Venus d’Angleterre, d’Écosse ou du Pays de Galles, d’Espagne, du Portugal ou de France, les reconstituants ont rejoué la bataille de Toulouse qui s’est déroulée il y a 200 ans, le 10 avril 1814.
Pour ce bicentenaire de la bataille de Toulouse, l’association du 10 avril 1814 a essayé de faire les choses en grand. Elle a invité de nombreux groupes de reconstituants à venir se souvenir de cette bataille inutile. Ils étaient un peu moins de 200 « acteurs » à participer à ce Week-End de souvenir. Dans la vraie vie, ils sont boulangers, secouristes, webdesigners ou professeurs d’Histoire, mais ils sont surtout passionnés par la période Napoléonienne. Certains fabriquent les uniformes, sculptent le cuir ou reproduisent des moulages en bronze d’autres étudient les documents sur cette période quand ils ne sont pas sur les champs de bataille, acteur des reconstitutions historique. Parfois pour une film, on fait appel à eux comme figurants voir comme acteurs.
Le samedi matin, les reconstituants ont participé à une cérémonie au pied de la Colonne (quartier Jolimont) avant de rejoindre leur bivouac à la Prairie de Filtres.
Dans l’après midi, ils ont rejoué la bataille du Pont Neuf, faisant découvrir le bivouac et les conditions de vie des troupes lors des guerres Napoléoniennes. Ils ont ensuite été reçus au Capitole entre la fin des échauffourées d’un groupuscule d’extrême droite et le départ du Carnaval (sic).
Le dimanche matin, ils ont traversé la ville, de la Prairie de Filtres au Capitole, marchant au pas, dans les rues encore désertes de la Ville Rose. Vers la place Esquirol, bon nombre de Toulousains a rejoint le cortège pour prendre celui-ci en photos. Place du Capitole, les chefs de chaque groupe se sont vu remettre une médaille du souvenir avant de tirer une salve sous les fenêtres de l’Hôtel de Ville. Les curieux étaient nombreux, attirés par le son de la Musique de Saint Lys, les reproductions d’uniformes et le bruit des armes.
10 avril 1814, la Bataille de Toulouse, une longue préparation pour une issue discutée
Les troupes Napoléoniennes, épuisées par la succession des batailles, reviennent de la guerre d’Espagne (1808-1813). Elles sont repoussées par la coalition anglo-hispano-portugaise menée par le Maréchal Duc de Wellington. Les troupes françaises (42 000 hommes) sous le commandement du tarnais, le Maréchal Soult arrivent à Toulouse le 24 mars 1814. Le Maréchal Soult espère recevoir le renfort des troupes qui reviennent d’Italie afin de protéger tout le sud ouest de la France. Les troupes françaises fortifient les entrées de la ville et dynamitent les ponts jugés inutiles ou indéfendables. Ils ont pris le temps de préparer leur défense en installant des redoutes (ancêtres de blockhaus) avec de nombreux canons sur la colline du Calvinet que l’on appelle aujourd’hui Jolimont. Au moment de la bataille, certaines redoutes ne seront pas achevées comme celle de la Sipière, près de Montaudran.
Les soldats des troupes françaises bloquent l’entrée de la ville dans le Faubourg Saint Cyprien pour interdire l’accès au Pont Neuf et aux Pont Jumeaux.
La pluie a fait gonfler la Garonne et les rivières qui entourent la ville sont, avec le Canal, des obstacles infranchissables malgré l’équipement dont dispose Wellington. Les autres ponts sont impraticables ou trop éloignés pour permettre à Wellington d’entrer dans Toulouse
Toulouse est encerclée par les troupes de Wellington (52 000 coalisés) qui hésitent avant de livrer bataille le dimanche de Pâques, le 10 avril 1814, alors que la météo est encore hivernale, dans le froid et la pluie que l’on connait parfois au printemps. Le premier assaut est donné au petit matin vers 6 h les combats ne cesseront que le soir vers 21 h.
Vers ce qui deviendra les Allées Charles de Fitte, les Anglais tentent de prendre le Pont Neuf aux Français qui ne se laissent pas faire.
Les écossais essaient de passer par les Ponts Jumeaux, mais 300 hommes et 5 canons français les repoussent vaillamment. Ils sont parfois même obligés de lancer des pavés, car leur fusils sont trop longs à recharger.
