Refusons les contrats abusifs lors de nos activités photographiques

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De plus en plus de photographes se voient proposer des contrats abusifs. En échange d’une accréditation, les organisateurs de certaines manifestations sportives ou culturelles imposent des dons de photos. Dans d’autres situations, il faut faire faire valider les photos par l’organisateur ou l’attaché de presse.

Actuellement, c’est le monde de la musique qui subit ces agissements. Les photographes de concerts voient fleurir des conditions inadmissibles pour le bon développement de leur activité. Mais on croise ces pratiques de plus en plus dans le monde du sport.

Si rien n’est fait bientôt tous les photographes vont subir ce genre de dispositions.

Refusons les contrats abusifs lors des concerts et autres festivals
Refusons de faire des photos lorsque le contrat impose des clauses abusives

Un contrat défavorable contre une accréditation

Afin de pouvoir réaliser des photo depuis l’espace réservé aux photographes celui ci doit obtenir une accréditation. Lors d’un concert cet espace se trouve le plus souvent au pied de la scène. Parfois l’accréditation donne accès à d’autres espaces à accès restreints voir pour certains photographes ou dans certaines conditions à la scène.

Suivant les salles de concerts ou les festivals une salle est aussi réservée pour que les photographes laissent leurs affaires. Dans les festivals cette salle sert parfois de salle de repos ou de salle de presse où se croisent alors les artistes et les journalistes.

Mais aujourd’hui lors des demandes d’accréditations ou lors du retrait de celles-ci les photographes se voient imposer un contrat. Si l’idée du contrat peut sembler logique pour éviter que le photographe ne perturbe le concert où n’en dévoile certains éléments. De plus en plus on assiste à l’apparition de clauses abusives.

Dans ces contrats les photographes se voient imposer des limites de durée pour réaliser les prises de vues. Ils n’ont le plus souvent le droit de faire des photos que lors des 3 premiers morceaux. Parfois on leur donne un temps pour réaliser leurs photos, tant pis si l’artiste ne fait que parler avec le public.

On voit apparaitre des clauses de validation des photos. Elles nuisent à la liberté d’expression et à la liberté de création des photographes. Après le reportage le photographe doit envoyer sa sélection de photos pour qu’une personne valide (ou non) le choix des photos. Le regard du photographe ne compte plus dans ces conditions.

On trouve aussi des clauses qui visent à donner des photos pour les archives ou pour assurer la communication de l’artiste ou de l’organisateur ou de la salle du concert. Cela permet de constituer une photothèque à moindre cout, mais on va revenir sur cette démarche.

De même certaines clauses limitent l’usage des photos. Ainsi dans certaines situations les photographes ne peuvent travailler que pour un seul média ou pour des médias validés par l’artiste, son équipe ou d’autres. Dans d’autres situations, ils ne peuvent utiliser les photos que pour une durée limitée. Habituellement, c’est le photographe qui décide pour qui il travaille. Il choisit de distribuer ses photos à différents médias au moment du reportage ou plus tard ce qui permet au photographe de vivre.

La faute de certains photographes responsables de ces conditions

Si ces contrats continuent d’exister c’est parce que certains photographes les acceptent. Parfois ils ne peuvent pas faire autrement, pensant que les quelques photos réalisées vont remplir leur frigo. D’autres acceptent ces conditions juste pour pouvoir être au premier rang du concert.

Il ne faut pas se mentir parmi les photographes qui demandent des accréditations, certains n’ont aucune légitimité pour le faire. Ils ont du matériel imposant et l’utilise comme argument pour accéder à la fosse devant la scène habituellement réservée aux photographes.

Certains organisateurs cherchent à avoir un grand nombre de photographes pas pour que l’on parle de leur concert ou de leur prestation, mais pour se donner de l’importance. S’il y a de nombreux photographes présents cela donne une ambiance. Les photos ne sont pas importantes les photographes participent malgré eux à certain folklore.

Mais certains de ces photographes ne savent pas utiliser un boitier photo et publient, partagent des photos discutables. La qualité de certaines images de photographes accrédités laisse grandement à désirer. Pire parfois elles interrogent sur le savoir-faire de ces prétendus photographes.

Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi il faut parfois faire valider les photos à la fin du concert. Mais cela soulève la question de la distribution des accréditation … pourquoi des filtres ne sont pas mis en place en amont en regardant le porte folio du photographe par exemple ?

Certains acceptent les clauses abusives juste pour pouvoir bénéficier des avantages qu’offrent une accréditation. La photo se révèle être un moyen d’accéder à des lieux gratuitement sans un réel un intérêt pour l’artiste. Sans un réel travail artistique une fois le concert terminé.

Parce que parfois des fauxtographes ont abusé de la situation, tous les photographes subissent aujourd’hui les foudres des artistes, de leurs équipes, ou des organisateurs de concerts et ou de festivals.

Des contrats abusifs proposés par les artistes ou leur staff

Il n’y a pas que les photographes qui ont parfois abusé de la situation. Aujourd’hui toute la communication repose sur l’image. Un tweet, un post sur Facebook sont mis en avant si ils contiennent une image. Pour Instagram l’image représente la matière première de tous comptes.

Produire des photos coute cher aux yeux de certaines personnes. Certains ont compris qu’ils pouvaient obtenir des photos gratuitement. Ils jouent sur la corde sensible de certains photographes. Mais cela donne parfois l’impression de faire une violente clé de bras aux photographes.

Si longtemps, donner des photos se faisait de manière discrète maintenant les artistes, leur staff ou les organisateurs le contractualise pour se constituer une photothèque gratuite.

Les communiqués de presse et toutes les publications sur les réseaux sociaux peuvent s’illustrer à moindre cout. Les photos utilisées sont toujours les dernières produites ainsi le moindre changement physique, capillaire est rendu visible.

D’autres veulent contrôler l’image qu’ils renvoient. Ils utilisent des arguments autour du droit à l’image, mais celui ci ne s’applique pas pour des personnes en représentation publique.

Si la photo n’est pas prise sous leur « meilleur profil » alors la photo ne passe pas le filtre de la sélection. Les personnes qui effectuent la sélection des photos oublient qu’il y a une énorme différence entre la photo réalisée lors d’un reportage et celle réalisée dans des conditions de studio permettant de lisser l’image renvoyée.

La limite des 3 premiers morceaux ne permet pas uniquement à l’artiste de s’exprimer sans un parterre de photographes, cela lui permet d’être pris en photos sans la moindre goutte de sueur. Ils sont encore parfaitement présentables, le maquillage et la tenue sont parfaitement en place.

Refusons de faire des photos lorsque le contrat impose des clauses abusives
Refusons de faire des photos lorsque le contrat impose des clauses abusives

Des photographes qui acceptent des contrats abusifs

Si certains photographes acceptent de telles conditions, c’est le plus souvent par méconnaissance. Ils ne connaissent rien des lois qui encadrent la photographie et ne sont pas préparés à devoir étudier un contrat et à comprendre chaque clause.

En 2019 certains photographes pensent encore que le crédit du photographe est une forme de publicité. Ils pensent encore que c’est un cadeau. Comment dès lors leur faire entendre qu’il s’agit d’une obligation légale prévue par le code de la propriété intellectuelle ?

Comment leur faire comprendre que donner des photos comme imposé par un contrat se rapproche plus d’une extorsion qu’autre chose ?

D’autres ne font pas la différence entre le droit d’auteur et le droit à l’image. Comment leur faire comprendre que les photos qu’ils créent leur appartiennent et n’appartiennent pas à la personne photographiée.

Certains photographes ne découvrent ces contrats qu’une fois sur place après de longs déplacements. D’autres les découvrent même après le concert ou le festival. Pour les indépendants la perte financière, dans ce cas importante met en péril leur entreprise à l’équilibre précaire.

Heureusement les photographes ou des médias avec un peu d’expérience refusent de plus en plus ces situations. Des médias locaux refusent qu’on leur impose certaines contraintes comme la validation des photos.

Une mise en danger du travail des photographes

Ce type de contrat est en train d’un peu plus précariser les photographes. Les accepter c’est accepter que ces clauses abusives se développent et deviennent la norme.

Si aujourd’hui on rencontre ces contrats dans le monde de la musique, dans celui de la culture et celui du sport, il ne faudra pas s’étonner de découvrir prochainement les mêmes contrats pour d’autres situations.

