Mal connue voir inconnue des Toulousains, la Bataille de Toulouse en 1814 représente pourtant un pan de l’histoire toulousaine. La Bataille du 10 avril 1814 a forgé le quartier de Marengo en donnant le nom de plusieurs protagonistes à différentes rues.
Cette bataille dont on fête les 210 ans questionne encore et toujours sur son utilité. En effet, la bataille de Toulouse s’est déroulée quatre jours après l’abdication de Napoléon. À l’époque les réseaux de communication ne sont pas aussi efficaces qu’aujourd’hui, il faut ainsi plus de 10 jours pour informer le Général Wellington et le son opposant le Maréchal Soult.
Chronologie de la bataille de Toulouse :
Dans quel contexte se déroule la Bataille de Toulouse en 1814 ?
Date | Évènement |
---|---|
Mars 1814 | L’armée française en Espagne se replie. D’abord au Pied des Pyrénées puis vers la plaine toulousaine où les 2 armées s’affrontent. Soult espère recevoir le renfort des armées de retour de la campagne d’Italie. |
24 mars | Soult entre dans Toulouse. L’armée Napoléonien installe des fortifications (Redoutes) dans et autour de Toulouse. Les toulousains anti-bonapartistes et effrayés refusent d’aider les soldats. Ils ont aussi peur que de la communauté espagnole qui est importante dans les murs de Toulouse. |
Wellington Laisse une partie de son armée vers Saint-Cyprien Une autre partie des troupes traversent la Garonne en crue du côté de Merville. Il veut bloquer la retraite de l’armée française vers le sud. | |
6 avril 1814 | Napoléon abdique à Fontainebleau |
10 avril 1814 de 6 h à 21 h | La bataille fait rage |
11 au 12 avril 1814 | Dans la nuit, Soult fait évacuer Toulouse par le Canal du Midi |
12 avril 1814 | Wellington, entre dans la ville triomphalement |
15 avril 1814 | Soult apprend l’abdication de Napoléon |
18 avril 1814 | À Castelnaudary, Soult signe l’armistice. |
Napoléon est exilé sur l’ile d’Elbe |
La bataille de Toulouse de 1814, heure pas heure
Heure | Lieux | Événement |
---|---|---|
À l’aube | Vallée de l’Hers | Trois colonnes de l’armée britannique longent l’Hers avant de remonter vers le Calvinet (Jolimont). Ce ne sont que des champs et le sol est gorgé d’eau |
L’armée Napoléonienne a installé plusieurs fortifications (redoutes) sur la Coline du Calvinet. D’autres fortifications protègent Toulouse, notamment le Quartier Saint-Étienne. | ||
6 h | Le Calvinet | Les colonnes des armées combinées essayent d’attaquer le Calvinet |
6 h | Pont Matabiau (Croix Daurade actuel) | Les espagnols et portugais se rapprochent de Toulouse depuis l’actuel quartier Croix Daurade |
6 h | Saint Cyprien et Ponts Jumeaux | Anglais et portugais fixent l’armée française (dirigé par le général Reille) à Saint-Cyprien et aux Ponts Jumeaux |
9 h | Pont de Periole (Balma Gramont) | Les espagnols lancent l’assaut en direction de Periole. L’artillerie résiste, mais perd du terrain. Les victimes sont nombreuses ! |
9 h | Matabiau/Lapujade | L’armée française repousse l’armée espagnole |
9 h | Route de Castres | Soult envoie le Général Taupin qui est mortellement blessé en repoussant les anglais |
10 h | Le Calvinet | Les britanniques arrivent au Calvinet. Ils essayent de prendre les positions des français entre le haut de la colline et l’enceinte de la ville. Les espagnols entre LaPujade et le Calvinet sont repoussés par une contre-attaque menée par Darmagnac et Soult. |
10 h | Saint Cyprien | L’armée de la coalition repousse l’armée française jusqu’aux remparts de la ville. |
12 h | Le Calvinet / Quartier Saint Etienne | L’armée de Napoléon a pu fixer les troupes des armées combinées sur les hauteurs de Toulouse au Calvinet. (La ville n’arrive pas encore jusqu’au Canal du Midi) la bataille se déroule dans les champs. |
13 h | Le Calvinet | Wellington fait monter son artillerie sur le Calvinet, avant d’attaquer le sud du Calvinet |
13 h | Montaudran à Jolimont | Les Espagnols du côté de Montaudran, les anglais depuis Jolimont mettent la pression sur l’armée française |
13 h | Pont des demoiselles | Plusieurs escadrons de cavaleries testent les défenses françaises. |
16 h | Canal du Midi | Soult ordonne à ses soldats de se replier derrière le Canal du Midi. Il constitue un obstacle difficile à franchir. |
16 h | Le Calvinet | Le Calvinet est aux mains de l’armée britannique. Les espagnols et les portugais prennent les positions laissées par les français au pied de la colline du Calvinet où se trouvent les corps de nombreux soldats de deux camps. |
17 h | Le Calvinet vers Toulouse | Les britanniques doivent descendre de Jolimont vers l’actuel centre de Toulouse. Ils sont pris sous le feu de l’armée de Napoléon qui transforme l’endroit en véritable cimetière. Les pertes coté britanniques sont nombreuses. De Croix Daurade au pont des Demoiselles, les corps, les mourants et les blessés se comptent par centaines. |
18 h | Ponts Jumeaux | Les combats cessent |
21 h | Toulouse | Les dernières détonations se font entendre. Les français ont besoin de repos, certains ont combattu à jeun. Du côté des armées combinées, le nombre de morts et de blessés est trop important pour continuer ou envisager une nouvelle bataille le lendemain. |
11 avril | Toulouse | Les français observent les soldats de l’autre camp. Il se regroupe dans le quartier de Saint Etienne. Dans la nuit, l’armée de Soult abandonne Toulouse pour éviter que la bataille ne se déroule dans la ville qui représente une place importante. Ils se dirigent vers Avignonet-Lauragais puis Castelnaudary. Seuls restent les blessés intransportables. |
La bataille de Toulouse, une bataille inutile ?
