Adobe et l’IA : Pourquoi les Photographes sont en colère ?

0

Créateurs et créatrices de contenu, vous êtes probablement familiers avec Adobe, le titan derrière les logiciels incontournables comme Photoshop et Lightroom. Ces outils sont au cœur de notre travail quotidien, nous permettant de transformer des clichés bruts en œuvres d’art éblouissantes. Mais aujourd’hui, Adobe se retrouve au centre d’une tempête qui pourrait bien ébranler la confiance que nous leur accordons depuis des années.

Depuis quelques semaines, une polémique enflamme les réseaux sociaux et les forums de photographes. Adobe, l’entreprise en laquelle nous avons tant investi, est accusée d’utiliser nos précieuses créations sans notre consentement pour entraîner ses algorithmes d’intelligence artificielle. Des milliers de créateurs, amateurs comme professionnels, se sentent trahis par cette entreprise qui semble avoir oublié le respect des droits de ses utilisateurs.

Les nouvelles conditions d’utilisation de Photoshop et Lightroom, mises à jour récemment, contiennent des clauses alarmantes. Les sections 2.2 et 4.1 stipulent qu’Adobe se réserve le droit d’accéder aux contenus générés par ses logiciels. Cette découverte a provoqué une levée de boucliers parmi les artistes, en particulier ceux qui craignent de voir leurs œuvres exploitées pour des fins qu’ils n’ont jamais approuvées.

Face à cette situation explosive, Adobe a tenté de faire marche arrière, clarifiant ses intentions et modifiant ses termes. Mais le mal est fait. La méfiance règne et les critiques pleuvent, exacerbées par un modèle d’abonnement déjà impopulaire depuis son imposition en 2012.

Adobe voulait alimenter son IA à partir des créations de ses utilisateurs.
Adobe voulait alimenter son IA à partir des créations de ses utilisateurs.

En janvier 2023, alors que l’IA se développe, apparaissaient déjà des utilisations des créations des utilisateurs des logiciels d’Adobe (voir ici).

La Controverse des Nouvelles Conditions d’Utilisation des logiciels d’Adobe

Présentation de la Controverse

La controverse a éclaté lorsque plusieurs utilisateurs attentifs ont découvert une modification inquiétante dans les conditions d’utilisation de Photoshop et Lightroom. Les sections 2.2 et 4.1, dernièrement mises à jour, indiquent qu’Adobe se réserve le droit d’accéder aux contenus créés par les utilisateurs de ses logiciels. En d’autres termes, Adobe pourrait potentiellement utiliser vos photos, vos retouches, vos créations, sans demander votre permission explicite.

Cette découverte a provoqué une onde de choc dans la communauté des créateurs. Sur les réseaux sociaux, notamment sur X (anciennement Twitter), les réactions n’ont pas tardé à se manifester. Des milliers d’artistes, graphistes et photographes ont exprimé leur indignation et leur inquiétude. Les appels au boycott d’Adobe se sont multipliés, certains allant jusqu’à proposer des alternatives aux logiciels de l’éditeur.

Inquiétudes des Utilisateurs, notamment des photographes

Les principales inquiétudes des utilisateurs concernent l’utilisation de leurs œuvres pour entraîner les algorithmes d’intelligence artificielle d’Adobe, spécifiquement leur solution IA baptisée Firefly. Plusieurs artistes ont rapporté avoir repéré des reproductions illégales ou illicites de leurs œuvres générées par des IA, ce qui a alimenté leur peur que leurs créations soient utilisées sans leur consentement pour des fins commerciales.

Les utilisateurs craignent que cette pratique ne devienne courante, ouvrant la porte à des violations massives des droits d’auteur et à l’exploitation de leur travail. Les créateurs dépendent des logiciels d’Adobe pour leur activité professionnelle et personnelle, et la possibilité que leurs œuvres soient utilisées sans leur accord menace directement leur subsistance et leur intégrité artistique.

La Réaction d’Adobe face à la Polémique

Clarifications d’Adobe

Face à la colère montante, Adobe a rapidement réagi en publiant des clarifications concernant ses intentions. Scott Belsky, directeur de la stratégie chez Adobe, a insisté sur le fait que l’entreprise n’avait jamais eu l’intention d’utiliser les contenus des utilisateurs pour entraîner des modèles d’IA sans consentement explicite. Selon Belsky, les nouvelles conditions de service ne faisaient que formaliser une politique existante, mais mal exprimée.

Dans un communiqué officiel, Adobe a assuré que les contenus stockés localement sur les appareils des utilisateurs ou dans le cloud ne seraient pas utilisés pour entraîner des modèles d’IA générative. Cependant, une exception notable subsiste : les contenus soumis à la plateforme Adobe Stock pourraient toujours être utilisés pour cette fin.

