Mercredi 7 janvier 2015 Charlie Hebdo était victime d’une attaque terroriste perpétrée par 2 frères. Le jeudi une policière était abattu dans la rue par un terroriste solitaire, le même qui tua vendredi 9 janvier 4 personnes lors d’une prise d’otages.

Durant 3 jours, les ignobles djihadistes ont attiré sur eux l’objectif des cameras en tout genre.

Pendant 3 jours les chaines de télévision françaises n’ont cessé de diffuser les rares images qu’elles avaient à disposition et parmi elles, la vidéo insoutenable de l’exécution de sang froid du policier Ahmed Merabet. les différentes interventions policières tout au long des 48H qui ont suivies et une fois que les identités des 3 terroristes furent connues tous les documents existants que ces odieux personnages avaient laissé derrière eux plus ou moins volontairement. Sur les réseaux sociaux avant que le slogan “Je Suis Charlie” ne fasse le buzz c’est une frénésie à l’image et à l’information, les rumeurs, parfois les plus folles circulent sans aucun contrôle.

Attentat, l'impact des images
Attentat, l’impact des images, la responsabilité de tous. (Couverture Charlie Hebdo dessin : Luz)

Une première vidéo choc

A ma connaissance la première vidéo disponible n’a pas été diffusée “brut” sur les chaines de télévision mais quelques images en ont été tirées avant que la séquence ne soit intégralement diffusée avec le policier au sol flouté mais avec une image aisément compréhensible pour tout le monde

Dans cette vidéo rapidement “censurée” d’internet on peut voir les 2 [sous merdes] terroristes s’avancer vers le policer à terre, l’un d’eux avance à petite foulée et tire sur le policier à terre. Les 2 terroristes avancent encore sur quelques mètres avant de rebrousser chemin et remonter dans leur voiture abandonnée au milieu de la rue. En montant dans la voiture l’un d’eux ramasse calmement une chaussure tombée de la voiture tandis que l’autre annonce qu’ils ont tué Charlie Hebdo. La vidéo est réalisée depuis une fenêtre ou un balcon par un témoin.

Cette vidéo tournera longtemps en boucle sur les chaines de télévision et notamment sur les chaines d’info en continue qui n’ont pas d’autres images, d’autres témoignages à montrer à l’antenne. Mais sur Internet c’est une version non flouté qui est publiée et republiée. Aucun avertissement n’est associé à la vidéo parfois même le titre est équivoque (“Ce que font ces personnes est inimaginable”) ou appel au partage etc.

Tout le monde peut tomber dessus sans faire attention, tout le monde peut aimer et partager la vidéo avec ses contacts sans en imaginer les conséquences que cela peut avoir sur les personnes voyant cette scène se dérouler.

L’auteur de la vidéo qui s’est excusé depuis reconnait avoir publié la vidéo comme on publierai une “photo de chat”. Ceux qui ont partagé cette vidéo étaient en quête soit d’un bénéfice financier grâce à des recettes publicitaires soit d’une augmentation d’abonnés à leur chaine youtube ou à leur page facebook.

Vidéo censurée car ne respectant pas les conditions d'utilisation de Youtube
Policier abattu par les frères Kouachi, vidéo censurée car ne respectant pas les conditions d’utilisation de Youtube

Indignation

Les réactions d’indignations étaient nombreuses face à la publication de cette vidéo et tous ceux qui participaient au buzz avaient des arguments en faveur de la diffusion la plus large de cette vidéo. Ainsi j’ai pu lire sous cette vidéo : “il faut montrer cette vidéo plutôt que de nier les actes” (!!)

Ces personnes n’ont jamais imaginé les conséquences et l’impact que cette vidéo pouvait avoir sur les personnes la visionnant, la tristesse, pour ne pas dire la colère que cela à pu provoquer et particulièrement chez la famille de ce policier héroïque. Je n’ose imaginer ce que les gosses ont pu penser de cette vidéo alors que pour beaucoup de parents, de professeurs et d’éducateurs il est si difficile de leur expliquer ce qu’il s’est passé à Charlie Hebdo et après.