Cette bataille de Toulouse a été l’une des dernières grandes confrontations entre les forces françaises de Napoléon et les armées alliées coalisées contre lui. L’armée de Napoléon est repoussée depuis l’Espagne par les armées anglaises, espagnoles et portugaises. Soult meilleur manœuvrier selon Napoléon, dirige une armée fatiguée, affamée et mal équipée.
La question de savoir si la bataille de Toulouse était inutile et complexe et sujette à débat. Voici quelques éléments à prendre en considération pour évaluer cette question :
Contexte de la bataille :
À l’époque de la bataille de Toulouse, Napoléon était déjà en difficulté militaire. Les forces alliées avançaient rapidement en France et la chute de Napoléon était imminente. Certains pourraient argumenter que la bataille de Toulouse était inutile dans le sens où elle n’a pas inversé le cours de la guerre ni empêché la défaite de Napoléon.
Pire, cette bataille se déroule alors que Napoléon a déjà capitulé. Mais à Toulouse, on ne le sait pas encore.
Objectifs stratégiques :
Face à la coalition anglo-prussienne Napoléon est en difficulté. Certains soutiennent que la bataille n’avait pas de réel objectif stratégique, car la guerre touchait à sa fin et que l’issue de la bataille n’influencerait pas significativement les pourparlers de paix.
Pertes humaines et matérielles :
Comme toute bataille, la bataille de Toulouse a entraîné des pertes importantes en vies humaines. On compte un millier de morts et presque 7’000 blessés dans la bataille de Toulouse. Si la bataille n’a pas eu d’impact majeur sur l’issue de la guerre, certains la considèrent comme inutile en raison des sacrifices qu’elle a exigés.
Impact symbolique :
D’un autre côté, la bataille de Toulouse était importante sur le plan symbolique. Elle a montré la détermination des forces françaises à défendre leur territoire jusqu’au bout, même face à une coalition écrasante.
En conclusion, la question de savoir si la bataille de Toulouse était inutile est subjective et dépend de l’interprétation de son contexte historique et de ses conséquences. Certains pourraient la considérer comme une confrontation inutile dans le contexte de la défaite imminente de Napoléon, tandis que d’autres pourraient souligner son importance symbolique et tactique.
L’école oublie la bataille de Toulouse ?
La bataille de Toulouse de 1814 n’est pas toujours aussi largement commémorée que d’autres événements historiques. L’école ici ne joue pas son rôle, notamment au niveau local. Pourtant, tout autour de l’Obélisque de Jolimont qui commémore la Bataille de Toulouse se trouvent plusieurs établissements scolaires.
Programmes scolaires :
La façon dont l’histoire est enseignée dans les programmes scolaires joue un rôle important dans la mémoire collective d’un événement. La bataille de Toulouse qui a joué un rôle secondaire dans l’histoire n’est pas mise en avant dans les manuels scolaires. L’école ne laisse pas la place à la découverte de l’histoire locale. En imposant un programme surchargé, il devient presque impossible d’aborder les sujets de l’Histoire Locale.
Importance relative :
Dans le contexte des guerres napoléoniennes, d’autres batailles comme Waterloo ou Austerlitz sont considérées comme plus importantes. De ce fait, la bataille de Toulouse est reléguée à l’arrière-plan.
Sensibilisation et éducation :
La responsabilité de sensibiliser le public à l’histoire locale ne revient pas seulement à l’école, mais aussi aux institutions culturelles, aux médias et à la société civile en général. Les explications de la Bataille de Toulouse de 1814 étaient quasiment illisibles au pied de l’Obélisque, dégradées par tags et même cassées. Comment, dans ce contexte, permettre aux curieux d’en savoir un peu sur l’origine de l’Obélisque de Jolimont et sur la Bataille de 1814 ?
Les plaques ont été changées cette année. Mais elles étaient dégradées depuis presque 10 ans.
Une commémoration qui permet d’expliquer la Bataille de Toulouse en 1814
Lors de la Commémoration de 2024, la musique de Saint Lys en tenue de fusillés chasseurs de la garde impériale 1er Empire et d’autres reconstituants ont permis aux quelques curieux d’observer les tenues de l’armée napoléonienne. Le tir de deux salves a permis de se rendre compte de la difficulté que pouvaient avoir les soldats dans les champs de batailles. Les toulousains présents ont ainsi pu ressentir la pression, entendre les détonations des armes à feu et sentir l’odeur de la poudre.
Certes ce n’était pas une reconstitution comme celle du bicentenaire de la bataille de Toulouse, mais il y avait déjà ici la possibilité de développer des connaissances autour des batailles menées par Napoléon et son armée. Les organisateurs envisageaient de faire plus mais faute de budget il n’a pas été possible de faire plus.