L’armée anglaise et les troupes espagnoles arrivent à contourner Toulouse par le Nord et peut traverser, vers Croix Daurade, l’Ers (l’Hers mort). Les Espagnols échouent à Lapujade et au pied de Jolimont. En longeant la rivière en crue par la rive gauche, dans une zone boueuse et parfois marécageuse, les troupes britanniques remontent vers la butte du Calvinet par ce qui est maintenant le quartier de la Cote Pavé, au château de l’Hers jusqu’à la colline de Jolimont. Soult envoie le général Taupin qui est tué à Jolimont, ce qui permet à Wellington d’occuper Jolimont.
Dans la nuit du 11 au 12 avril 1814, Soult utilise le canal pour conduire les blessés, son matériel et ses troupes vers Castelnaudary. Les blessés et une partie du matériel utilisent des bateaux lors de cette retraite. Les troupes françaises ont subi moins de perte que celles de la coalition qui n’ont pu entrer dans Toulouse. On compte 321 tués et 2369 blessés du côté de l’armée impériale tandis que du côté de la coalition anglo-hispano-portugaise, on compte 593 tués pour 4054 blessés. Les positions sont figées le lendemain (11 avril 1814).
Les anglais, qui comme au rugby, font les règles, parlent de victoire, mais la réalité montre que Soult et les troupes françaises sortent vainqueurs malgré une retraite. Wellington entre dans Toulouse le 12 avril 1814, acclamé par la population profondément anti-napoléonienne, mais seulement après le départ de Soult.
Napoléon s’est rendu aux anglais le 6 avril 1814, mais Soult n’apprendra l’abdication de l’Empereur Napoléon que le 17 avril.
La reconstitution de la bataille du Pont Neuf, les toulousains découvrent les batailles napoléoniennes.
Le samedi après midi, sur un espace trop petit, entre un parking et une aire de jeux pour enfants, les reconstituants rejouent la bataille du Pont Neuf où les français ont empêché les troupes britanniques durant la bataille de Toulouse d’entrer dans la ville de par le quartier de Saint Cyprien. Les Toulousains spectateurs de cette reconstitution ont pu observer les techniques militaires qui étaient alors employées, les troupes avançaient à l’époque en rangs serrés, portée par la musique, aidée parfois par l’alcool pour faire fuir la peur.
La Prairie des Filtres, plongée dans la fumée de la poudre noire des canons et des fusils, faisant disparaitre les spectateurs et tous les éléments anachroniques, il était alors possible de laisser son imagination vagabonder et avoir l’impression de vivre cette bataille. Parfois un reconstituant, se laissant tomber au sol, joue le blessé et c’est un médecin et une infirmière qui viennent lui porter secours.
Il n’y avait que 2 canons lors de cette démonstration, mais les spectateurs ont pu se rendre compte du bruit assourdissant qu’il régnait sur les champs de batailles de l’époque. Il ne manquait que les chevaux, mais cela se serait révélé trop couteux pour les organisateurs.
À la fin de la bataille, les reconstituants se saluent. Ce n’était qu’un « jeu » ayant pour but le souvenir et montrer à tous la barbarie de la guerre. Avant de retourner vers le bivouac où ils ont accueilli les toulousains, ceux-ci ont pu découvrir les conditions de vies des militaires sous le Premier Empire et l’histoire de la bataille de Toulouse.
La Bataille de Toulouse le 10 avril 1814 a façonné la ville
La bataille de Toulouse a façonné le quartier de Marengo-Jolimont, lui donnant de nombreux noms de rues (odonymes) faisant référence à la bataille du 10 avril 1814. La Colonne de Jolimont, obélisque construite en 1839, érigée pour se souvenir de cette bataille, est le symbole le plus visible, mais il est à noter que pour les toulousains, c’est un pan d’Histoire qu’ils ignorent très souvent.
J’ai eu la chance durant mes études d’avoir un Professeur d’Histoire qui a su me faire découvrir mon quartier et son Histoire. Mais de nombreux toulousains n’ont pas eu la chance d’apprendre ce qui s’était passé en ce dimanche de Pâques pluvieux, un 10 avril 1814 sur la colline du Calvinet appelée aujourd’hui Jolimont.
[…] Retrouvez les photos du bicentenaire de la Bataille de Toulouse : Commémoration du 10 avril 1814 […]
Impressionnant ce reportage, on s’y croirait réellement ! (Dommage qu’on n’ait pas le bruit et l’odeur 😉 ). Bravo !
Les photos avec les armes à feu en action sont particulièrement incroyables (ahh le charme des armes à poudre noire)
Sinon, je m’interroge ! Ils tirent « à blanc » ? Parce qu’une salve d’honneur sur le Capitole à balle réelle, ca doit être un peu osé quand même !
