La CowParade est une exposition d’art de rue réputée dans le monde, elle s’est déroulée dans les plus grandes villes de tous les continents et débarque à Toulouse du 30 aout au 18 octobre 2012.
Les vaches sont décorées par des artistes locaux plus ou moins connus. Elles sont parrainées par des entreprises ou des organisations qui financent le cout de préparation de la vache, lors d’une soirée caritative les vaches seront mises en vente pour soutenir les associations partenaires de l’événement.
Après un week end exposées sur la place du Capitole, les vaches ont été dispersées dans le centre ville de Toulouse. On retrouvait donc des vaches des allées Jean Jaurès à la place Esquirol, mais certaines vaches ayant hélas été vandalisées l’organisateur a pris la décision de les regrouper dans le Jardin des plantes. Ainsi regroupées, les sculptures bovines sont moins sujettes aux dégradations en tous genres.
Les toulousains et les touristes observent ces vaches lors de déplacement, certains essayent de toutes les retrouver, d’autres tentent de comprendre la technique de l’artiste et n’hésitent pas à vérifier si c’est du papier mâché ou de la peinture qui est utilisé, enfin les plus jeunes peuvent s’approcher sans craintes de ces sculptures de vaches aux couleurs vives. Parfois on aperçoit un groupe d’enfants tentant de monter sur une de ces vaches en fibres de verre.
La CowParade connait ses détracteurs qui voient dans cette manifestation un support de communication pour les mécènes des vaches, ils envisagent d’organiser une « Dung Parade » afin de déposer des bouses en papier mâché décorées aux pieds de certaines vaches afin de protester contre le coté mercantile de l’opération.
Ils reprochent à l’organisateur (société Stan’art de Cédric Soulette) de garder une partie des sommes récoltées, mais aussi la manière dont l’appel à projet s’est organisé.
Mais il y a de nombreuses personnes favorables au déroulement de cette exposition, celles qui constatent que l’art peut sortir dans la rue, sortir des galeries d’arts, il y a aussi celles qui peuvent observer ces vaches décorées.
Cédric Soulette, ancien international de rugby est à l’origine de la CowParade à Toulouse, il explique dans les colonnes de La Dépêche qu’il a découvert le concept en 2000 à New-York avant de l’importer en France avec des coqs.
Pour en savoir plus sur la CowParade à Toulouse :
- CowParade Toulouse 2012 : ici
- Le site des CowParades : ici
- CowParade : au plus pré des tendances : Cultures Toulouse
Rigolo, en bourgogne on a pas mal de vaches décorées aussi, afin de célébrer la race charolaise on en trouve à tous les rond poinds etc…
@Patricia
Chaque région a son décors type pour rond point … mais il faut que cela s’exporte pour que tout le monde puisse en profiter
Bonjour,
Je me permet d’apporter une précision à votre article : La DUNG PARADE, si elle est effectivement une critique à la Cow Parade, une opération de communication d’entreprise camouflée en évènement culturel dans l’espace public, n’a jamais reproché à ses organisateurs « de garder une partie des sommes récoltées ». Le volet mercantile de l’opération n’est pas remis en cause, mais il est analysé. Si vous le désirez, je tiens à votre disposition un texte de présentation de la DUNG PARADE qui vous informera plus précisément sur notre démarche. Bien cordialement. Nicolas Gout, DUNG PARADE.
@Nicolas Gout
J’avais cru comprendre que la « Dung Parade » était un mouvement spontané n’appartenant à personne et qui servait de fourre tout aux frustrés de la « Cow Parade ».
Après lectures des objectifs originels de la « Dung Parade » et les commentaires de certains il apparait un décalage entre les revendications de cette « manifestation » et les objectifs de certains membres du groupe facebook.
Pour le texte n’hésitez pas à le copier ci dessous 😉
Bonjour,
Ce genre d’événement est assez particulier. Et il y en a de plus en plus.
Après sur les financements de ces vaches par le biais d’entreprise souhaitant valoriser leur image… bah c’est peut être malheureux mais c’est un peu logique. Je préfère ce genre d’événement qu’une vulgaire pub à la tv.
@fred
La publicité est ici moins intrusive qu’à la TV, elle se trouve aux pieds des vaches et il faut faire la démarche d’aller lire la plaque d’infos pour y être soumis.
La DUNG PARADE se conçoit dans un premier temps comme une blague potache puisqu’il est proposé aux internautes de venir déposer de fausses bouses décorées par des artistes sous les vaches de la Cow Parade (1)(2). Ces interventions ludiques et éphémères, dont le sens n’échappera à personne, étaient une manière de critiquer cet évènement en le pastichant, un parasitage symbolique, surtout un prétexte pour discuter.
Une page Facebook a été créée afin d’héberger ce débat, de recueillir impressions et réflexions de tous. (3)
Au-delà de la forme, notre but est de répondre à cette question : de quoi la Cow Parade est-elle le nom ?