Charlie Hebdo journal satirique, ne publie que de dessins pourtant on connait tous les conséquences de certains d’entre eux qui n’ont pas plu à des extrémistes, analphabètes de l’image. Ils n’ont pas supporté des dessins alors imaginons les conséquences de photos ou de vidéos montrant des exécutions et autres violences sur des personnes fragiles.

L’auteur de cette vidéo affirme l’avoir rapidement retiré de son compte facebook mais le mal était fait, la vidéo sauvegardée et republiée à de nombreuses reprises à fait le tour du monde avec l’aide de personnes qui n’ont pas réfléchi aux conséquence d’une telle vidéo.

Car cela ne provoque pas que de la douleur et de la tristesse, chez certaines personnes fragiles elle devient une arme, une arme indispensable au lavage de cerveaux des (futurs) djihadistes ou de ceux pour qui les amalgames sont indispensables pour vivre. Chez certains cette vidéo a attiser la haine, la haine du flic ou la haine de l’autre. Et il suffisait de lire les commentaire laissé sur youtube pour voir qu’il ne manquait pas grand chose à ce moment là à certains pour reproduire ce qu’ils venaient de voir sur leur écran.

Ces terroristes n’ont pas supporté les dessins publiés par Charlie Hebdo mais que doit on penser des vidéos ou photos d’exécutions et de massacres qu’ils diffusent ?

On peut se dire que ceux qui ont partagé cette vidéo n’avaient pas réfléchi aux conséquences d’une telle diffusion que certains ne pensaient pas mal faire. Personnellement je suis triste de voir que certains de mes contacts avec une certaine culture de l’image, des graphistes et des photographes ont contribué à la diffusion de cette vidéo abject. N’ont ils pas pour se prétendre photographe déjà réfléchis au poids des images, à leur message. C’est pourtant une lutte quotidienne, une réflexion indispensable avant toute publication d’une photo.

Ce qui fait la différence entre un photographe et un faux-tographe c’est (entre autre) cette capacité à réfléchir sur le message d’une image.

Amateur ou professionnel, tous responsables

Pour les journalistes ce devrait être la même chose mais force est de constater qu’en 72h certains ont pu parfois oublier de réfléchir avant de diffuser des informations, pouvant parfois mettre en danger les otages et les policiers. La première vidéo du policier abattu en pleine rue a été découverte en direct par les commentateurs, on ne sait ce qu’il s’est passé en coulisse ce qu’il a été dit dans les oreillettes de ces journalistes mais on peut imaginer que cette vidéo a été diffusée sans le recul nécessaire et indispensable à la diffusion d’une information.

Même si certains journalistes affirment qu’ils ne donnaient que des informations validées par les autorités on peut toujours avoir un doute.

Etrangement la vidéo de l’assaut des forces de police dans l’épicerie casher a moins tournée sur les réseaux sociaux. Pourtant on y voit clairement le terroriste se faire tirer dessus par les hommes de la BRI et du RAID. Transformé en passoire, il tombe sur le pas de la porte.

Ainsi le mercredi soir on assiste à une opération policière en direct. Le jeudi on nous propose de suivre avec de nombreux détails les policiers durant leur traque dans la campagne, dans la journée du vendredi on peut voir un journaliste caméra au poing se retrouver au milieu des colonnes d’assaut, ou un autre annoncer qu’une personne est cachée dans une chambre froide de l’épicerie Casher ou encore qu’une personne est elle aussi cachée dans l’imprimerie de Dammartin. A chaque fois c’est du sensationnalisme et chaque fois cela peut donner des indications précieuses aux terroristes.

Durant la journée de vendredi alors que les 3 terroristes étaient assiégés, les médias ont été invités à se déplacer car les Forces de Police et de Gendarmerie ne pouvaient évoluer dans de bonnes conditions dixit un expert en plateau. Quelques jours plus tard les responsables de l’information des chaines de télévisions reconnaissent que la police leur a demander de cesser d’utiliser certaines images pouvant perturber l’assaut de l’épicerie casher en donnant des informations sur le positionnement des forces de l’ordre au preneur d’otages.

Entre propagande et téléréalité

Ce ne sont pas seulement les revendications des terroristes qui sont portées à l’antenne c’est aussi le message des prédicateurs de la haine qui est sournoisement diffusé.

