Droit à l’image, les raisons des refus

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Lorsque je réalise des photos, il arrive parfois que certaines personnes refusent d’apparaitre sur les photos invoquant le droit à l’image. Parfois, c’est une demande sans raison, mais certains ont réfléchi sur le sujet et il suffit de discuter quelques secondes pour comprendre les motivations qui poussent ces personnes à refuser d’être pris en photo.

C’est toujours triste de se voir ainsi refuser la prise d’une photo, mais certains arguments sont imparables quand d’autres sont plus farfelus.

Il y a ceux qui sont de grands utilisateurs des réseaux sociaux qui publient de nombreux selfies et ceux qui au contraire se font discret, presque invisibles sur le web qu’ils jugent hostile.

Avec ces personnes, qui sont parfois menaçantes, il devient chaque jour un peu plus difficile de réaliser une photo tant le droit à l’image devient contraignant pour les photographes.

Le droit à l'image les raisons de refuser une photo
Le droit à l’image les raisons de refuser une photo

Ci-dessous, découvrez les nombreuses excuses que j’ai pu entendre au moment de faire une photo ou parfois une fois que celle-ci a été publiée.

Je ne juge pas de la légitimité de ces demandes, pour ceux que ça intéresse je vous renvoie vers le livre de Joëlle Verbrugge

Les raisons personnelles et le droit à l’image

Les raisons peu avouables

J’ai rencontré cette raison une fois lors d’une manifestation, une personne vient à ma rencontre et m’explique qu’elle ne souhaite pas apparaitre sur mes photos. Elle ne souhaite pas laisser de traces sa présence lors de cette manifestation et pour cause cette personne est en “charmante compagnie” mais pas avec celle qui devrait être à ses côtés.

On retrouve une situation similaire dans le film Paparazzi, le personnage principal ne se trouve pas au bon endroit lors d’une photo.

La peur de l’usurpation d’identité

Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont un jour expliqué avoir peur que les photos les présentant servent à illustrer des faux profils notamment sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que j’ai découvert le fonctionnement des “brouteurs” arnaqueurs qui utilisent les photos d’autres personnes pour piéger des victimes dans de fausses relations amoureuses.

La volonté de ne pas être associé à une idée

Je n’ai jamais moi-même été confronté à cette situation. Mais j’ai eu l’occasion d’entendre la réaction de cette personne photographiée par le photographe d’une grande ville en lui expliquant qu’elle ne souhaitait pas apparaitre dans le journal d’une municipalité dont elle ne partageait pas la sensibilité politique.

L’article publié quelques mois plus tard présentait seulement les actions de l’association que le photographe municipal et moi-même étions venu photographier.

Je n’aime pas ma tête

C’est sans doute la raison qui pousse le plus de personnes à refuser de se faire photographier. Il y a ceux qui sont mal coiffés, mal habillés. Celles qui ne sont pas maquillées. Ceux qui n’acceptent pas leur physique et l’image qu’ils renvoient, mais qui réalisent tout de même un selfie avec un ami quelques secondes avant ou après que l’on ait échangé.

Les convictions et le droit à l’image

Longtemps certaines personnes ont pensé que la photographie volait des morceaux d’âmes, mais force est de constater que ces croyances ont la dent dure. Les photos ne sont pas des Horcruxe et nous ne sommes pas dans le monde de Harry Potter. Par deux fois des personnes sont venues m’expliquer qu’ils ne souhaitaient pas être pris en photo et que même floutées cela leur posait un problème.

L’un d’eux m’expliquait qu’il était en train d’établir son arbre généalogique et qu’il venait de découvrir qu’il était le lointain descendant d’une grande tribu d’amérindien qui croit aujourd’hui encore que la photographie vole les âmes.

Les raisons professionnelles et le droit à l’image

Pour la sécurité des personnes

Un jour un agent de police passe devant moi alors que je photographie un bâtiment. Il me regarde surpris et me demande de lui montrer mes photos, car il ne souhaite pas être pris en photo. N’ayant rien à lui cacher, je lui montre les photos sur ma carte mémoire, mais ne manque de lui demander pourquoi cela l’intéresse. Il m’explique alors qu’il préfère dans la mesure du possible ne pas apparaitre en photo pour ne pas prendre de risques dans sa vie de tous les jours. Les truands sont devenus tellement violents qu’il n’est pas toujours serein dans son quotidien et craint l’agression de certains qui auraient plaisir à casser un flic ou à faire du mal à son entourage.

Cependant, les photographes peuvent toujours photographier les forces de l’ordre.

