Travailler comme photographe pro pour arrondir ses fins de mois.

Il y a un peu moins d'un an je proposais à Ary de venir parler de son évolution dans la photographie aujourd'hui il revient sur Pyrros.fr nous parler de l'experience qu'il a acquis depuis qu'il est devenu photographe professionnel.

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Comme un grand nombre de photographe passionné, j’ai décidé de passer pro et de proposer mes services pour arrondir mes fins de mois en plus de mon emploi principal. J’ai fait le grand saut il y a un an et demi.

Le temps pour moi de vous faire part de mon expérience a travers certains points de la pratique professionnelle de la photo qu’on imagine pas toujours avant de se lancer. J’espère que ça pourra aider à se décider (dans un sens ou dans l’autre) ceux qui hésitent à se lancer.

Évidemment ce que je décris ici ne peut être pris que comme un exemple et d’autres auront un vécu très différent j’imagine, mais je vais essayer de rester le plus général possible.

Ary Brami devient le cobaye de ses élèves lors de shooting
Ary Brami devient le cobaye de ses élèves lors de session de formations

La fin du ‘’Temps libre’’ pour arrondir les fins de mois

La première chose à prendre en compte à mon sens est la réduction de votre temps libre. En effet en cumulant un second emploi celui-ci remplira mécaniquement une partie de votre ancien temps libre. Il vous faudra ainsi sacrifier une partie des choses que vous faisiez durant ce temps précédemment : dormir, glander devant la TV, bricoler, jardiner, faire le ménage, passer des temps en famille, voir des amis…

Evidement plus vous avez de contrat plus ce temps libre se réduit, mais même sans contrat, vous devez vous consacrer à d’autres taches en rapport avec votre activité : démarches administratives, marketing, contact avec des futurs clients, formation…

Ne vivant pas en France mon premier temps plein est à 43h hebdomadaire, vous comprenez facilement qu’il suffit de quelques contrats pour voir le jardin se transformer en friche.

Les joies des administrations

En passant pro et indépendant vous découvrirez aussi tout le bonheur du travail administratif. Faire toutes les démarches auprès des différentes administrations pour ouvrir votre société (plus ou moins facile et rapide suivant le pays et votre statuts), mais aussi gérer votre comptabilité et fournir aux autorités votre bilan chaque année. Ne pas oublier de payer les différentes taxes en temps et en heure… bref que du bonheur.

Il y a des choses dont on ne soupçonne pas la difficulté (en tout cas pour moi) : faire un bilan comptable annuel, même avec une vingtaine de lignes en dépenses et en recette, n’est pas si simple. Il ne faut rien oublier au risque de devoir payer une amende ou de payer trop d’impôts. Dans certain cas, il vaut mieux se faire aider par un pro .

De la même manière décider d’une grille tarifaire qui soit motivante pour vous sans être un frein pour les clients ne s’improvise pas. Si vous voulez gagner votre vie (ou mettre du beurre dans les épinard) il ne faut oublier aucun frais pour pouvoir dégager des bénéfices.

Ary n'est pas seulement photographe, il assiste les invités d'un mariage
Ary n’est pas seulement photographe, il assiste parfois les invités d’un mariage

Je respecte le métier de photographe

Les tarifs que pratique Ary sont calqués sur le marché local.

Il ne cherche pas à gagner à tous prix de nouveaux marchés en profitant de sa double activité.

Ce n’est pas un photographe gris.

Je sais que, bien sûr, que certains choisissent de travailler au noir, ne se cassent pas la tête avec toutes ces formalités et de ne déclarent pas leurs bénéfices. Ce n’est pas mon choix. Je suis d’ailleurs assez scrupuleux sur ce point et n’accepte aucun payement (même les plus petits, même quand les clients eux même m’invite à le faire) sans sortir de reçu, déclare tous mes revenus et paye impôts et frais de sécurité sociale. J’ai ainsi l’esprit plus tranquille, en règle avec tout le monde. Je pense aussi qu’au final, ça rassure les clients sur le sérieux de mon travail. Ça augmente certes les frais à prendre en compte dans les calculs, mais d’un autre coté je profite chaque jour des différents services de l’état, donc…

Apprendre à communiquer

Autant quand on est amateur passionné tenir un blog, une page Facebook, une galerie Flickr ou Instagram peut être amusant, autant en tant que pro ça devient une obligation. Parler de votre activité, la décrire au mieux et se faire connaitre est un passage obligé.

Pour ma part j’ai la chance de vivre dans un petit village. Le bouche à oreille fonctionne donc très bien et mes anciens clients font ma pub autour d’eux. Mais ça peut être à double tranchant, je n’ai pas le droit à l’erreur !