Les terroristes ont eu durant 72h une libre antenne pour exprimer par leurs gestes leurs convictions nauséabondes. Ils ont eu 72h d’abominable célébrité durant laquelle ils ont pu faire passer leur message, recruter de nouveaux terroristes en France et ailleurs.

Filmés durant 3 jours, diffusés en continu, les faits et gestes de ces crétins sanglants ont attiré de nombreux téléspectateurs, il ne faut alors plus s’étonner que certains les idolâtres telles des starlettes de téléréalité.

Le Président de NextradioTV (RMC, BFM Radio, BFM TV, Groupe 01) se félicite des audiences de BFMTV du 8/01/2015
Le Président de NextradioTV (RMC, BFM Radio, BFM TV, Groupe 01) se félicite des audiences de BFMTV du 8/01/2015 (tweet retiré)

La liberté d’expression sans limite est source de chaos

Dans cette course à l’audimat certains sont allés donner la parole à ces 3 raclures de chiottes via des interviews, des espèces de conférence de presse avec des réponses toutes préparées par les terroristes. Ces interviews n’ont été diffusées qu’une fois que les terroristes furent abattus mais cela ne change rien à leur message.

Dans la course au clic, dans la course à l’audimat il devient indispensable de réfléchir à titre personnel et collectif à ce qu’il faut et ne faut pas publier. Ce n’est pas dans le feu de l’action qu’il faut réfléchir c’est aussi après qu’il faut faire évoluer ses pratiques.

24 COMMENTAIRES

  1. J’ai laissé un ressenti chez Thomas qui m’indiquait ton billet.

    Il y a deux volets dans ton analyse:
    L’impact sur le public des images
    Leur impact sur le déroulement de l’événement.

    Je suis totalement en accord avec toi pour le second volet, irrité et même choqué par la nature des infos que j’ai pu entendre dans une action que j’ai comme beaucoup suivi sans discontinuité toute la nuit puis le lendemain. Je n’ai pu que me remettre à la place des fonctionnaires et des militaires qui voyaient leur mission compromise par quelques irresponsables qui confondaient ce drame avec un match de football ou une simple manif. Jusqu’à une élue qui dans l’émotion a mentionné la présence d’un employé à l’intérieur de l’imprimerie.
    Mais par contre pour ce qui est de l’impact sur le public je ne peux que te concéder la souffrance des familles, pour le reste les potentiels aventuriers du Djihad n’ont pas besoin de ces images pour se réjouir de ce qui s’est passé, ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on enrayera le Golem qui s’est levé parmi nous. Les sociétés organisées ont toujours tenté de contrôler le parole c’est en grande partie le rôle des tabous, le blasphème en est un. nos démocraties tentent maladroitement de les lever un par un hors on peut dire qu’elles viennent de subir un échec non pas tant par cet assassinat mais par la nature profonde des réaction qu’il provoque. Ma propre culture familiale fait que j’ai depuis longtemps conscience du malentendu qui règne entre l’idée que se font les occidentaux d’eux mêmes et la vision qu’en ont développé les populations qui, à tord ou à raison, se considèrent partie de l’Oumma. Cette fois si les simples gens ont vu et compris que ce qu’ils ressentaient au fond d’eux même au point de culpabiliser n’étaient pas si infondé.
    Pendant dix jours la parole c’est libérée même les plus inféodés au système se sont surpris à dire que le roi était nu. la parole ou l’image vont ensemble Déjà le système reprend ses marques et les plus émotifs ont repris leurs esprits et vont faire en sorte de détourner l’attention à nouveau avec des filtres de pensée. Est ce cela que tu souhaites ?

    • @cocagne
      La question n’est pas de masquer ou de modifier la réalité des faits. Non la question est de savoir quand et comment utiliser les ressources que l’on a disposition. Faut il les livrer bruts ou les transformer (sans transformer l’information). Ces ressources sont elles indispensables pour le grand public et comment seront elles perçues, utilisées et réutilisées.
      Il y a des nombreux niveaux de communications, de nombreux canaux, sont ils tous indispensables, personnellement je ne le crois pas. La radio par exemple se passe très bien de l’image cela ne transforme en rien l’information.