Aujourd’hui pour tous les photographes, des débutants à ceux qui ont bien plus de bouteille, il faut refuser ces contrats et les dénoncer.

Tu es photographe et tu as déjà rencontré ce genre de disposition n’hésite pas à en parler en commentaire ci-dessous.

8 COMMENTAIRES

  1. Je n’ai jamais rencontré ce genre de situation car je ne fais pas de photos de concert mais il est évident qu’il ne faut pas accepter. Je peux comprendre que certains aient un frigo à remplir, mais il faut rester fort et ferme face à ces abus. 🙂

  2. Bonjour
    Voici déjà vingt ans, la clause des « trois premiers morceaux » existait sur les gros concerts d’artistes très connus.Aujourd’hui elle fait partie de contrats signés accompagnée de dizaines d’autres closes très contraignantes et abusives comme tu l’écris. Nous n’avons pas imposé aux artistes et tourneurs de l’époque notre présence dans la « fosse » car dans ces temps nous nous comptions sur les doigts d’une main. Aujourd’hui avec l’avènement du numérique n’importe qui s’improvise professionnel de l’image, sans rien connaitre de ce métier. Je suis entièrement d’accord avec toi, il faut systématiquement refuser ces contrats abusifs. Mais il faut aussi faire le tri parmi cette multitude de « fauxtographe » qui envahissent notre métier, pas seulement en photos de spectacles, mais dans tous les domaines. Si nous ne faisons rien, bientôt les seuls contrats que nous signeront seront ceux avec Pôle Emploi.

    • @Coste
      Je n’ai pas connu le monde de la photo il y a 20 ans,
      Mais depuis 10 ans je vois l’évolution de cette clause des 3 premiers morceaux qui se développe même chez les petits groupes.

      A mon niveau de photographe pro, je ne peux pas faire le tri parmi les fauxtographes, par contre je peux conseiller ceux qui ont besoin d’aide pour faire le tri ou pour organiser les choses dans les règles.

  3. Bonjour,
    Effectivement, cette pratique est regulierement utilisée dans les sports mécanique.
    On doit poser le logo de la compet’, les transmettre sans etre sur que ca soit publié, accepeter les modifs et usage de com etc… sans forcement etre identifier.
    Et la aujourd’hui, j’ai reçu ca pour une accred’. C’est juste une journée de training sur circuit. C’etait libre avant..
    « A savoir que nous allons signer un contrat d’accréditation afin que tu puisses utiliser les photos et que nous puissions également les utiliser. Toutes les informations seront sur le contrat.
    A réception des informations demandées ci-dessus, je vous enverrais le mail avec le contrat à signer. »

    J’attend de voir le contrat.. ce qui est embettant, c’est que je suis avec une team pour les photos..

    Nous sommes pas respecté et encore moins notre taf.. C’est malheureux, alors qu’on est la base de leur com’..

  4. Bonjour Loïc,

    Je suis photographe pro, adhérent de l’UPP et membre de la SAIF. J’ai découvert sur le tard ton article, et je témoigne qu’encore aujourd’hui en 2023, ce type de contrat se pratique. Aujourd’hui grâce à ton argumentaire très clair, je m’en sert pour justement aider les organisateurs de 2 festivals sur la Haute-Savoie pour rédiger enfin des contrats d’accréditation qui vont dans ce sens. J’ai eu l’impression au début de ne pas parler la même langue qu’eux et à force de persuasion depuis l’an passé, j’ai un contrat pour faire mon job, une accréditation qui couvre tout le festival (même sur scène et coulisses) et je touche mes droits d’Auteur. Mais saches que ton texte m’a fait un super bien. On se sent moins seul ! Au plaisir d’échanger. fabien

    • @LICATA
      Je trouve dommage que l’UPP ou d’autres organisations de photographes professionnels ne se mobilisent pas plus contre ces contrats. Trop de photographes pensent qu’il suffit d’acheter un boitier, un carrouf mais dans la photographie ce n’est pas seulement appuyer sur un bouton. Il y a tout un monde autour qui permet de protéger les photographes. Malheureusement trop de photographes ne maitrisent pas ces éléments.

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