Au départ de cette manifestation, nous pensions, tous les photographes, que celle ci se passerait dans le calme. Il y a moins de participants que lors des précédentes manifestations et les forces de l’ordre semblent moins présentes tout au long du cortège.
Entre photographes on discute, on est nombreux à penser que cette manifestation à des allures de dernière manifestation contre la loi travail. Parmi les opposants il n’y a que des visages connus, cela fait bientôt 4 mois que l’on se retrouve régulièrement pour battre la pavé toulousain.
Il y a eu des manifestations calmes d’autres beaucoup moins calmes avec des échanges parfois musclés entre une petite partie des opposants à la loi travail et les forces de l’ordre. Bref on fait un petit bilan entre nous. On discute aussi des images d’autres photographes réalisées ailleurs lors des mouvements contre la loi travail.
Dans la manifestation on fait des photos, on cherche un angle qui sort de l’ordinaire. Je suis triste les pancartes sont très rares aujourd’hui. A un moment le cortège s’arrête, il y a un colis suspect, le motard de la Police Nationale qui ouvre le cortège demande ce qu’il doit faire. Après un moment de flottement le cortège repart et passe à coté d’un sac rose d’écolière abandonné au pied d’un arbre.
Avec les photographes on se retrouve pour ce qui nous semble être la fin de la manifestation, c’est à dire au monument aux Morts de Toulouse qui fut à de nombreuses reprises le point de dispersion de précédentes manifestations. Mais à notre grande surprise les opposants à la loi travail ont pu poursuivre jusque devant la préfecture. On s’engouffre dans la rue de Metz surpris de ne pas trouver les Camions qui prennent place à cet endroit habituellement.
Un cercueil représentant la démocratie est brulé sur le parvis de la préfecture pour dénoncer une nouvelle fois l’utilisation du 49.3. Les flammes grandissent, ce sont des images que les photographes aiment faire mais il fait grand beau à Toulouse. On a plus envie de partager un verre en terrasse que de faire de ce genre d’images.
Soudain un manifestant attire les regards par ses cris en indiquant que le groupe de policiers qui se traverse la place Saint Etienne part pour interpeller une personne. Forcement tous les photographes et de nombreux manifestants leurs emboitent le pas.
Dans la rue de Metz un individu est encadré par de nombreux policiers, il subit une « fouille classique » mais les manifestants s’approchent un peu trop de la zone protégée par les policiers. (Selon les policiers il aurait lancé des projectiles en direction d’un groupe de policiers)
Un autre manifestant se fait alors lui aussi contrôler, tandis que les manifestants huent les policiers. Soudain presque sorti de nulle part débarquent de nombreux policiers en tenue anti émeute, une première vague et m’ignore totalement. Une seconde passe à coté de moi et prend à parti Pablo TUPIN, il subit les foudres d’une partie du groupe d’agents qui vient d’arriver. Il reçoit de nombreux coups de matraque dans le dos et sur les épaules. Je déclenche en pensant au matériel qu’il abrite dans son sac à dos. Les coups pleuvent dans son dos et je ne pense qu’à l’état dans lequel on va retrouver le photographe.
Un nouveau groupe de policiers passe à ma gauche j’ai juste le temps d’apercevoir le canon du Cougar (utilisé pour lancer les grenades lacrymogènes) que celui s’abat vers mon optique le Canon 10-22mm. Le policier à volontairement dirigé le canon de son arme en direction de mon optique. C’est presque un « coup de maître » ma main gauche qui soutient pourtant l’optique ne sent rien. Je n’ai alors le temps de rien faire, je vois seulement un morceau de mon optique qui va s’écraser contre le sol. Le groupe de policiers se jette dans la bataille.
J’aperçois Pablo qui se relève surpris par les coups qu’il vient de recevoir mais satisfait d’avoir pu protégé le matériel qu’il avait dans les mains, avant que l’on se fasse arroser à la gazeuse de lacrymogène. Je ramasse les morceaux de mon optique explosée et m’éloigne de la zone. Sans ultra grand angle je suis dans l’impossibilité de continuer à faire des photos et je n’ai pas envie de sortir l’autre optique qui se trouve dans mon sac.
Une fois calme revenu je retrouve les autres photographes et l’un d’eux, Alain PITTON, nous explique que les agents de la BAC l’ont menacé de l’embarquer. Philémon BARBIER s’est lui fait bousculé et a reçu un coup (probablement un coup de poing) sur la tête ce qui l’a empêché de continuer à faire des images.