  2. Comme toi Je me demande régulièrement si le grand public est apte à lire les images qui sont à profusion disponibles. C’est une vrai question même si elle est assez prétentieuse. Mais nous sommes très involontairement mêlés aux préliminaires d’un combat de titans et si pour de bonnes raisons ou des raisons généreuses on décide de ne pas agresser nos concitoyens par des images trop violentes par crainte de les traumatiser dis toi bien que d’autre et pas toujours dans de bonnes intentions ne cesseront jamais d’utiliser l’image pour ce qu’elle est quand il s’agit de communication de masse c’est à dire un outil de propagande.
    Cela nous oblige donc à ne pas nous ménager et à ne pas ménager des gens qui se croient innocent de tout ce qui arrive mais ne le sont pas pour la simple raison qu’ils sont eux même les enjeux de ce combat gigantesque dont les images ne sont pas la cause mais le reflet.
    C’est vrai que la radio est sans aucun doute le meilleur vecteur d’information mais cela ne fonctionne qu’avec un public capable d’interpréter ce qu’il reçoit. Reste à L’image brute non falsifiée par les marchands d’être le moyen le plus simple de communiquer par delà les langues. Ce malheureux policier a été abattu mais sans l’image animée et surtout le son nous n’aurions pas su qu’il le fut parce que vu comme un traitre à l’islam et cela donne une toute autre dimension à leur forfait initial. La notion de blasphème a bon dos dans cette affaire et leur assassinat gratuit de ce malheureux le montre bien c’est une lutte de peuplement qui se prépare.. En cela il y a eu trop d’image ou pas assez d’information.

    C’est un peu la limite du point de vue de l’art narratif ou informatif de notre pratique photographique d’ailleurs de ne jamais donner un message clair. c’est aussi ce qui la rend plus autonome et distante de ce qu’elle représente, l’image fixe comme l’écrit laisse à l’esprit son autonomie à l’inverse de l’image animée.
    Est ce pour cela que cette dernière rencontre un succès aussi immense? Est elle le révélateur d’une énorme fainéantise intellectuelle de ce grand public qui ne doit pas être violenté ?

    • @cocagne
      Je n’avais pas vu l’image animée, la vidéo comme l’outil des fainéants, mais à la réflexion c’est tout de même un peu le cas, je la considère plus facilement comme aliénante, mais aliénante car les gens n’y sont pas préparé ou éduquer comme pour d’autres médias dont l’éducation est très parcellaire.
      Il n’y a que dans certains cursus que l’on étudie la vidéo, contrairement au texte ou à l’image qui doit l’être à tous les niveaux. Enfin cela est en train de changer car à la place de développer le sens critique, l’Education Nationale semble chercher aujourd’hui à développer les connaissances et ce sans l’avouer. (Le nombre d’auteurs à étudier en filière générale est trop important pour le nombre d’heures de philo programmées sur une année)

      Là où tu te trompes c’est en dissociant la violence des images qui sont diffusées car que ce soit sur un média classique ou sur internet via un réseau non “officiel” c’est toujours le même type d’individus qui tient l’arme. Que ce soit en Syrie ou en France ce sont des terroristes qui tiennent les kalachnikovs. Ils se mettent en scène et mettent en scène leurs actes. Et c’est en cela que je trouve dangereux de tout laisser passer sans recul car tout le monde n’a pas capacité à réfléchir sur ce qui est présenté. Le cameraman n’est qu’un outil dans la propagande des idées nauséabondes.

      Il y a des chaines et des moments bien spécifiques pour diffuser l’information brute comme le “No Comment” d’Euronews.

  3. Voir un type agitant une AK d’une main et une tête coupée de l’autre est toujours aussi traumatisant pour nos esprits européens bien policés et sans doute tout autant motivant pour ceux chez nous qui baignent dans la rancoeur et la vengeance. En filtrant les images on ne choque plus les premiers mais aussi on leur interdit de s’inquiéter du danger que les seconds représentent qui eux savent comment se gorger de tels spectacles. Les images sont toujours à finalité politique, En Orient les types ont plus des profils occidentaux. Il y a quelques années j’ai vu un feuilleton au Liban, très suivi, qui reprenait des pans entiers du protocole de Sion adapté au pays bien sur, Crois bien que la bas aussi on apprend à décrypter les images mais à d’autres fins.
    Mais c’est vrai que à un moment ces images deviennent obscènes car elles n’apportent plus l’information qui quand quoi etc ..