Pour le secret

Lors du déplacement d’un ministre sur la Ville Rose, il y avait dans la foule des “gros bras” pour assurer une certaine sécurité. L’un d’eux m’interpelle alors que je fends la foule pour changer de place et me dit “nous sommes quatre dans la foule” en m’indiquant du doigt ses collègues, “on ne doit pas nous voir sur tes photos”.

Un de mes contacts m’expliquera plus tard que c’étaient probablement des membres des “services de sécurité”.

Pour cacher des choses

“Pas de photos de mon étal”, à croire qu’ils s’y cachent un secret, que comme le pense certains si je prends une photo je vole un bout de l’âme ou ici des produits présentés. En fait, la raison est ailleurs, les déclarations d’emploi n’ont pas toutes été réalisées. Nous sommes donc en présence de travailleurs non déclarés qu’il est préférable de cacher.

Pour ne pas être copié

Certains artistes ou créateurs ont peur de se faire voler leur concept. Ils interdisent alors toutes les prises de photo. L’un d’eux m’expliquait il y a peu qu’une personne présentait et vendait une installation avec des photos réalisées durant l’une des précédentes expositions de l’artiste. En plus d’une perte liée à une forme de concurrence, il a constaté plusieurs refus, son projet n’étant plus suffisamment original.

Les tentatives de censure

Ce sont des personnes qui ont tapissé le web de la photo dont ils demandent aujourd’hui le retrait. Sous le prétexte qu’ils ne peuvent faire ce qu’ils veulent d’une photo qui les représente, ils demandent la suppression de la photo en accompagnant leurs propos de lien vers Wikipédia traitant du droit à l’image.

Ce qu’ils oublient dans cette situation, c’est qu’ils ont eux-mêmes rediffusé la photo. Ces demandes ont toujours lieu après que j’eus fait la demande à cette personne qui contrefait une photo de les retirer ou après une déclaration DMCA.

Pour en savoir plus sur le droit à l’image je vous recommande la lecture du livre de l’Avocate Joelle Verbrugge “Droit à l’image et droit de faire des images

Déjà confronté à ce genre de demande ? N’hésite pas à nous en faire part dans les commentaires ci-dessous.

23 COMMENTAIRES

  1. Excellent, le type en galante compagnie, sauf que ce n’est pas sa femme !! Ca me rappelle un peu le film Paparazzi 😉
    Je ne fais pas de photo de rue, donc je ne suis pas trop confronté à ce problème (sauf une fois au Vietnam où je suis tombé sur le seul vietnamien du pays qui n’aimait pas être photographié 🙂 )

    Ton article me fait justement penser que je vais faire qq photos prochainement lors d’une convention geek avec pas mal de gens “déguisés” : faut-il que je me trimballe avec une liasse d’autorisations à faire signer si je veux ensuite les publier sur mon site ?? Ca devient lourd :-/

    • @celine
      C’est une histoire que j’avais déjà entendu par le passé. Sur le moment son argument m’a surpris mais plus par rapport au contexte que par rapport à l’histoire en elle même

  2. Je suis arrivé un peu par hasard sur ton site et le titre de ton post m’a inspiré.

    En le lisant je me suis rendu compte que je faisais parti de ces personnes, mais te lisant et en y réfléchissant je n’arrive pas à trouver une vrai raison pour ne pas apparaître sur des photos.
    La prochaine je repenserai à toi et ton post pour ne refuser 🙂

    Comme quoi …

  3. Au japon, les gens acceptent volontiers de se faire photographier. Il suffit de leur demander et ils vous affichent en plus leur meilleur sourire. J’ai rencontré de nombreux touristes (Taïwan; HongKong ; Tapeï …)qui aiment à revêtir un habit traditionnel japonais et qui déambulent dans les rues. Alors là c’est encore plus aisé, ils acceptent à la simple demande de leur montrer votre appareil photo et en plus ils vous proposent de vous joindre à eux pour la photo “du siècle”. Evidemment il arrive que certains japonais refusent et là, il faut respecter.

    • @Louis-Jean Gallier
      Suivant les pays le rapport à la photo est différent. C’est culturel, parfois cultuel et pour le photographe il est indispensable de se renseigner avant de partir l’appareil en bandoulière.

  4. Je vais prendre le risque de vous dire ce que je pense de ces personnes. Ceci n’engage que moi et “ces personnes”, je ne les connais pas. En tant que photographe ou vidéaste, c’est très ennuyeux (retrait, grimaces, majeur, au moment du shoot …). La prise est forcément ratée et les autres (autour) ne méritaient pas en plus d’entendre on en refait une, encore une, etc. (même chose sure la vidéo). J’appelle ça tu gâchis artistique. Ca me fait râler vraiment … pour qui se prennent ces personnes (une fois, deux fois, je rigole avec, puis je me raidis, le temps est passé et la vue est perdue. Ces gens sont généralement des “malades légers” qui se croient plus beau qu’il ne sont et ils ne s’imaginent même pas comment “tout le monde s’en fout” !
    Je déteste ces gens, ce sont en général des orgueilleux ou des prétentieux, vde retro satanas …. Merci

    • @LEZIN
      Hélas il faut parfois réussir à faire avec… ou pouvoir recommencer.
      Il y a dans le lot de ces gens qui font les cons, des personnes mal à l’aise face à l’objectif et ceux qui ne savent pas se laisser prendre en photo.