Présenté comme une « opération intelligente de mécénat culturel qui permet de réunir le monde de l’entreprise et le monde de l’art en une grande fête populaire » (4), ce genre d’événement, en effet, nous questionne.
Il est aisé de disséquer les mécanismes mis en oeuvre pour convaincre les entreprises d’investir dans cette opération et les collectivités locales d’adopter et soutenir ce type d’évènements privés.
Du côté des entreprises, l’opération est intéressante (inespérée ?) puisqu’elles se voient proposer une visibilité au centre de la ville sur un support publicitaire original, doté d’un « fort capital de sympathie »: une vache.
Les organisateurs sont très clairs à ce sujet : « les parrains achètent un support de communication et une vitrine commerciale sur un temps donné ». L’entreprise n’achète plus un espace publicitaire, elle devient « parrain »d’une manifestation culturelle de grande envergure, elle prend part au développement artistique de sa région et peut jouer les bons samaritains en aidant quelques associations caritatives. Et en élevant l’objet publicitaire au rang d’oeuvre d’art, on ouvre grande les portes du mécénat, avec les exonérations fiscales inhérentes. On peut s’amuser du glissement sémantique qui les fait basculer de vulgaires sponsors à généreux mécènes.
Du côté de la mairie, l’opération présente un intérêt primaire : le produit est gratuit (hormis bien évidement la mise à disposition de moyens et d’espaces, mais ne cherchons pas la petit bête…) mais surtout il est livré clef en main ! On imagine du coup l’impact minime sur les services municipaux puisqu’on peut passer directement le bébé aux services techniques sans déranger le moindre adjoint à la culture (qui, nous le comprenons aisément est déjà fort occupé à négocier le cachet du prochain artiste qui voudra bien venir décorer ses bords de Garonne).
De plus, l’animation du centre ville plaira aux commerçants et les retombées sur le tourisme semblent prometteuses, du moins si l’on en croit les organisateurs : « Une augmentation de la fréquentation touristique et un impact positif sur leur notoriété et sur l’économie locale. Les habitants, les touristes, les mécènes, les sponsors et les commerçants sont toujours unanimes : Tout le monde est fou de cette exposition de Vaches bariolées ! ».
Le volet caritatif vient ficeler le tout, attirant et rassurant, il convaincra les plus récalcitrants de participer à la fête.
Quand aux artistes, on nous apprend qu’ils sont « motivés », c’est-à-dire trop heureux de pouvoir exposer leurs créations devant un public nombreux avec l’assurance d’un « cachet minimum ». (Nous pourrions analyser plus avant le rôle de l’artiste dans ce genre d’opération, mais c’est un autre sujet…)
Le projet, pardon, le produit, est donc bien conçu, l’offre bien markétée, et si certains pourront déplorer que cet évènement réponde « à des règles du monde économique et une dynamique de marché », les autres se réjouiront des réactions positives des badauds.
Cependant, deux ou trois bricoles ont retenu notre attention et parfois suscité des réactions épidermiques jusqu’à motiver la création de la DUNG PARADE :
La première est le concept d’ art pour tous ou de démocratisation de l’art. Aux dires mêmes des organisateurs, ce genre d’évènement est un « moyen d’arrêter d’intellectualiser l’art », de le sortir des « galeries où regarder et acheter un tableau est un luxe ». Nous sentons poindre ici quelques arguments de café du commerce toujours en vogue mais coupons court avant de nous fâcher et poursuivons notre analyse…
Les concepteurs de la Cow Parade pensent visiblement que l’art est trop compliqué pour les masses, puisque réservé à une « élite », qu’il faut donc proposer des choses simples, qu’au moins elles comprendront…
Nous, pensons que l’art, s’il est parfois difficile à appréhender, n’est en rien élitiste en soi. Prétendre le contraire, même à des fins de marketing, c’est faire preuve d’une totale ignorance du milieu de l’art dans notre ville.
Pire, c’est traiter avec le plus grand mépris celles et ceux qui travaillent tous les jours et toute l’année à établir des passerelles entre la création contemporaine et les publics.
Ils sont galeristes, directeurs artistiques, administratifs, dans des associations, dans des structures privées, ils sont aussi médiateurs culturels (car oui, la médiation, c’est un métier!)… Ils accueillent le public, les scolaires… et tissent avec eux les liens tenus qui relient le regardeur à l’oeuvre. Pour eux, la démocratisation de l’art se fait tous les jours, c’est un travail difficile, souvent ingrat, mais passionnant ! Eux proposent le meilleur, même si c’est compliqué, et mettent tout en oeuvre pour amener les publics vers des formes artistiques exigeantes.
Dans l’évènement qui nous intéresse, point de médiation, aucun travail avec le public. La manifestation n’a de publique que le nom, le projet y est abaissé pour toucher les masses, on y confond l’art avec l’animation de rue.
Ici, et c’est le deuxième point d’achoppement, l’art devient alibi, pire, un argument de vente :
On nous demande de « changer de vision » car « les institutions ne peuvent à elles seules soutenir la création artistique », et nous voyons bien le nouveau schéma qui nous est proposé.