  4. Franchement, toutes ces analyses qui tourne sur la toile, je crois que tous a été dit ou presque, moi je ne vois que le résultat qui est un carnage, après les théories du 11 septembre, du complot, les médias, le lobby juif, l’acharnement contre l’islam ….
    Il y a un bien un truc sauf que c’est plus grand que moi

    • @celine
      Comprendre est compliqué car il y a une dimension que l’on ne maitrise pas toujours. Seuls les spécialistes peuvent réellement comprendre ce qui est en train de se passer. Et seul le temps permettra à tout le monde de comprendre, pour le moment c’est encore dans le présent, il faudra du recul et donc du temps pour que cela puisse s’expliquer.

      Au regard de ton commentaire je constate de quel coté penche la balance … tes propos ne sont pas neutres

  5. Nan mais en même temps, réfléchir, c’est compliqué…
    J’ai fait le choix conscient de ne pas chercher à voir les vidéos. La magie de l’expatriation m’a aussi permis d’avoir un peu de recul. Regarder une télé française en direct depuis l’étranger est tellement compliqué, je n’ai suivi l’affaire que via twitter ou les récapitulatifs quotidiens disponibles en replay pour certaines chaînes. Et j’en suis bien content.
    Mais je comprends, et partage ton indignation. Comme disait l’autre: “un grand pouvoir implique de grandes responsabilités”. À l’heure où le buzz est le Saint Graal journaleux, il est grand temps de remettre un peu de jugeotte dans nos médias…

  6. Oui, c’est à double tranchant, je dirais. L’éloignement permet le recul. On ne va pas avoir un “live direct breaking news 24h/24” sur la télé tchèque. Mais en même temps, grâce à l’éloignement, les mouvances extrêmistes peuvent plus facilement jouer à se réapproprier le sujet. C’est comme ça qu’on a pu avoir une manifestation “Anti-Islam” de quelques centaines de personnes, soi-disant “en hommage aux victimes”, organisées par un groupe du même genre que le pegida allemand… Les locaux n’auron forcément accès qu’aux informations une fois filtrées et distillées par leurs médias locaux.

    • @elpadawan
      En France aussi il y a eu des tentatives de manifestation “Anti-Islam”, dans certaines villes elles ont été interdites, dans d’autres elles se sont déroulées avec une poignée de personnes

    • @celine
      Merci d’avoir clarifié tes propos, je n’insinue rien je constate qu’à travers tes propos tu as une vision qui ne laisse aucun doute sur tes orientations, et montre que tu as une vision parcellaire ou arrangeante des événements qui se sont produits début janvier.

  7. Mon père est mort quand j’avais 4 ans. Si j’applique le raisonnement développé ici, j’aurais dû demander la suppression de fête des pères, parce que ça me filait le cafard tous les ans ?

    On vit dans un monde de manipulation médiatique d’un côté, et de complotisme de l’autre (avec des gens comme le réseau Voltaire et Thierry Meyssan, qui n’a pas manqué de nous donner son avis éclairé sur la question) : par conséquent, les témoignages de première main, les preuves, y compris les images et les vidéos, ça a une valeur historique.

    On peut faire la même remarque au sujet des photos sur les camps de concentrations. Oui c’est dégueu, oui ça peut faire remonter de mauvais souvenirs, mais il faut montrer cette horreur : elle est réelle, elle a existé, donc il faut la documenter. J’ai visité le mémorial de l’Holocauste, à Budapest, quand j’avais 15 ans, ça m’a marqué. Cacher cela sous prétexte que ce sont des images dures (ce qui est vrai), c’est jouer le jeu des révisionnistes.

    Que les gens l’interprètent mal, ou s’en servent pour justifier autre chose, c’est leur problème, leur responsabilité, et ça échappe à tout contrôle. On le sait que les masses sont stupides. La seule façon d’enrayer ce problème est d’enseigner les mathématiques et la philosophie depuis l’âge de 6 ans, afin de donner aux gens les outils intellectuels pour construire un raisonnement rationnel et repérer les biais. Mais je préfère des gens informés qui font une mauvaise lecture de l’info plutôt que des gens maintenus dans l’ignorance qui commencent à inventer tout et n’importe quoi.

