Parmi tous les contrefacteurs de photos et autres illustrateurs, il y a une race qui m’énerve au plus au point. J’ai nommé les formateurs photographes. Généralement, ils pratiquent la photographie depuis quelques années, souvent 10 ans ou plus et se lancent dans la formation en ligne. Afin de se faire connaitre, ils créent des vidéos et autres publications. Mais pour cela, ils doivent utiliser des photos et autres schémas explicatifs.
Vous le savez si vous êtes un lecteur de longue date de Pyrros.fr je surveille les utilisations des photos que je partage ici ou ailleurs. Régulièrement, je rappelle à l’ordre de manière plus ou moins virulentes les personnes qui utilisent mes photos. Mais force est de constater que certains de mes prétendus confrères trouvent que je travaille particulièrement bien.
Tout le monde peut faire de la formation photo
Aujourd’hui, pour devenir photographe, il n’est pas nécessaire d’avoir un quelconque diplôme. Pour devenir formateur, il n’est même pas nécessaire de témoigner d’un certain savoir-faire. Ainsi, il est possible pour n’importe qui de proposer des prestations photographiques ou des temps de formations autour de la photographie.
Pourtant, pour former des gens, pour donner des cours et permettre aux stagiaires d’apprendre, il convient de savoir faire preuve de pédagogie. Il faut pourvoir s’adapter sans réciter un texte que l’on a trouvé sur Internet, mais au contraire, il faut pouvoir répondre à toutes les situations. Et ici, si sur le plan technique, on peut discuter sur le plan légal, il apparait d’importantes et profondes lacunes
Comme on voit des photographes sortir de Darty ou de Boulanger avec leur premier appareil photo et immédiatement proposer des prestations, on voit apparaitre certains formateurs qui n’ont pas d’expérience dans l’accompagnement et la formation. Et surtout par leur attitude, on se demande quelles valeurs ils peuvent transmettre à leurs stagiaires.
En effet, la photographie ce n’est pas seulement appuyer sur un bouton, il y a aussi d’autres choses à savoir et qui gravitent autour de la pratique photographique. Il peut s’agir du droit à l’image comme du droit d’auteur. Mais comment expliquer le droit d’auteur quand on est soi-même incapable de le respecter ?
Depuis que je me suis lancé, je fuis les formateurs qui utilisent les photos des autres. Certains utilisent des photos gratuites, des photos de microstocks ou des photos sous licence libre. Ils ne font bien souvent que copier d’autres tutoriels sans maitriser ni parfois comprendre tous les secrets de certaines situations qu’ils présentent.
Une manne financière importante pour ceux qui ont un agrément
Avec le développement du CPF (Compte Personnel de Formation) permettant à tous les travailleurs de financer une formation de leur choix, certains voient dans l’organisation de formations l’occasion de s’enrichir plutôt que de former de nouveaux photographes.
Certains formateurs n’hésitent pas à acheter un numéro d’agrément afin de pouvoir assurer des formations financées par le CPF. Il se vend même des formations clé en main à revendre en tant que « pseudo-formateur ». L’absence de contrôle sur le savoir des formateurs est criant. Ainsi, on voit toute sorte de margoulins dans le paysage de la formation photo.
Mes illustrations utilisées sans autorisation
Écrire un article de blog demande du temps, que ce soit un coup de gueule, comme ici, un tutoriel, une réflexion ou un reportage, les blogueurs sérieux prennent le temps de tout vérifier. Il faut ensuite préparer des illustrations explicatives pour certains de ces articles. Écrire une vidéo demande encore plus de temps et donc de travail, dans certains cas les explications doivent être animées.
J’ai toujours fait le choix de faire mes illustrations moi-même. Sans être graphistes, je prends parfois ma vieille version de Photoshop pour faire un schéma qui permet d’illustrer mes propos. Réaliser ces illustrations demandent de faire des recherches, de faire des choix. Certaines illustrations m’ont demandé de nombreuses réflexions pour les réaliser et les rendre les plus précises et les plus lisibles.
Pour certaines, il m’est arrivé de faire des erreurs signalées par l’un d’entre vous et corrigées rapidement. De temps en temps, il faut compléter les explications, ici aussi le plus souvent, c’est suite à un message d’un lecteur du site.
Alors quand au détour d’une publication sur Instagram, je croise mon illustration utilisée par un soi-disant formateur pour une de ses publicités, mon sang ne fait qu’un tour. De la même manière, quand je vois la publication d’un pseudo formateur dans un groupe Facebook reprendre mon illustration, j’ai envie de tout casser.