Aux artistes donc le soin d’aller démarcher les entreprises privées, d’y trouver les moyens de leurs créations, en somme d’accepter de se placer dans une logique commerciale. L’argument n’est pas nouveau, les institutions nous l’ont depuis longtemps glissé dans l’oreille, merci ! Mais quels sont les besoins des entreprises ? Nous le voyons ici : trouver de nouveaux support de communications. L’art est-il compatible avec cette logique ? Nous pourrions trouver quelques partenariats intelligents entre artistes et entreprises mais leur rareté nous force à la prudence. Pour l’instant, le mariage s’avère la plupart du temps contre nature. La Cow Parade nous le prouve en ce moment, l’artiste y sert enfin à quelque chose, transformer le passant en prospect.
La Cow Parade, en soi, ne nous intéresse pas. Simplement, elle nous permet de nous demander en quoi elle est symptomatique d’une certaine orientation de nos politiques culturelles.
La mairie de Toulouse a choisi d’accueillir la parade des vaches bariolées (oui, ici l’artiste bariole), de participer à la communication de l’évènement et de mettre à sa disposition l’espace public. A l’heure où le réseau de l’art de la région a un genou à terre, on peut comprendre que ses acteurs puissent se chagriner de ce genre de soutien.
Ceux qui se battent au quotidien pour la pérennité de leurs structures n’apprécient pas de voir une politique culturelle glisser vers une culture de l’événementiel qui oubli leur expertise au profit de sociétés de communication autoproclamées «organisateurs d’évènement artistiques ». Ils attendent de leur mairie qu’elle fasse preuve a minima de pertinence, de concertation, d’intelligence… Qu’elle s’appui sur le réseaux des professionnels, et ne cède pas aux réseaux de copinage qui oeuvrent au détournement de lieux publics à des fins commerciales. Bref, qu’elle remplisse pleinement son rôle de service public.
(1) Voir le texte d’accroche parodiant la Cow Parade sur la page Facebook de la DUNG PARADE.
(2) L’idée des bouses était une accroche humoristique afin de dédramatiser un peu le débat, qui constitue à lui seul l’évènement DUNG PARADE. Chacun est libre de le prendre au pied de la lettre, de fabriquer et de déposer ses créations aux culs des vaches, mais ce n’est pas une obligation. En tous les cas, la DUNG PARADE n’organisera pas de dépôt de bouses. Certains artistes décorateurs de vaches (trois d’entre eux nous ont laissés des messages sur notre page) semblent énervés par notre initiative. Qu’ils comprennent enfin qu’ils ne sont notre cible.
(3) http://www.facebook.com/events/409380985774892/
(4) Les expressions entre parenthèses reprennent les dires des organisateurs de la Cow Parade. Ils sont issus de leurs textes de présentation, d’interview, d’articles et de mails qu’ils nous ont envoyé.
@Nicolas Gout
Je crois avoir deja lu ce texte ailleurs.
Il est dommage de ne pas clairement en citer les sources point 4.
Au delà de certains jugement de valeurs : « Le projet, pardon, le produit », » la parade des vaches bariolées (oui, ici l’artiste bariole) » je note que vous n’avez que survolé le projet de la cowparade il existe bien une forme de médiation si chère à vos yeux mais celle ci n’existe pas sous la forme que vous attendez c’est à dire une personne physique présente H24 (ou presque) comme on en trouve dans toutes les structures fermées.
Il y a une plaque avec un QR qui renvoie vers une page consacrée à la vache, il y a un site web et parfois avec un peu de chance on rencontre un artiste venu expliquer sa démarche. Il y a donc bien médiation entre l’œuvre et son public, faut il encore comme dans une structure fermée qu’il fasse la démarche d’accéder à l’information permettant une meilleure compréhension de l’œuvre ou de la démarche artistique.
Quand je vais au musée du Louvre je peux, si je le souhaite être accompagné par un guide (médiateur), ou seulement consommer de la peinture ou de la sculpture sans chercher à aller plus loin.
Sur les photos présentées ici vous pouvez constater que les plaques d’informations ne sont pas visibles, le support de publicité n’est donc pas plus visibles et parler de publicité est un bien grand mot quand celle ci est non intrusive voir invisible.
On sait tous qu’en periode de crise les restrictions budgétaires touchent en premier la culture, alors pourquoi ne pas soutenir des projets plus économes même si ils sont « sponsorisés ». La ville de Toulouse reste toutefois très dynamique d’un point de vue culturel en proposant de nombreux sites d’expositions, de nombreux événements culturels dans tous les domaines artistiques. Bien sur ces choix sont toujours discutables surtout quand ils touchent notre domaine mais est il nécessaire de râler au risque de paralyser un système et donc le développement d’expressions artistiques ?
pas de soucis avec celles-ci pour leur toucher les clochettes ^^
@Rincevent
effectivement elles ne sont pas farouches