le moindre reflet, la moindre goutte d’eau, le moindre feuillage peut devenir un décor onirique…c’est ce qu’on appelle le bokeh :
Petite recette pour un bokeh réussi :
- Repérez la source potentielle du bokeh (généralement, c’est quelque chose qui filtre ou réfléchit la lumière du soleil comme un buisson, de l’eau, des graminées)
- Utilisez une grande ouverture
- Essayez de faire en sorte d’avoir le plus de distance possible entre la zone où est effectuée la Mise au point et la source du bokeh
La Macro parce que ce n’est pas cher
Contrairement à ce qu’on peut croire, faire de la macro est accessible !
Déjà, pas de trajets longs et onéreux pour se rendre en bas de chez soi (normalement) et question matos, on peut débuter avec peu de choses !
Si vous aimez présenter vos sujets dans leur environnement et que vos sujets ne sont pas des collemboles, un objectif standard avec une grande ouverture suffit (un 50mm f1.4 ou 50mm f1.8 que vous destinez à une toute autre utilisation comme le portrait par exemple) :
On peut même utiliser un objectif à vis type Hélios 44-2 avec une bague d’adaptation et pour moins de 50 euros, on a de très bons résultats :
Si vous voulez vous approcher un peu plus, l’achat de bagues allonges vous coutera une vingtaine d’euros :
Et si vraiment la macro, vous avez ça dans le sang, un bon objectif comme le tamron 90 f2.8 vous coutera 280 euros (enfin la version ancienne, celle que j’ai). (La nouvelle version du Tamron 90 f2.8 est stabilisée mais est plus couteuse)
Pas besoin d’autre matériel. Le flash n’est pas nécessaire et vous aurez des résultats beaucoup plus jolis en exploitant la lumière naturelle. Quant au trépied, s’il est envisageable quand on photographie des fleurs ou des champignons, c’est tout autre chose quand il s’agit de courir après un papillon !
La Macro parce qu’on peut en faire toute l’année
Quand on pense Macro, on pense papillons et fleurs, donc été. Mais il existe 4 saisons de la macro ! Je vous invite à lire mes articles sur la macro du mois pour vous en convaincre…je vous ai fait un petit tableau récapitulatif des principaux sujets selon la saison :
Printemps | Eté | Automne | Hiver |
Mars – Juin | Juin – Septembre | Septembre – Décembre | Décembre-Mars |
Orchidées | Mantes religieuses | Champignons | Fritillaires (fin de l’hiver) |
Empuses | Papillons (demi deuil, machaon, argus) | Feuilles d’automne | Perce neige |
Papillons (mélitée, Aurore) | coccinnelles | Cyclamens | Collemboles |
Anémones | Sauterelles | Fougères | Mousses |
Ascalaphes | Libellules | Bruyère | Fleurs de Prunus |
Diablotins |
Et je ne vous parle même pas de la macro qu’on peut faire à la maison (je vous conseille le chou romanesco !!!)
La Macrp parce que vous aller vous passionner pour l’entomologie et la botanique
Pour trouver votre sujet favori, il va falloir se documenter sur ses mœurs, son milieu de prédilection, son cycle de vie…et loin d’être une corvée, ça va être un réel plaisir !
Par exemple, savez vous que l’empuse passe l’hiver sous forme de diablotin et qu’il est ainsi possible de la photographier toute l’année ?
Que les orchidées vont de pair avec leur insecte pollinisateur qu’elles trompent grâce à leur couleur, forme et parfum ?
Qu’on trouve dans la nature plein de bonnes choses à manger comme de l’ail, des asperges ou du poireau sauvage, etc…
A force de faire des sorties macro, vous allez apprendre à connaître la nature, les différents milieux qu’on peut arpenter (les zones humides, les prairies sèches, la forêt…) et à force, vous saurez au premier coup d’œil qui est susceptible d’habiter dans le coin…et croyez moi, quand on imagine qu’on pourrait croiser une empuse dans une prairie sèche et qu’effectivement on la trouve, c’est une vraie satisfaction !
Pour commencer à s’initier à ce petit monde, il existe de nombreux guides généralistes. J’ai celui-ci et bien qu’incomplet, il est vraiment bien fait : Guide de la faune et de la flore : Plus de 800 plantes et animaux de nos contrées (1CD audio). On y trouve des infos sur les zones de répartition, les dates de floraison, les milieux favoris…
Sur internet, il existe des sites de partage des observations. Moyennant une inscription et la publication de vos propres relevés, vous pouvez avoir accès aux données des autres utilisateurs et ainsi savoir où il est possible de rencontrer votre sujet favori. Pour Midi-Pyrénées (ou quel que soit le nom de la nouvelle région) il s’agit du site Baznat : http://www.baznat.net/
Pour les autres régions, vous pourrez sans doute les trouver en tapant dans votre moteur de recherche favori : faune – flore / région.
Bon, vous l’avez compris, il ne vous reste plus qu’à vous munir d’anti-moustique (OK, il y’a aussi des mauvais côté à la photo macro) et vous m’en direz des nouvelles !
Bravo ça m’a donné envie !
@ary
Y’a plus qu’à … 😉
Merci Loic pour l’article, et merci Ary 🙂
@Donlope
Merci à toi d’avoir accepté mon invitation 😉
Bravo Sébastien pour cet article personnel sur ta vision de la macro (oups, je veux dire proxi -héhé- !) et ce brin d’humour qui te caractérise 😉
J’aime ton oeil photographique et j’ai toujours plaisir à découvrir tes nouvelles images !
Quelle bonne idée que cet article!
@Anne
Merci
Un très bon billet qui donne envie de me remettre à la proxy-photo (oui je suis à la bourre dans ma liste de lecture !)
A noter qu’il y a un MOOC Botanique organisé par Tela Botanica qui a commencé y a pas longtemps et dont les inscriptions sont encore ouvertes !
@Seb F
On ne peut pas etre partout.
Superbes ! Totalement fan de « exploration » et « canal martien ».
Je peine à détacher aussi bien le sujet mais avec de l’entrainement ça viendra, du moins j’espère.
@Mealin
Il faut de la pratique et de nombreuses expériences mais une fois que l’on maitrise la recette cela devient presque un jeu d’enfant, reste à trouver le sujet et le bon moment pour le sublimer.
Une question toute bête : en macro on doit être relativement proche du sujet.
Comment faites-vous pour que l’insecte ne s’envole pas?
Merci.
@Nicolas
Le matin ou en soirée les insectes sont moins actifs. C’est à cause de la température, parfois à cause de l’humidité. En journée il faut trouver le bon spot et être patient.
[…] Je n’ai pas eu le temps de faire de petit article, notamment la macro du mois, mais je tenais à signaler que Loïc (alias Pyrros) m’avait invité à écrire un petit quelque chose chez lui. Vous pouvez voir le résultat ici: 5 raisons de se mettre à la macro […]