Pablo est un peu mâché et Philémon a retrouvé ses esprits.
Jusqu’à présent à Toulouse nous les photographes n’avions pas eu de problème avec la police depuis le 31 mars où deux journalistes avaient été blessés lors d’une charge des CRS, Une fois ou 2 des agents nous avaient demandé de ne pas rester à tel ou tel endroit, ils avaient tenté en vain quelques intimidations contre l’un d’entre nous. Mais aujourd’hui certains agents ont dépassé certaines limites en ciblant volontairement des reporters.
(Ajout du Vendredi 1/7/16) [S.O.S] Objectif fracassé !
Participez au remplacement du matériel détruit par la police
Pour m’aider à financer le remplacement de mon objectif fracassé par un policier lors de la manifestation du 28/6 à Toulouse. Nous avons ouvert une cagnotte.
Vous pouvez participer pour m’aider à retrouver la parole et ainsi continuer à relater des faits en photos.
Pour accéder à la cagnotte cliquez ici : [S.O.S] Objectif fracassé par la police
[…] L’un d’eux témoigne sur son blog, habituellement destiné aux amoureux de la photo. Loïc Tripier, alias « Pyrros » raconte qu’en fin de manifestation, il a été le témoin du matraquage en règle d’un d’autre photographe, Pablo Tupin, par des policiers qui lui reprochaient semble-t-il de s’être trop approché lors de l’interpellation d’un manifestant. […]
J’espre que les photographes portent plainte
@antidictocratie
Dans mon cas c’est en cours
[…] et c’est là que les coups pleuvent sur le photographe toujours au sol, comme l’indique sur son blog le photographe Loic Tripier alias […]
c’est normal Valls et ses potes ne veulent pas que vous puissiez rapporter les exactions des flics pendant les manifs, mais continuez exposer leurs pratiques au grand jour c’est important.
Petite idée, pour filmer ou photographier une manif tranquillement, pourquoi certains ne se mettent pas à un balcon au 1er étage d’un appart donnant sur la rue ou une place ?
Ca fait un meilleur angle et des images plus claires de voir les choses un peu de dessus non ?
@frugivore
Malheureusement trouver des points hauts n’est pas toujours évident, à Toulouse les manifs se déroulent sur les boulevards qui sont bordés de platanes. Hier nous ne pensions pas que cela pourrait dégénérer de la sorte.
Nous n’avons pas prévu d’arrêter de couvrir les manifestations et tout ce qui peut se passer en marge de celles ci.
Bizarre quand même tout ça, je n’arrive pas à comprendre l’intérêt pour les policiers d’agir de la sorte…
@ary
La casse du matériel permet d’empêcher à poursuivre la réalisation des PDV. C’est aussi une forme d’intimidation tout comme les menaces ou pire les coups qui laissent des bleus au corps et à l’âme.
Il y a peut etre autre chose derrière ce genre d’actions mais je ne sais pas, je ne suis pas membres des forces de l’ordre.
ça se saurait si il y avait une logique ou quoi que ce soit à comprendre dans les agissement des CRS…
@Dem
Ici ce ne sont pas des CRS, mais leur tenue peut prêter à confusion.
Malheureusement n’étant pas membres des forces de l’ordre je n’irais chercher à analyser leurs actions. Je ne peux que constater le résultat : mon objectif est cassé.
Je ne peux faire que des hypothèses comme dans le commentaire précédent.
Manif ou pas manif, les conditions de travail se dégradent. Courage.
@Jérôme
Elles se dégradent pour tout le monde, à ce rythme on va finir par revivre Germinal.
[…] Tout au long de la journée j’ai reçu de nombreux messages de soutien de la part des manifestants après la casse de mon matériel lors de la manifestation précédente. […]
Bonjour,
ce genre de dérapage semble malheureusement de plus en plus fréquent dans les manifestations et pas uniquement en France. Il y a eu quelques cas similaires en Belgique.
Il est en tout cas difficile de comprendre / justifier ces comportements.
@Frédéric
Il n’y a pas de justification pour ces comportements et c’est bien triste que personne ne s’en émeuve dans les plus hautes sphères du pouvoir.
C’est vraiment dégueulasse comme comportement. J’imagine que « destruction par les forces de l’ordre » n’est pas couvert par ton assurance? 🙁
@elPadawan
Je reviendrai prochainement sur les assurances, leurs clauses d’exclusions et leurs couts qui finalement ne se justifient pas