@Seb F.
Il n’y avait que de la poudre dans les fusils et les canons… Ca fait du bruit de la fumée parfois ça projette un peu de poudre (résidus de combustion) et du papier mais rien de plus. Le Capitole n’aurait pas supporté surtout ses fenêtres.
Je travaille actuellement pour coder l’odorama mais c’est un peu long 😉
Oh merci de ce partage, je ne connaissais pas cette bataille.
les habits d’époques étaient chouettes ils se battaient avec classe sous Napoléon.
@Pitch
C’était peut être « classe » mais je ne suis pas certain que soit toujours confortable … En plus ce n’est vraiment pas discret.
Les cours d’histoire en France ne peuvent pas relater tous les faits d’une période il faut faire de choix mais il est dommage de constater que l’étude de l’histoire locale ne soit pas possible ou si peu aborder.
Français et fiers de l’être 😉
PS: j’ai pas pu m’empêcher de rigoler sur certains soldat portant l’uniforme avec un physique assez décontracter pour un soldat 🙂 tu vois ce que je veux dire
@celine
Les reconstitutions sont aussi l’occasion de faire la fête 😉
Sur ce pan d’histoire il faut entendre nos amis britanniques parler de l’empereur Napoléon … le tyran …
Super article, très agréable à lire ! Tes photos rendent un bel hommage à cette journée. Tu avais un accès privilégié pour être ainsi « au cœur » de l’action lors des prises de vue ??
Merci pour ce partage en tout cas 😉
@Seb
Pas d’accès privilégier … mais le temps et la connaissance du terrain ont permis de faire ces photos. Le choix du matériel de départ a aussi son importance car on ne change pas d’optiques dans la poussière et la fumée…
Par contre j’avais le programme du WE et rien que ça pour faire les photos, ça change énormément de choses surtout quand le WE est aussi chargé que celui ci.
ah, finalement bien mieux que Wikipédia ce post avec en plus les images de soldats grandeur réelle; Je ne connais pas cette bataille napoléonnienne. Cela devait être sympa de voir cette reconstitution, le reportage nous fait regretter de ne pas avoir été là. Merci 😉
@Olivier Dessard
Malheureusement pour assister à la reconstitution de la bataille du 10 avril 1814, il fallait avoir l’information. Mais nous ne fumes pas très nombreux à la connaitre.
Impressionnant! Merci de nous relater l’histoire et ainsi que les nombreuses photos. Je suppose que c’est une reconstitution qui ne se fait que rarement… à quand la prochaine ?
@John Alright
Effectivement les reconstitutions n’ont pas lieu tous les ans à Toulouse. Mais il y a même d’autres batailles qui sont reconstituées plus régulièrement cela dépend des possibilités de associations organisatrices.
Pour cela il faut guetter les journaux et les forum spécialisés, une connaissance de l’histoire permet de mieux cibler les possibles événements qui ne sont pas toujours annoncés.
Comment peut-on qualifier de « bon » un événement qui fut un « pantalonnade » tout simplement.Pour le novice bien sur qu’il trouve ça « chouette ».Pas de com,(certaines personnes se demandaient quel était ce truc et si ça faisait partie du carnaval),un article sur la « dépéche » le lendemain quand tout est fini,des soldats qui arrivent en retard a la colonne alors que la cérémonie a débuté depuis un bon moment,batailette sur 40 m2,retour du défilé au milieu du carnaval,les repas a la charge du soldat etc,etc…Moi qui ai fait depuis 10 ans tous le bicentenaires a travers toute l’europe(et derniérement les « Adieux de Fontainebleau et l’exil à l’ile d’Elbe »)je sais de quoi je parle.Certes il y avait parmi tous les soldats de trés belles tenues,impécables,mais il y en avait aussi qui laissaient a désirer;ça n’a pas été a la dimension promise par les « élus » l’année derniére.Je suis dur mais c’est la vérité.Vive l’Empereur.
@yvon dit « le barde »
Ce ne fut pas parfait mais il y aura au moins eu un WE pour se souvenir et faire découvrir aux toulousains un bout de leur histoire.
Les politiques font des promesses et ce sont toujours les associations qui se tapent tout le travail, ce qui complique la chose car ce ne sont pas des professionnels de ce genre de manifestations qui se retrouvent à devoir coordonner de nombreux éléments.
Mais je comprends que ces points noirs qui ont jalonné le WE fassent râler car on sait que les prochaines années seuls les reconstituants locaux feront le déplacement pour une cérémonies au pied de la Colonne.
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