Habituellement, ce sont des robots qui me signalent les utilisations de mes photos. Mais il faut un peu de temps pour retrouver les photos ou les illustrations. Dans d’autres cas, ce sont des lecteurs qui me signalent l’utilisation d’une ou plusieurs photos.
Le profil de ces contrefacteurs, des formateurs photographes français
Lorsque l’on visite les profils de ces personnes, on se rend compte de la pauvreté du contenu qu’ils proposent. On peut rapidement deviner que les illustrations ne sont pas les leurs. Ils cherchent la rentabilité à tout prix et oublie le droit d’auteur, si ils le connaissent. Ils prennent la première illustration qui passe sur google et tant pis pour l’auteur de cette illustration.
Le contenu produit est assez bas de gamme, certains diront low-cost, en même temps pour une vidéo de quelques minutes sur YouTube, il ne faut s’attendre à obtenir le diplôme d’une grande école de photographie.
Étrangement, ces contrefacteurs sont français. Difficile pour un formateur non-francophone de venir piquer une de mes illustrations, les légendes sont en français. On pourrait pourtant penser qu’un formateur situé à l’étranger pourrait ne pas connaitre les subtilités du droit d’auteur en France. Mais non, ils sont bien français et n’ont donc pas d’excuse lorsqu’il utilise une illustration sans l’autorisation de son auteur.
Pas de bol, certains créateurs de contenus veillent sur leurs illustrations et autres photos.
Tirer à vue ou faire de la pédagogie ?
Dans ce genre de situation, plusieurs possibilités s’offrent aux créateurs de contenus :
- La première consiste à être fataliste et à ne rien faire.
- Envoyer un message au contrefacteur
- Lancer une procédure DMCA qui ne fonctionne pas toujours avec les hébergeurs de site Internet, mais qui se révèle très efficace sur les réseaux sociaux.
- Lancer une procédure avec un huissier et un avocat. Cette solution représente un cout important et le bénéfice peut être assez faible.
Si lorsque mes photos sont utilisées sur les réseaux sociaux, je ne fais pas dans la dentelle en déclenchant une procédure DMCA, quand il s’agit d’un confrère, je préfère « m’amuser » avec eux et leur envoyer moi-même un premier message d’avertissement. Cela me permet de leur rappeler le droit d’auteur.
Par le passé, j’ai pu demander que le crédit soit ajouté avec un lien vers l’article d’origine. Mais cela ne fonctionnait pas. Ils avaient peur pour leur SEO. À chaque fois, cela s’est terminé par des DMCA face à des pseudo-formateurs peu enclins à reconnaitre et à corriger leurs erreurs.
Désormais, je demande le retrait pur et simple de l’illustration. Je n’oublie pas de rappeler dans mon message que l’illustration ou la photo doit être retirée de toutes les plateformes qu’ils utilisent. Je ne manque pas de signaler les utilisations que je détecte.
Afin d’être certain qu’ils réagissent rapidement, je précise que j’ai d’autres moyens à ma disposition pour qu’ils cessent d’utiliser mes photos ou mes illustrations. Je n’ai pas besoin d’être très loquace sur le sujet, ils savent à quoi s’attendre, même s’ils ont parfois de mauvaises surprises.
Des menaces et des insultes avant le retrait de mes illustrations
Dans cette situation, j’obtiens une réponse rapidement. Généralement, la réponse se montre à la hauteur des personnages : irrespectueuse, insultante et de temps en temps menaçante. Je leur fais perdre du temps avec le droit d’auteur qu’ils devraient pourtant maitriser. Ils essaient de se faire passer pour la victime qu’ils ne sont pas.
Ils se perdent dans des justifications vaseuses qui me font doucement sourire. Soi-disant, ils auraient trouvé l’illustration sur un autre site et ce serait donc la faute de ce site s’ils utilisent une de mes illustrations. Ils sont néanmoins incapables de m’indiquer le site en question. Personnellement, je sais où et par qui sont diffusées ces illustrations et comment elles sont référencées dans les moteurs de recherches. Peu importe où ils ont trouvé l’illustration, celle-ci est protégée par le droit d’auteur.
Qu’ils trouvent l’illustration sur Pyrros.fr ou ailleurs, ils devraient savoir qu’en l’absence d’autorisation, il n’est pas possible d’utiliser une photo ou une illustration.
Les illustrations ont elles retirée ? ou faut-il sanctionner plus fort ?
Heureusement, dans les heures qui suivent, le contenu est supprimé. Il est remplacé par une illustration dont ils sont les auteurs, enfin presque. Car ces personnes ont d’autres choses à faire qu’à faire des illustrations en pensant à tout ce qui compose une illustration. Ils gardent le code couleur de l’illustration qu’ils ont volé. Ils ne voient pas dans ce cas cette espèce de cicatrice qui reste affichée sur leur contenu.