    Après, que les chaînes de télé s’en servent pour faire leurs choux gras, j’ai envie de dire… faut que tout le monde mange… Le sensationnalisme est un moindre mal.

    Cet article réduit le problème d’une façon qui me paraît dangereuse.

    Tout le monde peut tomber dessus sans faire attention, tout le monde peut aimer et partager la vidéo avec ses contacts sans en imaginer les conséquences que cela peut avoir sur les personnes voyant cette scène se dérouler.

    Oui, voir des choses qu’on préférerait ne pas avoir vues, ça s’appelle être adulte. Les seules conséquences sont d’être obligé de voir la réalité en face, si on écarte les pleurnicheries qui sont détaillées ici. Si les images heurtent certains, et bien ils n’ont qu’à serrer les dents. Les ambulanciers, médecins, pompiers, policiers et militaires voient des horreurs quotidiennement dans le cadre de leurs fonctions, ils ne font pas tant de pathos…

    • @Arle Uein

      Je ne parle aucunement dans ce billet d’une quelconque fête ou célébration. Je ne comprends pas donc pas ce que viens faire le décès de ton père ici …

      Tu sembles oublier certains éléments, l’attaque de Charlie Hebdo s’est déroulée un mercredi, jour de sortie du journal dans les kiosques, jour de la conférence de rédaction réunissant une grande partie de l’équipe du journal, mais aussi jour des enfants. Il y avait donc devant leur télé des gosses qui ont pu voir sur les chaines d’informations ces tristes images sans avoir le recul et l’accompagnement nécessaire à leur compréhension. Il y a aussi eu des adultes (qui il faut le reconnaitre ne sont pas égaux en savoir, en connaissance) qui ont pu voir ces images. J’en veux pour preuve certaines réactions qui ont pu suivre lors minutes de silences. Décrypter une image s’apprend, malheureusement il faut avoir une solide culture pour comprendre le message d’une vidéo telle que celle dont je parle ici.

      Les réseaux sociaux avec leur système de partage de l’information ont fait tourner la vidéo, l’imposant à ces personnes vulnérables enfants et “adultes sensibles”. Nous n’étions alors pas dans le “tu as vu la vidéo” mais dans le “regarde cette vidéo” sans avertir le public du contenu de cette vidéo.

      Je ne nie pas que ces images ont une valeur historique au même titre que les images des camps de concentration je dit juste que le partage tel qu’il a été réalisé sur les réseaux sociaux et à la télévision n’étaient pas approprié que ceux qui ont ainsi partagé cette vidéo n’ont pas chercher à préserver les plus sensibles mais à faire le buzz en occultant les conséquences que pouvaient avoir cette vidéo.

      Aujourd’hui cette vidéo est toujours disponible sur internet aucun contexte ne l’accompagne elle sert de propagande… A des groupes de personnes au quotient intellectuel ridiculement bas, faut il accepter cela sans rien dire ? Faut il les laisser agir sans rien faire, sans dénoncer leurs actions qui visent à entrainer des personnes à l’équilibre aléatoire ? Nous ne sommes pas dans l’Histoire nous sommes dans la déformation du réel…

      Les choix professionnels de certains ne sont pas partagés par tout le monde, il faut savoir se montrer suffisamment mature pour vivre certaines situations, les pompiers les médecins et tous les secouristes ne sont jamais abandonnés face à ces situations, ils sont formés pour pouvoir surmonter ces situations, prendre le recul nécessaire face à de tels événements. Ces professionnels sont quand même bien loin du gamin ou de la personne sensible qui étaient seuls devant leur écran le 7 janvier.

    • Je ne parle aucunement dans ce billet d’une quelconque fête ou célébration. Je ne comprends pas donc pas ce que viens faire le décès de ton père ici …

      C’est la démonstration par l’absurde que censurer de façon générale pour éviter de heurter quelques personnes n’a pas de sens.