  5. Bonjour,
    J’ai bien sur déjà été confronté à ce genre de refus, principalement concernant le droit à l’image, dont on se rend compte, en discutant un peu avec ces personnes, qu’elles n’en ont qu’une très vague connaissance, et qu’elle se résume souvent à “interdiction de photographier. Par aileurs on se rend colpte que très peu ” d’affaires” vont jusqu’au bout d’une a ction en justice, et quand c’est le cas, les plaignants semblent plus attachés au droit ” à toucher desndemnités” qu’au véritable droit à l’image. Mais il y a aussi de bien belles rencontres, et beaucoup de personnes acceptent volontier d’être prises en photo.

    • @Giussard Francis
      C’est vrai que certains ne voient que l’argent. Les médias et notamment les pratiques de certains torchons people laissent penser qu’il y a du fric à se faire sur le dos des photographes … Malheureusement ce n’est pas le cas

  6. L’artiste qui a défiguré le vieux bâtiment du Louvre avec une pyramide en verre, a demandé à Wikipédia de retirer la photo qui illustre un article pour protéger ses droits d’auteurs. Wikipédia ne peut pourtant pas être soupçonné de faire du fric sur le dos des autres ! contrairement à cet ‘artiste’ qui impose son ‘oeuvre’ a tous et souhaiterais recevoir des royalties de tous ceux qui la regardent, avec admiration ou pas, ils n’ont pas le choix. C’est presque de la vente forcé.

    • @Samailloute

      Ieoh Ming Pei est l’architecte à l’origine de la Pyramide du Louvre. Il est désigné en 1983 pour réaliser le projet du Président de la République. Il n’impose donc pas mais ce sont les politiciens qui ont décidé d’imposer.

      C’est vrai qu’interdire à Wikipédia d’utiliser une photos de la Pyramide du Louvre semble excessif. Toutefois lorsque l’on voit le nombre de publications illustrées avec des photos de Wikipédia on peut s’interroger. Et par la suite comprendre que certains artistes refusent de voir leur œuvre ainsi mise à disposition. Le droit d’auteur est valable pour tout le monde, même pour les architectes. C’est pas toujours simple à comprendre et encore moins quand il s’agit de bâtiment public mais c’est la loi. Cette loi protège les sculpteurs, les peintres et même les photographes.

      Après vérification il y a sur la Page Wikipédia de la Pyramide du Louvre des photos de celle ci lors de sa construction et à la nuit tombante… La législation permet ce genre de photo. Voir la notice de la photo

  7. Très difficile presque impossible de capter dans ce contexte un moment magique où l’instant décisif pour ne pas citer Cartier Bresson ! quand une personne sur dix vous impose de supprimer la photo volée voir même casser votre appareil ! perte de temps et d’énergie ! j’ai décidé d”être radical et de ne plus répondre ! l’art et la création sont plus importants que des considération juridiques comprises de travers, sans mépris envers le sujet qui mérite toute notre sensibilité, laissez nous créer librement, quitte à vous retrouver caricaturer il en va de la liberté de création qui ne devrait connaître aucune censure. c’est mon manifeste !

  8. Bonjour, j’ai lu avec intérêt vos messages et j’ai eu envie de vous apporter l’avis d’une personne qui n’aime pas être prise en photo. Bien avant les appareils numériques, les réseaux et les selfies, je n’aimais pas être pris en photo. Non je ne suis pas prétentieux, ni malade léger ( joliment dit), ni intéressé par l’argent et je ne prétends parler au nom des autres concernant leur refus. Pour moi être pris en photo c’est un peu comme une atteinte à mon intégrité physique, surtout si cela est fait sans mon accord. Pas de commentaire sur les personnes qui prennent en photo tout et n’importe quoi, alors à tous les photographes, faîtes juste preuve d’un peu de psychologie et respecter les choix et la liberté des autres. W. Luc

    • @W.Luc
      Faites vous une différence entre le photographe qui vous tire le portrait et celui qui capte votre image par inadvertance parce que vous entrez dans le cadre ?
      Chez moi il y a une différence et tous les cas cité ci dessus allaient dans ce sens…

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