En général, je ne vais pas plus loin dans la démarche. Je sais que derrière ce premier avertissement est suffisant pour leur passer l’envie de recommencer et de continuer.
3 à 4 jours après mon premier mail, je prends le temps de vérifier que l’illustration est bien retirée de toutes leurs plateformes. Parfois, j’ai des surprises. Heureusement, il me reste des solutions.
L’artillerie lourde pour rappeler à l’ordre les formateurs malhonnêtes
Les rares qui ne jouent pas le jeu, ceux qui oublient plus ou moins volontairement quelques publications voient alors débarquer l’artillerie lourde, j’ai nommé la procédure DMCA. Pour cela, il suffit de remplir le formulaire disponible gratuitement sur la majorité des plateformes pour signaler une atteinte au droit d’auteur.
En quelques heures, parfois en quelques jours, le contenu utilisé sans autorisation est retiré et le propriétaire de la page reçoit un avertissement. Si la page a déjà reçu d’autres signalements, alors la plateforme peut suspendre l’utilisation, voir supprimer le profil ou la page qui diffuse le contenu signalé.
Dans le cas du blocage d’une plateforme utilisée pour communiquer, la perte peut être totale. C’est encore plus vrai quand il y a des annonces en cours. Il faut repartir à zéro pour retrouver une certaine crédibilité. Ici, il faut passer du temps régulièrement pour attirer de nouvelles personnes, il faudra parfois financer des campagnes de publicités.
Après ce genre d’action, les personnes rappelées à l’ordre essayent de montrer les muscles. Ils se demandent pourquoi j’ai utilisé cette méthode. Aux insultes s’ajoutent quelques menaces. Apprendre par la force et perdre du temps ne fait jamais plaisir, mais contre cela, il n’y a qu’une solution : respecter le droit d’auteur, pourtant au cœur du métier de photographe.
Trop de créateurs de contenus fatalistes ne font rien contre les voleurs
Je trouve cependant dommage que les autres créateurs des contenus volés par ces pseudo-formateurs ne se manifestent pas plus. Il serait ainsi possible de rapidement faire le ménage chez ces margoulins qui seraient obligés de corriger toutes leurs vidéos, toutes leurs publicités, etc. Il deviendrait même difficile pour certains d’utiliser les réseaux sociaux, vu que leurs pages seraient rapidement suspendues voir supprimées.
Pourquoi agir contre les contrefacteurs ? Contre les formateurs véreux ?
Lorsqu’une personne utilise une de mes photos, une de mes illustrations, sans autorisation, je n’ai aucun contrôle éditorial sur l’utilisation qui peut être faite. Mes idées peuvent donc être facilement et sans aucun accord préalable associées à des idées nauséabondes, à des valeurs qui ne sont pas les miennes.
Au-delà de la perte financière, il peut aussi y avoir une perte du fait du mélange des genres. Il s’agit ici de parasitisme. Le voleur profite de mon savoir-faire, de mon temps passé à son seul profit. Un lecteur du site pourrait voir passer une vidéo, un article ou même une publicité du voleur et, reconnaissant mon illustration, se dire que je suis l’auteur de la formation proposée.
Face à lui, il n’aurait pas le formateur et la formation qu’il souhaite obtenir. Il n’y aurait ainsi pas 1, mais 2, voir plus, victimes du fait de la seule utilisation d’une de mes illustrations par un formateur qui se pense intouchable face au droit d’auteur.
Il me semble essentiel de recadrer ces formateurs qui oublient bien trop rapidement le droit d’auteur en les empêchant de poursuivre leurs formations sans les remettre à leur place.
Je suis absolument choqué et en colère de voir que certains formateurs photographes ne respectent pas le droit d’auteur. Il est inacceptable que des personnes qui se prétendent des professionnels utilisent des images sans autorisation ni crédit, et il est encore plus décevant de voir cela dans un domaine qui devrait être basé sur la créativité et l’expression artistique.
Cela montre un manque total de respect pour les photographes et leur travail, et cela envoie un message dangereux aux étudiants et aux futurs photographes que le droit d’auteur n’est pas important. C’est un manque de professionnalisme et une violation éthique fondamentale.
Je suis déçu de voir que certains formateurs ne prennent pas leur responsabilité de promouvoir les pratiques éthiques et légales dans leur enseignement. Il me semble essentiel d’agir comme c’est raconté ici.
@Allexandro
On rencontre des margoulins à tous les niveaux. Cela arrive dans la photographie, dans la formation, dans les services aux photographes, etc.
Les syndicats essaient de nous faire croire qu’ils ont d’autres priorités.