      Et, ne nous y trompons pas, ce que les enfants ont “devant leur télé” est la responsabilité des parents. Personnellement, je ne passais mes mercredi scotchés devant la télé. Aucun gamin ne devrait se retrouver tout seul devant un écran, là on est en train de détourner le débat.

      Décrypter une image s’apprend, certes, mais si tu n’as pas appris, c’est tant pis pour toi. Ce qui m’inquiète dans ton discours, c’est l’approche lénifiante, la volonté de ne surtout pas choquer, la victimisation du spectateur et l’absence de concept de responsabilité.

      On ne va pas materner des adultes ! Si des personnes au “QI extrêmement bas” interprètent les images de travers, c’est leur problème, et ça ne va pas changer grand chose à l’échelle de la société. À part peut être la teneur des conversations au café du Commerce. Du reste, si ces personnes sont sensibles à la propagande, il devient possible de les avoir par une contre-propagande.

      Les “plus sensibles” doivent apprendre à se préserver tous seuls, et naviguer sur internet ou regarder la télé de façon responsable. La vie est dure pour tout le monde…

    • @Arle Uein
      Si le débat est bien ici qui peut regarder et dans quelles conditions les images d’un crime qui est diffusé à la télévision.
      Penser que c’est la responsabilité des parents est d’une grande justesse malheureusement cela occulte que depuis plus de 30 ans la première baby-sitter se nomme télévision. Aujourd’hui et depuis 30 ans les gamins regardent la télévisions seuls. Ils sont rares ceux qui bénéficient ou ont bénéficié d’un accompagnement indispensable à la compréhension de ce qu’ils voient à l’écran, c’est encore plus vrai avec la multiplication des écrans et l’apparition du web.

      Dire “tant pis pour toi” dans le monde actuel montre tout le mépris que tu peux avoir pour ceux qui n’ont pas eu ta chance, celle de rencontrer des éducateurs capables de t’accompagner et de te faire découvrir le monde qui t’entoure.

      Il ne faut pas se cacher les yeux face à de telles événements mais est il indispensable d’imposer de manière frontale la violence d’un homme abattu de sang froid dans la rue ? Je ne pense pas que ce soit indispensable. Je ne pense pas que l’on doit en tant qu’internaute partager de manière aussi direct une telle vidéo. Au contraire réfléchir avant de diffuser une pareille image est la preuve d’une réelle responsabilité, de réfléchir avec qui on partage cette vidéo dans quelles circonstances etc. Mais ici la course au buzz a effacé cette notion de responsabilité.

      Penser que des personne au Qi très bas ou à la culture différente interprètent mal cette vidéo est une forme de responsabilité, surtout quand elle engendre de nouveaux monstres, de nouvelles vocations de terroristes.

      Il y a bien eu des campagnes de “contre propagande” mais celles ci n’ont pas eu un résultat très convaincant. Qui se souvient de cette campagne expliquant les conditions de vie des jihadistes. Pourtant il y a encore des candidat au départ preuve qu’elle n’a pas très bien fonctionné.

      Dans un monde ou se développe l’obscurantisme, la solidarité est une barrière contre de tels agissement et aider les “plus sensibles” permet d’éviter de nouveaux drames, la vie est dure pour tout le monde mais il n’est pas interdit de se serrer les coudes en pensant au collectif avant de penser au chacun pour soit.

  8. Ne croyez vous pas que depuis ce drame qui est déjà devenu une icône de l’histoire cette inquiétude concernant le ménagement des esprits encore tendres est dépassée?
    Nous sommes maintenant dans un contexte de guerre avérée même si notre situation sur ses lignes arrières nous donne encore l’illusion de ne pas être concernés. Ne pas avertir nos enfants de ce qui les entoure serait criminel, bien entendu il faut pour les plus indécis d’entre nous se faire aider par ce que notre culture a produit de plus beau, la tolérance éclairée par le libre arbitre. Bien entendu les images sont à double tranchant mais si nous sommes sûrs de nos valeurs alors pourquoi craindre les manipulations?

    • @Cocagne
      Bien sur que nous vivons un temps de trouble si ce n’est de Guerre et il faut informer tout le monde mais il convient d’y mettre les formes pour que ceci soit parfaitement compréhensible.

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