Modifications des Termes

En réponse à la polémique, Adobe a également mis à jour les termes et conditions d’utilisation pour clarifier explicitement les usages permis et interdits des contenus générés par les utilisateurs. Ces nouvelles clauses stipulent que les contenus créés sous un accord de non-divulgation ne seront ni scannés ni examinés par Adobe lorsqu’ils sont stockés localement. Cependant, les contenus téléchargés sur le cloud peuvent être automatiquement scannés pour vérifier qu’ils ne contiennent pas de matériel illégal ou abusif, comme des contenus relatifs à l’abus sexuel d’enfants.

Malgré ces clarifications, la méfiance persiste. Les utilisateurs se sentent trahis par la possibilité même qu’une entreprise puisse accéder à leurs créations sans une permission explicite et spécifique pour chaque utilisation. Adobe tente de rassurer, mais le doute est installé.

Impact sur la Communauté des Créateurs

Méfiance Persistante pour les utilisateurs des logiciels d’Adobe

Les clarifications d’Adobe n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes. La communauté des créateurs de contenu, déjà sensible aux questions de droits d’auteur et de propriété intellectuelle, voit cette situation comme une attaque directe contre leur travail. Les artistes et les photographes dépendent de logiciels comme Photoshop et Lightroom pour produire leurs œuvres, et la moindre incertitude concernant la sécurité et la confidentialité de leurs créations est perçue comme une menace.

Conséquences Réglementaires

Réglementations Futures

Cette affaire pourrait avoir des implications significatives pour les futures réglementations sur la confidentialité et la sécurité des données. La transparence devient un enjeu crucial pour les entreprises technologiques, qui doivent garantir que les droits des utilisateurs sont respectés. Les photographes et créateurs de contenu doivent rester vigilants et informer sur les mises à jour des conditions d’utilisation des logiciels qu’ils utilisent pour protéger leurs œuvres et leurs droits.

De son côté, Meta (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp) a mis en place un formulaire pour interdire l’alimentation de son IA. La firme américaine souhaite alimenter son IA avec les contenus partagés par les utilisateurs des différentes plateformes de la firme de Zuckerberg.

Lightroom est proposé seul avec 1 To de stockage dans le cloud d’Abode. Mais on trouve aussi Lightroom dans un pack avec Photoshop et 20 Go de stockage cloud.

Il est possible d’augmenter la capacité du stockage moyennant finance

Le Modèle d’Abonnement d’Adobe remis en question

Cette controverse s’inscrit dans un contexte de mécontentement croissant envers le modèle d’abonnement d’Adobe, instauré en 2012. Depuis cette date, les utilisateurs doivent payer des frais d’abonnement récurrents pour accéder aux logiciels, une pratique qui a suscité de nombreuses critiques. Beaucoup regrettent l’époque où ils pouvaient acheter une licence perpétuelle, leur permettant d’utiliser le logiciel sans frais supplémentaires.

Les frustrations accumulées depuis des années atteignent aujourd’hui leur paroxysme. Les utilisateurs voient cette nouvelle polémique comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les critiques se focalisent sur la dépendance financière imposée par Adobe et sur les conditions d’annulation compliquées et coûteuses des abonnements, ajoutant encore à la méfiance générale envers l’entreprise.

Action en Justice contre Adobe

La controverse a également attiré l’attention des autorités fédérales. Le département de la Justice des États-Unis a récemment intenté une action en justice contre Adobe. Il accuse l’entreprise de pratiques commerciales trompeuses, notamment de dissimuler des frais d’annulation élevés et de rendre le processus de résiliation des abonnements inutilement compliqué. Cette action en justice souligne la gravité des accusations portées contre Adobe et la nécessité de réglementer plus strictement les pratiques des grandes entreprises technologiques.

Conclusion

Cette controverse entre Adobe et ses utilisateurs met en lumière des questions essentielles sur la confidentialité, la sécurité des données et le respect des droits des créateurs. Malgré les clarifications apportées par Adobe, la méfiance persiste et les frustrations s’accumulent. Les critiques du modèle d’abonnement et les pratiques commerciales de l’entreprise ajoutent à ce climat de défiance.

Photographes et créateurs de contenu, il est crucial de rester informés et vigilants. Vérifiez régulièrement les conditions d’utilisation des logiciels que vous utilisez et protégez vos œuvres contre toute utilisation non autorisée. Considérez les alternatives disponibles sur le marché et évaluez leurs avantages et inconvénients. Enfin, faites entendre votre voix et exigez plus de transparence et de respect de la part des entreprises dont vous dépendez pour votre travail créatif. Le monde de la création numérique est en constante évolution, et il est de notre devoir de nous adapter et de protéger nos droits dans ce paysage dynamique.