Ary Brami lors d'un shooting
Ary Brami lors d’un shooting

Pas le choix on prend ce qui vient

En passant pro, surtout au début il y a un luxe qu’on a pas, celui de refuser des clients ou des contrats. Ainsi lorsque j’imaginais mon activité, je pensais surtout à faire des randonnées photos en pleine nature et un peu de formation. Au final je fais surtout de l’évènementiel, des formations photo pour débutant et aucune demande pour des excursions.

Peut-être que ma communication n’est pas bonne, peut-être qu’il n’y a pas de demande. Quoi qu’il en soit, quand on pense à arrondir ses fins de mois, il est difficile de faire la fine bouche.

Toujours plus de Matos

Le passage au statut professionnel m’a aussi fait engagé des dépenses que je n’aurai pas faites sans : site web, carte de visite, publicité, informatique, sauvegarde et bien sur le plus gros poste de dépense, le matériel.

Etant plutôt anxieux de nature et désirant bien faire, j’ai rapidement investi dans un nouveau couple boitier/objectif plus performant que celui que j’utilisais pour mes photos. Etant amené à faire des photos de soirée, un nouveau flash a suivi, puis un deuxième, des cartes mémoires en rab de plus en plus performantes, des piles rechargeables haut de gamme…

Dernièrement et en prévision d’un mariage qui va se finir dans une piscine (chacun son truc…), j’ai même acheté un appareil étanche.

Au final cette tendance à tout doubler (au moins) m’a rendu service, puisque j’ai déjà eu à faire face à des pannes de carte mémoire et de flash durant des évènements. Sans une solution de repli je n’aurai pas pu continuer mes prises de vue.

Le point négatif c’est qu’en faisant ces achats je pensais naïvement au départ que ça me ferai aussi un équipement supplémentaire pour mes propres photos ‘’passion’’. Ce n’est qu’en partie vrai puisque je me suis rendu compte que j’ai une petite appréhension à utiliser mon matos pro pour mes aventures perso de peur de les endommager et qu’ils ne soient plus parfaitement fonctionnels pour mon prochain shooting.

Les élèves de Ary Brami en pleine action
Les élèves de Ary Brami en pleine action lors d’une session de formation

Stress obligatoire pour arrondir les fins de mois

Le dernier changement qui me vient à l’esprit en passant d’une pratique de passionnée à celle d’un pro réside dans le fait qu’en photographiant professionnellement vous avez automatiquement une obligation de résultat. Même si elle n’est pas contractuelle, il faut à chaque fois fournir de belle photo. Non seulement ça, mais il faut s’assurer de pouvoir les fournir (donc sauvegarde multiple par exemple) et dans un temps raisonnable (pour moi quelques jours à une semaine en général, a l’heure des réseaux sociaux et des smartphones, les clients veulent les photos de leurs évènements tout de suite !).

Tout ceci génère évidement un stress inconnu du photographe qui shoote pour son seul plaisir. Vous pouvez aussi bien sur vous en moquer, négliger la qualité de votre travail ou le sérieux de la relation avec les clients, mais à mon avis vous ne ferez pas de vieux os sur ce marché de plus en plus concurrentiel. Comme le dit mon père, grand adepte des philosophies populaire d’Afrique du nord :

‘’Travaille pour ton nom jusqu’à ce que ton nom travaille pour toi’’

Au final, beaucoup de plaisir quand même !

En relisant cet article j’ai l’impression d’avoir surtout listé des points négatifs, mais j’ai oublié quelque chose de très important : ce job ‘’en plus’’ procure quand même beaucoup de plaisir, à moi et aux clients.

Participer à une festivité en tant que photographe nous transforme un peu en membre de la famille, on voit tous les à-côtés, toutes les coulisses. On est le premier arrivé et le dernier parti. On partage tous les meilleurs moments avec les clients. Ce plaisir est renouvelé au moment où on délivre les photos, les sourires des clients satisfaits, les remerciements d’avoir réussi à saisir chaque instant.

Plaisir aussi bien sûr, quand certains de mes élèves arrivent à obtenir les photos qu’ils souhaitent vraiment, à maitriser certains concepts photographiques complexes.

Après cette première année et demi, je suis pour ma part très heureux de m’être lancé. Même si je m’arrêtais maintenant je n’en garderai que du positif (et pas mal de nouveau matos !), mais comme il y a de la demande régulière pour mes services, aucune raison pour que je ne continue pas !

5 COMMENTAIRES

    • oui, c’est sympa.
      L’an dernier ça m’a fait en gros un 13eme mois… je ferai le bilan en fin d’année pour voir si c’est mieux en 2017.

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